2. Love struck

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Courir, sourire, respirer, servir puis, recommencer encore et encore. Ma vie a bien changé depuis la découverte de Pixis, j'ai été mis en maison de désintoxication pour un an. C'était une prison, ils avaient réussi à me faire comprendre que c'était moi le problème, que j'étais dangereux pour mon bien-être. J'avais déjà remarqué que le problème n'était pas l'addiction mais, bel et bien... moi. Depuis, je me suis coupé de tout, la vie avec ses interactions, je ne sors plus, je ne vis que pour une seule et unique personne et elle se nomme Carla Jaeger, ma mère, ma petite maman qui est aujourd'hui faible et fragile et malgré tout, elle fait semblant d'être une battante. Elle n'a jamais su ce que j'avais fait, elle ne m'a jamais vu avec Pixis, elle savait juste que j'avais fait une fugue et que j'étais revenu un an et demi plus tard avec une moitié de sourire qui ne se rendait pas à mes yeux et beaucoup d'excuses. Elle avait éclaté en sanglot me serrant tellement fort dans ses bras, je croyais qu'elle allait me broyer. Je m'étais juré de ne plus toucher à un verre d'alcool ou un once de drogue en la voyant brisé devant moi.

Me voilà, cinq ans plus tard à vingt-cinq ans travaillant dans un café qui tuait mes pieds mais, qui payait bien et avec des gens avec qui j'aimais travailler. Je ne sortais pas, non, je n'avais jamais réellement aimé sortir alors, chaque fois que ma collègue Mikasa me demandait si je désirais aller prendre un verre avec les autres ma réponse restait toujours la même. Non. Je ne pouvais pas retourner dans ce vice et je ne voulais pas être de mauvaise compagnie. Socialiser n'était pas ma tasse de thé et je n'avais que très peu de sujet de conversation. Je préférais me battre avec la machine à café, me brûlant une fois sur deux et sourire aux clients puis, courir jusqu'à chez moi pour m'assurer que ma mère ne reste pas seule à la maison. La journée de ma vie routinière s'achevait, je servis celui que je croyais être le dernier client en ce vendredi soir le voyant me scruter un peu trop à mon goût.

- Je... Est-ce que je pourrais avoir ton numéro?

Je levai un sourcil, qu'est-ce qui lui faisait croire que j'étais intéressé? Qu'est-ce qui pourrait bien lui faire croire que j'étais même gay? Je regardai ses yeux couleur noisette, ses joues rosies par son audace, sa main qui massait sa nuque démontrant son léger malaise à poser sa question. Je ne lui avais pas encore donné de réponse alors, que je savais très bien ce que j'avais envie de lui dire. Je voulais le laisser cogiter dans son mal être.

- Écoute, ce n'est pas pour t'insulter, tu peux être hétéro, c'est juste que... Wow, je me ridiculise hein? C'est juste que tu es si... Tu me plais.

Je n'étais pas du tout impressionné, je n'avais pas un gramme de pitié en moi pour ce mec qui ne faisait qu'augmenter le malaise. Je lui fis tout de même un petit sourire et lui donnai son café faisant bien attention à ce que nos doigts ne se touchent pas.

- Je suis hétéro donc... Non.

Je venais de mentir gravement, mais il n'était pas du tout mon genre certes, il était bien, mais je m'étais promis de ne plus tenter ma chance alors, non, pas mon type. Il sembla encore plus gêné, il ne fit que hocher la tête et quitta le café.

- C'est mal de mentir Eren! Il était mignon pourtant, pourquoi tu ne lui as pas refiler ton numéro? Un peu de compagnie ne fait de mal à personne, tu sais?

- Mikasa, je n'ai pas besoin de compagnie, j'ai ma mère et je ne suis pas intéressé par les mecs mignons. T'as pas une poubelle à sortir toi? Je vais m'occuper de nettoyer les tables.

Elle roula des yeux désespérée par mon manque d'intérêt et fit ce qu'elle avait à faire. Je soupirai, je ne voulais pas revivre mes expériences passées et si je ne pouvais en tiré de plaisir alors, oui, j'allais m'en abstenir. Je n'entendis pas le tintement de la porte jusqu'à ce qu'une voix me parvienne, mais qu'elle timbre.

- Il y a quelqu'un qui travaille ici?

Une tonalité grave, bien ponctué, mielleuse, tout mon corps se raidit à la demande du client, j'accouru derrière le comptoir devant la caisse enregistreuse et tombais face à face avec le propriétaire de ce son. Mon cerveau décida ce moment pour se déconnecter, j'étais perdu dans ce regard de mercure, ce visage au ratio d'or, ses cheveux de jais et mon dieu, ces lèvres rosées et fines. Mes yeux lorgnèrent un peu trop longtemps ses lèvres, me donnant envie, surtout lorsqu'il se les lécha.

- Vous venez d'écouter ce que je vous ai demandé?

- Euh... eee... Qu'est-ce que je peux vous servir?

- Je viens tout juste de vous demander un thé Earl Grey.

Mes yeux papillonnèrent, j'étais absorbé par la beauté de l'homme qui se trouvait devant moi, en trois mois de service ici, c'était bien la première fois que je le voyais et il était foutrement trop beau pour passer inaperçu. Ma tête était encore dans les nuages de ses yeux qui semblaient s'assombrir, je repris mes sens lorsqu'il soupira d'exaspération. Je trouvai un iota de pouvoir en moi, redressai mon corps qui était devenu de la guimauve et secouai la tête.

- Euh... oui pardons... vous avez commandé?

- Un thé EARL GREY.

- Oui! Tout de suite monsieur.

Bordel Eren ressaisit toi! Je m'étais retourné vers l'étagère pour prendre l'une des boites contenant le fameux thé tant convoité par ce dieu grec. Ce devrait être punis par la loi d'être aussi beau merde. Mes mains tremblaient, j'étais gêné et je sentais son regard me brûler le dos. L'eau bouillait, je dû prendre le temps de respirer un bon coup tout en mettant les feuilles à infuser. J'osais jeter une œillade par-dessus mon épaule et il était là, assit, vêtu d'un costume trois pièces qui lui allait comme un gant. Parlant de gant, il en portait, il rajusta sa cravate les yeux toujours rivés sur moi. Ma bouche était sèche et mon cœur avait décidé de courir un marathon à lui seul. Une fois sa boisson prête, je lui amenai, il ne m'adressa pas un mot hochant de la tête mais, son regard inspectait mes mouvements, provoquant une chaleur non voulu sur mes joues... Et merde. J'optai pour une retraite tactique vers la cuisine pour éviter de me ridiculiser davantage devant cet Apollon.

- Hé bah dites donc, tu as vu le canon dans le café.

- Mikasa!

- Tu lui as donné ton numéro au moins?

- Qu-Quoi?!

- Il n'a même pas remarqué que j'ai passé et toi non plus d'ailleurs. Allez, tu y retournes et tu lui refiles ton numéro.

- Non mais t'es malade et si ça se trouve il est hétéro?

Elle arqua un sourcil et me regarda comme si j'étais un parfait imbécile, mais quoi, monsieur dieu grec ne doit pas être intéressé par moi. Comparé à lui, je suis tout sauf beau. Soupirant, je quittai mon lieu de retraite pour réaliser qu'il était parti sans même avoir bu son thé avec une note écrite sur sa serviette de table.

- Le plus mauvais thé que mes papilles ont eu la malheur de goûter. L -

Je froissai la dites serviette hurlant de fureur intérieurement, bordel de dieu grec prétentieux de mes deux. Je vais lui en faire boire moi un mauvais thé! 

HollowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant