18. Plus rien

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- Eren donne-moi...

- Non! Je voulais plus Levi, tu ne sembles pas comprendre ce que plus veut dire. Je ne vends plus mon corps, le plus ne voulait pas dire que tu me baises régulièrement, ça voulait dire qu'on devienne quelque chose... Mais, tu... Tu n'es pas foutu d'être honnête avec moi. Ce n'est pas que tu n'aimes pas parler travail, c'est que tu ne veux pas.

Les larmes coulaient le long de mon visage, il ne disait rien, il me regardait les yeux vides, je n'en pouvais plus, je me sentais utilisé, j'avais l'impression d'être retourné à mes dix-sept ans. Le seul point positif était qu'il savait baiser, le reste était identique. Je lui tournai le dos et recommençai ma marche vers la porte qui me ferait sortir de cet endroit. Je devenais claustrophobe malgré le fait que son appartement était immense. Il tenta mollement de me faire rester, mais il savait que s'il ne me donnait pas ce que je voulais, il ne gagnerait pas.

L'air était fraîche à l'extérieur, il vivait dans les quartiers riches de la ville, je me décidais à marcher, non pas parce que je ne savais pas où j'étais, mais parce que j'avais besoin de diminuer ma rage. Je venais d'être utilisé encore une fois, j'avais une immense envie de me laver, encore et encore. J'avais besoin d'enlever toute trace de Levi Ackerman sur mon corps, retirer son odeur, retirer ses baisers, ses caresses, il devait sortir de mon système.

Dans le dernier vingt-quatre heures, j'ai nettoyé au moins cinq fois mon corps, je me suis cloitré dans ma chambre évitant ma mère, j'ai pleuré jusqu'à m'endormir et je n'ai rien mangé. Mon téléphone était fermé et si quelqu'un devait me parler, il n'avait qu'à appeler sur le fixe. Ma mère n'avait pas posé de question et j'en étais reconnaissant, de toute façon, elle n'avait qu'à regarder mon visage pour savoir que rien n'allait. Pour mon premier jour de travail de la semaine, je ressemblais à un fantôme, mon estomac était noué de façon très peu agréable, rien n'y entrait et rien n'y sortait. Même l'odeur du café et des pâtisseries ne me donnait aucun appétit.

Mikasa tentait de me ménager, surement dû à mon apparence, elle m'avait dit que je ressemblais à l'ombre de moi-même, elle voulait surement dire que j'étais comparable à un zombie ou bien un mort, mais elle resta silencieuse à me regarder avec ses yeux emplies de pitiés. Je ne souhaitais qu'une seule chose et c'était que les journées passent. Je n'espérais pas le voir traverser cette porte, je voulais que tout se termine et qu'il ne soit plus dans toutes mes pensées, malheureusement pour moi, ma tête n'était pas d'accord avec moi. Je m'endormais en pleurant, je mangeais deux ou trois bouchées pour faire taire ma mère et j'étais sur le pilote automatique au travail.

Mon sourire était faux, ma tête un tsunami d'émotion, j'essayais de refléter le contraire de ce que je ressentais, mais mon teint devenu pâle et mes yeux cernés ne trompaient personne. Les vieilles clientes régulières me disaient que mon cœur allait guérir avec le temps et je souhaitais avoir un de ces appareils pour avancer ce temps. Rendu au jour six, Armin à fait son apparition chez moi, il n'eut qu'à jeter un seul regard sur moi pour comprendre que j'étais brisé. Il le savait, il l'avait vécu. Sans ne rien dire, il est entré sous mes draps et m'a serré dans ses bras.

À ce moment, le barrage émotionnel que je bâtissais du mieux que je le pouvais éclata, je pleurais sans aucune retenue. Ce n'était pas silencieux, ce n'était pas gracieux, mais bien bruyant, morveux et incompréhensible voilà ce que c'était. La bonne façon de savoir si votre ami est bel est bien votre ami, il ne dira rien, il ne vous jugera pas, il écoutera et dira la vérité lorsque tu seras prêt, non pas ce que tu voulais entendre, mais bel et bien ce qu'il pense de la situation. Armin était cette personne pour moi.

- Je me déteste Armin.

- Pourquoi Eren?

- Je l'ai laissé entrer dans mon monde et je n'aurais pas dû.

- ...

- Je lui ai parlé de mon père Armin.

- Oh.

- Je lui ai dit que je voulais plus, pas une baise, mais une relation et lui il n'était pas capable de me dire quel était son job. Son putain de job!

Le blond soupira et me flatta le dos me gardant collé contre lui, il me laissa sangloter, je savais qu'il allait me dire quelque chose que je n'allais pas aimer, il allait être honnête.

- Tu sais Eren, peut-être que tu lui demandes quelque chose dont il a honte. Je ne t'ai jamais forcé à me dire l'histoire de ton père, je ne t'ai jamais demandé de me dire où tu étais lorsque tu es parti et je ne le ferai pas. Tu es très bien placé pour savoir ce qu'il devait ressentir... Alors, pourquoi as-tu cherché à le forcer?

- Je...

- Est-ce que tu lui fais confiance?

- Je...

- Si tu lui faisais vraiment confiance, tu ne serais pas parti n'est-ce pas?

- ...

Il me laissait à réfléchir, est-ce que je faisais confiance à Levi? Je savais que je ne m'étais intéressé à personne sauf lui, je savais que son physique ne me laissait pas indifférent, la seule chose que je ne savais pas était si nous étions compatible dans autre chose que le sexe. Nous n'avions pas réellement passé beaucoup de temps ensemble, je savais qu'il était un clean freak, qu'il aimait être bien habillé, qu'il avait de l'argent.

- Est-ce mal de vouloir connaître la personne que l'on aime?

- Si tu l'aimes vraiment Eren... Est-ce vraiment bien de lui donner un ultimatum?

- Tu as peut-être raison...

- Peut-être?! Tu le sais que j'ai raison Eren. Mais tu sais, dans tout ça, ça fait du bien d'inverser les rôles, habituellement c'est toi qui viens me voir avec de la bière et tu me laisses me vider le cœur. Je ne sais pas qui il est, mais putain s'il est capable de te mettre dans tous tes états et te donner envie de vivre des émotions que tu refusais avant, je l'aime déjà. Tu recommences à vivre Eren et malheureusement pour toi vivre veut dire avoir des émotions. 

HollowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant