Hollow

14. In the past

Je pris une grande goulée d'air et débutai mon récit, c'était loin d'être beau, ce n'était pas revampé à la Disney pour faire plaisir aux parents et émerveiller les enfants. Je me doutais qu'il ne voudrait plus me toucher après ce que j'allais lui dire alors, je profitais de ses mains qui me caressaient, de son odeur qui m'entourait, de sa chaleur tout contre moi. Je débutais le plus long monologue de ma vie.

- Ma mère était avec quelqu'un lorsqu'elle a rencontré mon père, elle est tombée amoureuse de lui instantanément et elle a quitté l'homme avec qui elle était. Il ne l'avait pas bien prit jusqu'à ce qu'il découvre qu'elle était enceinte de mon père. J'ai grandi avec mes parents jusqu'à l'âge de sept ans. Du jour au lendemain, mon père avait disparu, il était parti pour une exposition, il était « peintre », c'était ce qu'elle croyait, mais il n'est jamais revenu. Ma mère essayait d'être forte pour nous deux, elle était professeure d'anglais, mais la solitude l'avait vite rattrapé, il était l'amour de sa vie et elle ne comprenait pas ce qui avait bien pu se passer. Nous avons été plongé dans le noir jusqu'à ce qu'elle reçoive un petit carnet noir par la poste. J'avais quinze ans et elle refusait de me dire ce que c'était, elle était devenue dépressive, refusant de se nourrir, de s'habiller, de se laver, pleurant pour un oui ou un non, elle était l'ombre d'elle-même. Je n'en pouvais plus de la voire comme cela. Un bon soir, j'ai pris le carnet noir alors qu'elle dormait sur le canapé et je l'ai lu en entier. Il y était écrit la vie de mon père dedans. Il décrivait tout, de façon si détaillée, il était l'un des employés de l'ancien amant de ma mère. Pixis Dot était un pimp, il gérait des prostitués qui lui rapportaient beaucoup d'argent, certains de ses préférés étaient promus au rang d'escortes et choisissaient leurs clients. C'était comme cela que mon père avait rencontré ma mère, il travaillait lorsqu'elle était venu. Elle n'était pas une impure, elle ne se vendait pas, elle était venu affronter son ex-amour. Le problème était que mon père avait charmé ma mère, mais il était incapable d'être l'homme d'une seule femme. Je voulais comprendre... Concevoir pourquoi mon père aimait autant baiser. Je suis allé voir Pixis, j'avais à peine dix-sept ans, mais mes fausses cartes m'en donnaient vingt-et-un. Je lui ai dit que je voulais travailler et que j'étais prêt à prendre n'importe quel client. Il avait accepté sans difficulté, j'avais tenté le coup avec des femmes, mais j'avais de la difficulté à rester bandé. Puis, je me suis fait mettre par des hommes et j'en ai dominé d'autres... Je n'ai jamais éprouvé de plaisir, les clients m'adoraient car, justement j'avais de la difficulté à éjaculer. Je n'avais jamais senti les feux d'artifices, les papillons dans l'estomac, ni l'orgasme. Finalement, Pixis avait découvert qui j'étais, j'avais désormais dix-sept ans et il m'avait ramené chez ma mère après une cure de désintoxication. Je n'ai jamais compris mon père, mais j'ai pourtant essayé... J'ai essayé de voir dans ses yeux ce qu'il y avait de si délicieux à se faire mettre, malheureusement pour moi tout ce que je ressentais était du dégoût que j'essayais de noyer dans la cocaïne et l'alcool. J'étais incapable de regarder mon reflet et encore aujourd'hui je me déteste, je suis loin d'être pur Levi, je suis la chose la plus ternie au monde. Je suis sale et souillé par toutes ces personnes qui m'ont utilisé pour oublier et s'évader dans la luxure. Il aimait ça, il adorait l'attention et les cadeaux, adorait les baiser. Dans son carnet... Il a décrit chacune de ses clientes et ce qu'elles aimaient... même ma mère était inscrite à l'intérieur.

J'éclatai dans ses bras, je venais de me briser en mille morceaux, ces petites pièces dont j'avais pris tellement de temps à recoller ensemble venaient encore une fois de lâcher. J'avais besoin de me laver, je me sentais encore une fois sale, si souillé que même un bain d'une heure ne réussirait pas à retirer toute cette crasse. Les larmes coulaient le long de mes joues, j'avais mal, me souvenant que je n'étais pas un enfant de l'amour, mais bien un accident de parcours pour mon père. Il avait essayé de faire les choses bien. Elle était folle amoureuse de lui et il l'avait épousé pour la rendre heureuse, mais l'amour n'y était pas, il ne pouvait pas se contenter d'une seule femme et encore moins continuer à jouer au père qu'il ne voulait pas être. Mon père était un prostitué et il adorait son métier, il avait continué prétextant des « expositions d'art ».

Levi n'avait rien dit de tout le long de mon histoire, il était resté interdit par contre, je pouvais toujours sentir ses doigts caresser ma hanche et son corps collé contre le miens. J'avais ressenti son souffle changer contre mon oreille, ralentir, accélérer, se saccader, ce fut le seul indicateur de ses sentiments pendant que je monologuais. Il tira sur mon flanc, me forçant à me retourner, il ne parlait toujours pas, ses yeux luisaient... Avait-il pleuré? Son pouce passa délicatement d'un de mes yeux à l'autre. Il embrassa chastement mon front et me serra tout contre son torse, il inhala l'odeur de mes cheveux et l'on resta comme cela pendant un certain moment. Il me fit enfin entendre sa voix.

- Je déteste ton géniteur pour avoir torturé ta mère et toi avec ce carnet. Il n'est pas digne de vous avoir eu dans sa vie. Tu ne mérites pas d'avoir vécu cela Eren et jamais je ne lui pardonnerai. Tu es loin d'être répugnant mon joli, tu es la plus belle personne que j'ai vu de ma vie, tes yeux sont si pleins de vie et de lumière et je sais que c'est elle qui ta donnée cette clarté. Ne laisse personne essayer de te l'éteindre Eren.

Je ne savais plus quoi dire, je ne m'attendais pas à ce qu'il m'accepte, il était la première personne à qui j'avais osé raconter mon histoire. C'était la première fois que je m'ouvrais à quelqu'un, contrairement à ce que beaucoup disent, cela ne fait pas du bien, je ressens des choses que j'aurais préféré garder enfouies dans les abysses de mon âme, mais Levi aidait à diminuer ce trou qui était dans mon être, il le remplissait petit à petit.

- D'accord Eren?

- D'accord Levi.