Hellions : partie 2

Chapitre 7 - #20

Amélia referma la porte derrière elle, résignée. Ren, Allen et Ith avaient disparu de la pièce adjacente, elle ne trouva pas non plus trace de Seth. Baalh était prostré dans l'encadrement du mur détruit, assit. Son regard, méfiant, scrutait les buildings adjacents et au-delà.

- Il t'attend tout en haut, dit-il alors, il sait que tu viendras le voir. Escalade le tunnel prévu pour le monte-charge. Il a dégagé le passage.

- Merci, répondit la jeune femme sur un timbre solennel.

- Je ne fais que t'indiquer ce qu'il a dit, rien de plus.

- Pas pour Ren. Pour mes amis. Le géant tourna la tête vers elle, vraisemblablement touché, il lui offrit un sourire, peut-être le seul qu'elle avait jamais vu sur cette face ravagée.

- J'vous aime bien, gamine, j'ai pas envie qu'ils vous arrivent des malheurs. Avoua-t-il.

- Seth et Dante te tiennent en haute estime, tu leur as sans doute beaucoup appris. Je ne doute pas que ce soit sincère. Je ne veux pas avoir à te combattre un jour.

- Ce monde est déjà bien hostile pour ceux de notre sang... un conflit serait mal venu. Se contentât-il de répliquer, reprenant sa veille.

Sur ces quelques mots Amélia quitta la tranquillité de la salle de garde pour retourner au monte-charge. Elle ne croisa personne à l'étage et ne remarqua rien d'inhabituel, quoi qu'est pu être les discussions entre les différents protagonistes, elles s'étaient résolues pacifiquement tout du moins ça en avait l'air. Parvenant devant le gouffre, elle leva les yeux et constata effectivement qu'une tranchée avait été créé à travers les débris métalliques. Utilisant la même technique que celle employée dans l'ascenseur plus tôt dans la journée, la jeune femme n'eut aucun mal à remonter les pentes, parfois abruptes ou entrecoupées de débris, qui servaient autrefois à maintenir la machinerie du monte-charge en place.

Il lui fallut moins d'une minute grimper en haut de l'entrepôt et quelques secondes supplémentaires pour soulever la trappe donnant accès au toit. Agile comme un chat, elle se faufila sous cette dernière et se retrouva à l'air libre. Si le bâtiment n'était pas très haut, il offrait tout de même un magnifique point de vue sur les environs et elle prit un instant pour contempler, autant que pouvaient l'être, les ruines de ce qui fut autrefois l'une des grandes villes du nord-est de l'Empire. Quand l'horizon n'était pas brouillé par des buildings, on voyait au loin les contours des murs d'encerclement censés protéger ce lieu de paix. Ils avaient été proprement inefficace contre une menace souterraine.

Finalement, ses yeux s'arrêtèrent sur la silhouette de Ren. Son manteau voletait au gré d'une petite brise et ses cheveux écarlates prenaient des reflets de braises tandis que la luminosité baissait. Le soleil avait amorcé sa descente dans le ciel et les feux du couchant donnait une prestance supplémentaire à ce jeune homme qu'elle avait appris à apprécier autant qu'à détester par instant. Les mots de Dante résonnaient encore en elle et c'est avec des questions mais aussi des affirmations qu'elle s'approcha de lui. Bientôt elle se porta à son côté.

- Ce décor serait idyllique si l'on oubliait les skryns rampants et les bâtiments en ruine, s'amusa-t-il dans un premier temps.

- Je n'ai pas le cœur à rire, le reprit-elle avec fermeté, tu es bien conscient de ce que m'a raconté Dante. J'imagine que tu as des explications à me fournir.

- Tu es pressée, je comprends. Tes amis ont été blessé et j'imagine qu'une nouvelle bagarre a éclaté dans votre petit groupe. La guerre, la vraie, à ce genre d'effets sur nous autre. Nos points de vue divergent et parfois ne se retrouvent jamais.