Hellions : partie 2

Chapitre 6 - #21

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Quelques jours s'étaient écoulés sans que d'autres événements perturbant ne viennent troublés la fausse sérénité du quatuor dont chacun des membres s'était préparé, à sa façon, au départ imminent pour Noth. Seth et Dante s'étaient entraînés de leur mieux, évacuant les questions tourmentant leur esprits par une discipline stricte infligée par l'impitoyable Baalh. Si leurs tentatives pour mettre à mal le colosse s'étaient toutes révélées infructueuses ils en étaient sortis grandis mentalement plus que physiquement en un laps de temps si court. Cette simple considération les avait grandement conforté dans leur désir de s'émanciper du giron des Fantômes sur le terrain dès que l'occasion se présenterait.

Sélène s'était, de son côté, fait plutôt discrète. Aucun de ses trois camarades n'avait vraiment tenté de la sortir du confort de sa chambre et elle n'avait été aperçu qu'en de rares occasions dans la salle commune. Austère et renfermée, la jeune femme manifestait des élans de colère et de tristesse hiératique depuis sa métamorphose. Plongée dans ses songes, elle n'avait trouvé un intérêt notable que dans le récit de Seth à propos du destin tragique de la Meute. Cette histoire sordide avait redoublé sa foi en une conspiration d'ampleur et en la recherche d'un ou plusieurs traîtres au Centre. Cette obsession la mettait à l'écart des autres mais pour elle un tel sacrifice était acceptable pour le bien commun.

Enfin, Amélia avait passé la majorité de son temps libre auprès de Ren. Celui-ci ne s'était pas offusqué de leur choix d'accompagner les Fantômes et n'avait presque pas suscité d'intérêt pour la chose ce qui n'avait pas manqué de la troubler. Le roux lui avait fait part de ses connaissances les plus avancées en matière de combat et avait consacré de longues heures à lui faire assimiler des théories ardues sur les méthodes skryns. Amélia en avait retiré énormément de compétences pratiques depuis cet enseignement théorique si bien qu'elle se sentait désormais prête à confronter les monstres du dehors.

Le temps était venu. Tous s'étaient rendus à l'heure dites dans les étages les plus haut du Centre à la demande de Jaëger. Aucun hellion ne serait laissé à la base, cette bataille les concernait et on aurait besoin d'eux pour reprendre cette cité devenue ruche. Avant d'avoir le droit de contempler l'aire d'embarquement les quatre novices furent orientés vers une pièce annexe. Là, ils y furent accueillis par Kain qui ne bouda pas son plaisir à voir ces jeunes gens prêts à confronter l'ennemi. Chacun d'eux avait généré à l'aide du Venom une tenue argenté aux couleurs des Fantômes, bien forcés d'arborer les couleurs de leur section d'adoption pour cette mission. Ils n'avaient plus l'air d'initiés mais bien de guerriers à part entière. Ou presque.

Kain fut saisi par l'expression de leurs visages. Il avait vu tant de jeunes gens transformés... mais le regard de ces quatre là brillaient d'une lueur particulière. Il n'aurait su dire s'il s'agissait de haine, de résignation, de hâte ou d'un amalgame malsain de toutes les émotions négatives que peut ressentir un être que l'on s'apprêtait à confronter à ceux qui lui avait tout pris. Inconsciemment, ils savaient ce qu'il leur manquait pour être parfaitement prêt. Alors, sans mot, le scientifique déverrouilla la porte à l'aide de ses empreintes digitales et leur donna accès à une pièce dont ils avaient supposé l'existence sans jamais la trouver.

Devant eux s'étala une salle très peu illuminée plus restreinte qu'ils ne l'auraient pensé dans laquelle s'étendait des râteliers de toute sorte pourvu d'armes de haute technologie, il s'agissait principalement de pistolets, fusils mitrailleurs et autres gadgets capable de pulvériser un adversaire avant qu'il ne parvienne au contact. Sur les murs trônaient des sabres, faux, épées et haches de tous types pour découper un prédateur un peu trop ambitieux. Amélia balaya le petit endroit du regard, amusée. Elle se revoyait condamnant la violence et l'usage de tels engins au nom de la paix globale il y a quelques années. Aurait-elle imaginé avoir un jour tout ce que la technologie faisait de mieux face à elle ? Sûrement pas.

Dante et Sélène furent les premiers à s'approcher. Un rapide examen de ce qui lui était proposé fit tiquer la brune, elle pivota pistolet en main et fixa Kain avec insistance.

- C'est une plaisanterie n'est-ce pas ? Vociféra-t-elle à l'endroit du scientifique qui ne fut pas surpris.

- Qu'est-ce que tu as ? L'interrogea Seth s'approchant, elle pivota et lui montra son arme.

- Pas de chargeurs, pas de mécanismes d'alimentations. Cette chose est inutile. A quoi vous jouez, Kain ? Gronda-t-elle.

Tandis qu'interrogations et réponses fumeuses s'élançaient à vive voix, Amélia parcourait les ateliers où étaient posés l'ensemble de ces jouets couleur métal. Ses doigts passaient lascivement sur les armes particulièrement douce et lisse au touchée. Son regard fut attiré par ce qui ressemblait à un fusil de précision, elle le retira de son support et le prit entre ses mains. Ses doigts parcouraient l'objet et une sorte de tension quasi-électrique se mit doucement à la faire frémir. Quelle était cette sensation ? Sélène disait vrai, il n'y avait aucun moyen d'activer cette chose. Ses doigts remarquèrent une étrange marque sur le côté droit de l'arme.

Il s'agissait d'une petite callosité ronde avec, en son centre, un cercle noir plus petit. Les souvenirs de ses précédentes rencontres avec des Hellions lui revinrent. Elle revit l'épée d'Ith et ses arcs dorés puis l'étrange pistolet de Ren avec ses tirs d'un rouge écarlate vibrant. Une petite voix émergea alors depuis le fond de sa tête. "Tu as compris n'est-ce pas ? Moi aussi... c'est ingénieux comme système" s'amusa Esath ce qui arracha un sourire à la jeune fille. Elle posa le bout de son index sur le rond noir et sentit une très légère piqûre toucher son doigt. Cette banalité passé l'objet s'illumina alors. Les zébrures grisées qui le parcourait de la garde au canon se mirent alors à étinceler d'un blanc cristallin sous les yeux incrédules de ses camarades qui s'étaient retournés lorsque la lumière s'était fait suffisamment forte.

- Qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Demanda Sélène, intriguée.

- Je crois que j'ai compris... Répondit Dante à mi-voix alors que Kain s'approchait d'Amélia avec un grand sourire.

- J'étais certain que tu comprendrais avant les autres. Lui dit-il, son visage se parant d'une fierté presque paternelle.

- Ce système est particulièrement ingénieux, professeur... Ces armes sont liées à nous, à nos pouvoirs, à notre ADN muté. Il n'y a pas de munitions, nous sommes les munitions. Je ressens la moindre vibration de cet objet maintenant... il est connecté à moi, il fait presque parti de mon système nerveux. J'ignore comment vous avez fait mais c'est du grand art. Une petite merveille parfaitement adapté.

- Soit plus claire ? Grogna la brune, frustrée de ne pas avoir compris la première.

- C'est notre pouvoir qui alimentera tes munitions, notre énergie, notre volonté. La puissance de ces artefacts ne dépendra que d'une chose : nous-même. Ils nous sont liés et rendent les hellions plus dangereux que n'importe quel soldat.

- Brillant, si j'ose dire. Commenta Dante, attrapant un sabre au mur, la garde de celui-ci s'illuminant d'un bleu saphir étincelant. Pardonnez le jeu de mot.

- T'es grave. Répondit Sélène, posant son pouce sur le rond noir du pistolet qu'elle tenait, celui-ci s'allumant d'une fine mais puissante lueur prune.

Amélia porta son fusil à son dos, son armure muta immédiatement pour former un fourreau adapté qu'elle pourrait briser à tout moment pour dégainer efficacement. Elle se saisit de deux lames courte assez semblables à des cimeterres puis vint les placer à sa ceinture. Pourquoi ces trois objets ? Elle n'en savait rien. Une intuition sans doute. Une fois parée, elle quitta la pièce sans en dire davantage. Il était plus que temps d'y aller et de massacrer allègrement des monstres pour le bien de l'Humanité... et pour son propre plaisir. Elle éprouverait une jouissance maladive à les massacrer, elle le savait.

Bientôt resté seul dans l'armurerie, un mitrailleur dans le dos et un bâton à double lame dans les mains, Seth s'approcha de Kain, l'air abattu. Son arme brillait à peine...