Chapitre 9 - #1

259 46 11
                                    

Le rapatriement des hellions avait été aussi rapide qu'inattendu, l'armée n'ayant opposée aucune résistance à leur démobilisation de la ville de Noth. Alors que quelques skryns avaient été balayé avec une étonnante facilité, eux, étaient retournés dans leur tanière sans recevoir la moindre félicitations. Après avoir restitué leurs artefacts et été placé à l'isolement pour vérifier de la stabilité de leur mental, chacun d'eux avait ainsi subi une batterie de tests menés par Kain en personne. Entre deux interrogatoires, plus informel qu'autre chose sur leurs rapports respectifs, il avait tenu à s'assurer du bien-être de ses enfants notamment les plus jeunes recrues. 

Trois jours étaient ainsi passés entre les salles obscurs, les questionnements de Jaëger et les rares moments de retrouvailles qui offraient un peu de réconfort aux éprouvés. Si leurs blessures avaient été rapidement guéri, les membres du trio des nouveaux conservaient quelques amers souvenirs et questionnements au fond de leurs crânes. Ils avaient été secoué de n'être reconnu à leur juste valeur par aucun dignitaire de l'armée ou membre de l'assemblée des Immortels. On avait adressé aucune note, pas une remarque. 

A part les remerciements de Kain et des scientifiques du Centre, personne ne s'était donné la peine de les féliciter. Aussi, la vision du Général Tyber paradant devant les médias afin de vanter la reprise de Noth leur était devenue insupportable. Ni les Spectres convalescents, ou les Fantômes, n'étaient plus venus à leur rencontre. La procédure de décontamination et d'expertise n'en devenant que plus lourde tant l'impression qu'ils portaient une partie de l'échec d'Amélia sur leurs épaules était présente. Si Meta avait fait quelques apparitions fortuites dans leurs chambres respectives, il ne s'était pas montré bien loquace et ne leur avait apporté aucune clé satisfaisante.

Dans le froid d'un laboratoire qu'il ne connaissait que trop bien, allongé sur une table d'osculation, Dante ouvrit les yeux à la demande de Kain et se redressa. Les expérimentations du scientifique sur sa peau venait de prendre fin et alors que cicatrisaient les quelques incisions et marques de piqûres diverses, l'homme affichait un air soulagé. Assit à côté du jeune homme, il rangeait méthodiquement tubes et instruments sur la table non loin de lui. Le regard espiègle du blond avait cédé sa place à une lueur morbide et déterminée. Fatigué d'avoir à courir après la vérité, il comptait bien extraire de la gorge de son créateur quelques réponses chèrement méritées.

- Puis-je me rhabiller ? Demanda-t-il sèchement. En avez-vous enfin terminé ?

- Oui, je t'en prie, répondit Kain tout en se levant pour placer les tubes à essais dans une curieuse machine en forme de cylindre située à quelques pas de là. Je suis ravi de t'informer que ni toi, ni tes camarades, n'avez de dysfonctionnement majeur. Vous avez parfaitement résisté à votre première sortie. Tout ceci est concluant.

- Ce n'est pas vraiment le mot que j'aurai employé, gronda Dante alors que s'extirpait de sa peau le venom noir prenant lentement l'apparence de vêtements.

- Et quel mot aurais-tu choisi ?

- Fiasco, dit-il en se relevant, deux hellions ont été tué, Amélia a déserté pour une raison obscure, trois Spectres sont dans un état grave tandis que leur capitaine et leur lieutenant sont partis vers Shion sans ordres aucun. J'aurai imaginé que vous n'auriez pas ... employé le mot "concluant. 

Le professeur émit un profond soupire, ajusta ses lunettes et se tourna pour faire face au garçon qui s'était déjà avancé dans sa direction. Il haussa un sourcil d'incrédulité lorsqu'il constata que la face de celui-ci était constellée d'une crispation à peine voilée. Le docile second s'était fait pousser des crocs et était prêt à mordre. Kain alla chercher un mouchoir dans la poche haute de sa blouse et le passa sur son front.

- Est loin le temps où tu te contentais de suivre, Seth et Sélène ne m'ont pas posé de questions lorsqu'ils sont venus ici.

- Nous avons convenu que je vous interpellerai et qu'ils auraient mon debriefing ensuite.

- Intéressant, il gratta son menton, le meneur né et l'indomptée qui te confient une telle charge voilà qui ne manque pas d'audace.

- J'exige des réponses, professeur. Dante serra le poing et le leva dans sa direction. Je commence à être fatigué de ces jeux incessants et je crois que ma patience arrive à son terme en ce qui vous concerne. Le respect que je vous porte n'est plus capable d'endiguer ma soif de compréhension.

- C'est visible, oui.

Le scientifique continuait de le toiser sans faire mine d'appeler Jaëger ou de trouver une échappatoire. Lui, qui n'était qu'un simple humain face à un être capable de le tuer dans la plus grande des facilités, restait d'un calme olympien. Cette absence de réaction troubla Dante mais ne fut pas suffisante pour le faire flancher.

- Alors ?

- Pose tes questions, jeune homme, lui intima alors le scientifique qui se paya le luxe d'attraper son tabouret non loin de lui pour s'asseoir devant le hellion, s'il était déjà vulnérable, cette fois il était presque inconscient.

- Commençons par ce qui nous intéressent le plus : quels sont vos liens avec les parents d'Amélia et que vient-elle faire dans tout ceci ? Ith m'a dit que vous les connaissiez, que vous aviez demandé à la sauver.

- Il est vrai qu'Ith a été plus bavard que prévu, Kain hocha la tête, à ce sujet il n'est rien de véritablement incroyable à raconter en vérité. Les Denver ont toujours été de bons amis, je respectais Ethan pour sa capacité à aller en dehors des sentiers battus et j'admirais Myha pour sa force de travail. Ils formaient un duo agréable avec lequel j'ai conçu nombre de théorèmes, ils m'ont aidé à créer le venom bien que cet aboutissement n'ait jamais été pour eux plus qu'un passe-temps entre leurs propres recherches.

Dante plissa les yeux, cherchant des signes de mensonges dans la voix du cinquantenaire sans parvenir à en trouver. Celui-ci haussa les épaules, utilisant un autre mouchoir tiré d'une poche annexe pour nettoyer ses lunettes. Sa voix était embrumée, regrettait-il ces moments en trio ? Non, il y avait plus que cela.

- Ils comptaient pour vous ?

- Oui. Ils m'ont offert un certain salue à un moment de ma vie où j'étais bien seul et où mon trésor se mourrait sans que je n'y puisse rien. Leurs travaux, leur bienveillance et leur patience furent des soutiens sans lesquels je n'aurai pas réussi à sauvegarder mon existence en ces instants de périls.

Le jeune hellion crut lire une véritable tristesse dans les traits gris et renfrognés du scientifique l'espace d'un moment. Il mit ce constat de côté pour s'arrêter sur la notion de "trésor" qui venait tout juste d'être évoqué. Craignant que Kain ne s'en serve pour détourner la conversation, Dante choisit de ne point s'y attarder pour cette fois.

- Et Ith dans tout ça ?

- Il est l'enfant d'un couple d'officiers qui travaillaient sur Horizons. Curieux et débrouillard, il était souvent au sous-sol dédié aux laboratoires. A l'époque, déjà, il avait l'art et la manière d'obtenir ce qu'ils voulaient. Au final, nous avons fini par l'intégrer avec nous comme "premier assistant". Kain eut un petit rire amusé. Quelle époque... ce petit calme a duré plusieurs mois. Les Denvers parlaient beaucoup de leur fille qu'ils avaient laissé dans la confortable Shion pour lui évité la rudesse de la vie sur le mur. Ils étaient vraiment attachés à elle, ils débordaient d'un amour que mon esprit étriqué et forcené a trouvé remarquable. Un amour... que je n'ai su donné ni recevoir, malheureusement.

- Comment sont-ils morts ? Poursuivit alors Dante, sans émotions. Amélia m'a raconté qu'ils avaient péri lors d'un incident sur Horizon impliquant des skryns mais ces quelques semaines dans la peau d'un hellion m'amène a penser qu'il y a une toute autre explication. Et je suis certain que vous cela a un rapport avec le "pourquoi" Amélia a été sauvé miraculeusement.

- Tu as raison, Dante. A la vérité... le professeur passa une main dans ses cheveux poivre et sel avec une mine abattue, ils sont morts à cause de moi.

Le blond s'arrêta de penser, il s'attendait à une révélation mais sans doute pas à celle-ci..

Hellions : partie 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant