Le regard de Ren s'était durci lorsqu'il avait entendu les mots assassins et déterminés de la jeune femme. Ceux-ci lui arrachèrent une mimique des plus colériques, il ne manqua pas de montrer ostensiblement sa désapprobation et balayant l'air d'un geste de la main très théâtral. C'est d'une voix pour le moins obstiné et vindicative qu'il répondit à l'impétueuse jeune femme qui, semble-t-il, avait sans doute réalisée la provocation de trop.
- Tu es inconsciente, au sens propre du terme ! Tonnât-il avec fermeté. Tu es bien incapable de comprendre les enjeux auxquels tu t'exposes et cette attitude ne te mènera nul part sinon vers une voie dont tu mesures à peine les conséquences !
- Tu vas encore essayé de me materner, Ren ? Tu me prends pour quoi ? Une femme fragile ? Pour une petite chose ? Elle grinça des dents, les pensées mortelles et les pulsions d'Esath l'emplissaient en un doux cocktail de pensées et d'émotions enivrantes. Depuis que tu m'as croisé dans cet amphithéâtre j'ai la sensation que tu ne me lâches pas... Pourtant tu n'as jamais été aussi réservé que sur ce sujet. Les Spectres, le Corbeau. Tout ça, j'en ai assez.
Le roux serrait tant les poings qu'il s'en faisait mal, ses dents grinçaient tandis qu'il contemplait le visage peu à peu modifiée d'Amélia. Celui-ci, doux et bienveillant, prenait des traits qu'il ne lui connaissait pas. Elle n'avait jamais manifesté une véritable rancœur, une véritable haine profonde. C'était, en un sens, toute la beauté qui la caractérisait. Elle était loin d'être mauvaise même en cet instant mais les perspectives que son schéma de pensée ouvrait n'étaient pas bien brillantes. Il s'était promis d'empêcher qu'elle ne tombe dans des travers qu'il ne connaissait que trop bien.
- Amélia. L'attaque sur tes amis, la mort des Fantômes, le Corbeau. Ce sont autant d'éléments qui forment un tout complexe dans lequel tu es en train de te noyer. Si tu agis de façon inconsidérée tu vas tomber dans un abysse dont tu ne reviendras pas.
- Quand bien même. Tu nous crois si fragile ? Rétorqua-t-elle, toujours plus sûre de ses positions.
"Nous". Ce mot était porteur de sens et Ren ne savait que trop bien ce qu'il révélait. Elle n'était pas seule à gouverner ses émotions et son esprit, elles étaient deux. La symbiose des résonnants n'avait rien à voir avec celle des hellions normaux. Il avait assez lu les théories de Kain et assez bourlingué avec le Corbeau pour comprendre dans quel méandre la jeune fille se trouvait. Pour autant, en cinq années à servir les Spectres, il n'avait jamais observé de pareils changements de personnalité chez son capitaine. Pourquoi ? Il ne s'arrêta pas sur cette question.
Les pensées d'Amélia se complaisaient entre la rage, la passion et l'orgueil. Les sentiments d'Esath mêlés au doux parfum d'une rébellion attendue envahissaient peu à peu sa conscience la plus primitive. Il y avait bien trop d'inconnues dans cette équation qu'était le Centre, les attaques des deux cités et l'Armée. Seule une minorité de gens seraient capables de répondre à ses questions et détenaient les réponses qu'elle cherchait tant. Elle voulait les forcer à parler. Elle le ferait. Du moins, c'est ce que la voix d'Esath lui murmurait. Elle aurait volontiers combattu ses penchants guerriers mais après tout... en avait-elle vraiment envie ? Qu'il était bon de se sentir puissante.
- Au contraire, commença Ren sur un ton de voix plus posé, je pense que tu es l'une des personnes les plus résilientes et résistante que je connaisse. Je n'ai pas la prétention de comprendre Esath mais toi, je t'ai vu grandir à mesure que les épreuves te fauchaient ce que tu aimais le plus.
Les mots qu'il employa la touchèrent alors. Une partie de ses valeurs morales commencèrent à contrebalancer les instincts vindicatifs de la skryn qui grondait au fond de son crâne.
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Hellions : partie 2
Ciencia FicciónDisclaimer : ceci est la seconde partie de Hellions ! Si vous n'avez pas lu la première, rendez-vous ici : https://w.tt/37JvCUS Un monde hostile. Un quotidien brisé. Une jeune fille blessée. Une tragédie. Amélia et ses pairs ont traversé l'horreur d...