Hellions : partie 2

Chapitre 8 - #6

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Des gargouillements se firent entendre lorsqu'Amélia eut posée la main sur la paroi muqueuse de la caverne. Incapable de prendre le temps de s'intéresser au sort de sa camarade, Seth pointa son arme devant eux pour s'apercevoir que des points jaunâtres apparaissaient au loin. Ses yeux optimisés repérèrent les mouvements avant de voir les formes. N'écoutant que son seul désir de survivre, il amorça les salves. Les missiles rouges fusèrent avec une précision mortelle, illuminant légèrement les monstres à l'impact. Plus petit que leurs compères orangés, les petits skryns dorés étaient des sortes d'ouvriers à en croire les rapports qu'il avait pu lire. Moins taillés pour le combat mais plus vifs, ils n'avaient encore été que rarement combattu. A en juger par les plaintes qu'ils poussaient, ils se révélaient également faciles à tuer.

Il se livra ainsi à un massacre en règle sans même apercevoir plus que l'ombre de ses ennemis, ceux-ci miaulaient presque de détresse sans être en mesure d'approcher. Avec une satisfaction quasi-frénétique, une sensation de puissance digne d'un livre fantastique et une incroyable confiance en lui, il s'occupa de tuer ces êtres malingres et ingrats. L'exécution dura à peine plus d'une dizaine de secondes et quand le dernier d'entre eux eut cessé de gargouiller, il se tourna pour observer Amélia. A cet instant précis, dans un hurlement de détresse, celle-ci retira sa main énergiquement du mucus et chuta en arrière. Il se précipita ainsi à son secours et la rattrapa avant qu'elle ne touche terre. Posant un genou au sol, il attendit qu'elle reprenne ses esprits pour la questionner.

- Amélia ?

- Je suis revenue ? Dis-moi que je suis revenue ? Demanda-t-elle, presque implorante.

- Revenue ? Si tu parles de la foutue grotte dans laquelle nous sommes piégés... Il leva son autre bras et tira une salve pour abattre un autre skryn. Alors oui, tu es revenue. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Je n'en suis pas certaine, elle posa une main sur son crâne comme l'aurait fait une migraineuse, je crois que j'ai été absorbé dans une sorte de cacophonie mentale. C'était très perturbant...

- Conclusion : les résonnants peuvent entendre des choses dans cet amas noirâtre immonde, parfait. Il pouffa à demi, cynique. Dis-moi que tu as de bonnes nouvelles à me donner ? Je ne cracherai pas sur un plan.

- Je ne suis pas certaine de ce que j'ai entendu ou vue mais je crois que j'ai eu accès, brièvement, au plan de la zone. Ils tapissent toutes leurs grottes du même mucus, donc je peux nous guider. Elle prit le temps d'une inspiration puis se releva. Esath ne s'est pas encore remise mais je peux décrypter ça toute seule.

Seth inspecta sa partenaire d'un oeil circonspect, qu'elle parvienne à se tirer d'une telle expérience l'impressionnait mais il demeurait méfiant quant aux conséquences à plus long terme de cette imprudence. Il la vit dégainer ses lames courtes et sautiller comme pour s'échauffer avant de s'entraîner.

- Ca ne va pas ? L'interrogea-t-il de nouveau.

- Je me sens engourdie, un peu comme si une décharge électrique avait parcouru mon corps. C'est difficile à expliquer.

- Tu peux combattre ? Il y a des skryns ouvriers qui nous arrivent dessus à un rythme croissant. Je vais avoir besoin d'être sûr que je peux avancer sans que tu tombes à terre.

- Je t'ai habitué à un être un petit être fragile ?

- Pas spécialement, non.

- Alors on y va !

Sur cette conclusion, ils débutèrent une course effrénée à travers la grotte. Seth, en première ligne, abattait à distance tout ce qui s'apparentait de près ou de loin à un mouvement skryn. Amélia de son côté s'efforçait vraisemblablement d'ordonner ses pensées mais demeurait alerte, ses lames prêtes. Elle faillit être emportée lorsque, bondissant depuis leur arrière, un monstre jaunâtre tenta de l'agripper. Elle pivota efficacement, lui trancha la gorge dans un mouvement ample puis sauta son cadavre pour reprendre son avancée. La voir en bonne forme rassurait Seth qui se contentait d'ouvrir la marche avec une véhémence redoublée.

A mesure qu'ils s'enfonçaient dans les profondeurs, le tunnel s'élargissait à vu d'œil. Bientôt, ils arrivèrent à une sorte croisement où un skryn orangé se tenait en boule. Entendant leur approche, celui-ci se releva avec vivacité et ouvrit son énorme gueule hérissée de crocs en hurlant avec férocité. La puissance de son beuglement vit presque trembler la fragile structure. Cela ne désarma pas Seth qui posa un genou à terre et tira à de multiples reprises. Les appendices dorsaux du monstre furent bientôt élagués avec précision tandis que celui-ci bondissait dans leur direction.

Débarrassée du handicap que représentaient les appendices, Amélia se rua vers la créature avec une témérité que Seth ne lui connaissait pas. Elle se laissa tomber au sol volontairement pour esquiver un coup de patte, se servant de sa célérité pour passer en dessous du monstre. Elle ficha sa première lame dans sa gorge et, tout en se relevant, planta la seconde en haut de son crâne. Un mouvement hasardeux du skryn l'empêcha cependant d'achever la bête correctement et la jeune femme fut jetée en arrière. Sa première épée était restée plantée à l'emplacement où l'on aurait attendu une jugulaire pour autant, la bête restait en partie capable de se défendre sans doute grâce à ses facultés de régénérations.

Seth tenta de nouveaux tirs mais l'ennemi lui présenta son flanc plutôt que sa gueule, les impacts touchèrent la cible sans lui infliger de dégâts décisifs. Amélia se reconcentra et attendit que la gueule béante s'abatte dans sa direction pour piquer de côté. D'une main, elle attrapa l'arme restée plantée et exécuta un mouvement sec vers le bas pour ouvrir la chair noirâtre. Elle bondit ensuite et mit à mort la bête avec violence, ses lames allant se visser dans le crâne de la créature. Celle-ci émit quelques glapissements et gargouillements avant de s'écrouler, rendant son dernier soupire.

- Je ne te savais pas si prompte à l'exécution, ni aussi téméraire. Pointa Seth en replaçant son fusil dans son dos et en approchant. Tu m'avais l'air plus à l'aise que d'habitude, plus rapide.

- C'est possible, je ne sais pas. Se contenta de répondre Amélia.

Ils approchèrent du fond de la pièce pour découvrir deux passages. Celui de gauche représentait un véritable abysse, un creux tombant toujours plus loin dans les profondeurs. La chute serait incontrôlée au vue de l'angle et de la profondeur relative que l'on devinait à la courbure du mucus. Celui de droite se présentait sous la forme d'un escalier étroit qu'il faudrait emprunter, un à la fois, tant il était exiguë.

- Nous devons retourner vers la surface, prenons par là. Amorça Seth en pointant les marches du doigt.

- C'est un trompe l'oeil, il faut descendre dans le puit. Rétorqua-t-elle.

- Descendre plus bas dans la ruche alors que nous sommes déjà prisonniers ? Peut-être qu'au bout de cette chute nous attend un bataillon de skryns. Je ne compte pas mourir dans d'atroces souffrances et pas ici.

- On nous laisse un choix, Seth. Elle insista. Tu crois vraiment qu'ils nous laisseraient un choix s'il était évident ? En aucun cas. En partant du principe que ce tunnel est artificiel et nous conduit dans un piège, il faut descendre. Je... je crois que je l'ai vu. Ne me demande pas comment c'est possible, je te dis que nous devons rejoindre les autres en empruntant cette voie.

- Qu'est-ce qui nous prouve que ce que tu as vu est vrai ?

Un craquement sourd lui répondit et ils se tournèrent. Le mucus à leur arrière avait accéléré sa vitesse de fusion et le bouchon qui les avait suivi passivement jusqu'ici menaçait de les engouffrer dans les prochaines secondes. Les protubérances muqueuses formant les murs s'agglutinaient à un rythme frénétique produisant des sons infâmes et abjects. Ce genre de bruits que ne formulent que les insectes ou les plaies purulentes.

- Merde ! Se permit de jurer Seth, revenant à Amélia.

- Fais-moi confiance !

D'un mouvement sévère, elle l'empoigna pour le tirer avec elle. Ensemble, ils chutèrent dans le puit de gauche alors que le mucus compressait la salle où ils se trouvaient une demi-seconde plus tôt...