Chapitre 6 - #17

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Road n'en dit pas davantage et se contenta de le serrer contre elle. Dante ne savait que faire et, machinalement, la prit contre lui sans même comprendre un traître mot de ce qui venait d'être dit. Il ne pensait pas être un homme providentiel et elle était bien trop intelligente pour attendre un messie quelconque. Alors que signifiaient ces mots ? Peau à peau, il partagea quelques fugaces émotions qui traversaient la jeune femme tels des éclairs dans une nuit d'orage. Appréhension, désir, peur et bien-être se mêlaient dans un puissant maëlstrom qu'il pouvait ressentir. Lorsqu'ils se délièrent, il ne put s'empêcher d'en demander plus.

- Je ne comprends pas... de quoi veux-tu parler ? Dante exprima son trouble de son mieux, tentant de lui donner un aspect plus concret via le timbre de sa voix et elle parut réceptive.

- C'est compliqué... j'ignore comment l'expliquer. Je ne pourrai pas dire que je t'attendais toi, personnellement. C'est plus tordu que ça. Road était visiblement perdue, elle passa une main dans ses cheveux, perplexe. Ne crois pas que tu ne comptes pas... c'est spécial...

- Pourquoi as-tu l'air plus perdue que moi ?

- Parce que je le suis... depuis que tu es arrivé au Centre, il y a quelque chose d'étrange qui se passe avec mes perceptions, avec mes dons, avec mon instinct. Je suis irrémédiablement amenée à penser à toi, à me trouver attirée. Elle grogna et frappa le mur d'un revers du poing. On dirait une gamine lorsque j'en parle mais ce n'est pas ce que tu crois ... c'est lié au venom. Il y a quelque chose avec toi qui est différent. C'est comme si mes pouvoirs étaient titillés en ta présence... je n'en ai pas parlé à Kain il pourrait peut-être m'aidé...

Dante demeura muet, la chose l'intriguait et le touchait à la fois. Certes, il ne s'agissait pas d'une belle histoire d'amour romancée comme on en trouve dans certains contes pour enfant et bien entendu, tout cela était encore dû à d'étranges machinations lié au poison qui infectait leurs veines. Mais la simple pensée de pouvoir être utile à quelqu'un le réconfortait et il éprouvait peu à peu une profonde compassion ainsi qu'un attachement certain à cette Road dont il s'était méfié pendant un bon moment. Il ne trouva rien de mieux à faire que de lui attraper l'épaule et de lui sourire.

- Je ne me fais aucune illusion et je n'attends rien. C'est un mystère et s'il faut le résoudre, tu peux compter sur moi.

Road le fixa un temps le poing toujours vissé au mur. Elle finit par abaisser la tête et fut pris d'un rire nerveux, de son autre main elle vint se toucher le visage. Dante la regarda et ne sut trop quoi en penser. Ainsi placée, elle riait telle une démente et il émana soudain de sa personne quelque chose de terriblement sombre... qui s'estompa aussi rapidement qu'il était apparu. Elle se redressa, replaça une mèche et hocha la tête.

- Ce genre de propositions... ce genre d'empathie... n'existe pas chez les Spectres. Je suis touchée que tu souhaites m'aider. Vraiment.

- N'est-ce pas propre à chaque être humain d'aider son prochain ?

- Sans doute... te considères-tu toujours comme un être humain ? L'interrogea-t-elle le plus sérieusement du monde, il eut un moment de doute.

- Je crois, oui... je ne sais plus. Dante jeta un oeil distrait dans le couloir et n'y vit rien, il tentait davantage d'échapper au regard que sa camarade qu'autre chose. Parfois je m'interroge.

- Être un Spectre, c'est renoncer à l'humanité pour mieux la défendre. C'est abandonner tout ce qui nous lie à notre ancienne vie pour permettre à d'autres de la vivre. C'est laisser de côté les faiblesses d'une existence mortelle afin que ceux qui désirent se morfondre puissent le faire confortablement. C'est un sacrifice permanent.

Hellions : partie 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant