64. Sang

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Tout se passa trop rapidement pour moi, Levi avait perdu son sang-froid et venait de tirer dans la tête de l'homme avec qui il faisait son commerce. Ma chemise était couverte de sang, j'avais de la difficulté à rester calme, une odeur de fer se mélangeait avec celui de la poudre noire. Mon petit copain était censé uniquement faire une échange commerciale et rien d'autre et maintenant on avait un cadavre devant nous. Je n'avais pas crié, je n'avais pas vomi, j'étais resté figé devant la scène.

Mon amant soupira et m'attrapa par le bras, me tirant vers une autre porte que celle que nous avions prise pour venir dans cette salle. Il nous fit sortir de là sans aucune embrouille comme si rien ne c'était passé. Pourtant tout le monde devait avoir entendu le bruit que la balle avait fait en sortant du canon de l'arme. Personne n'avait tenté de nous arrêter et Hange nous attendait devant la voiture de mon noireau comme si la soirée était finie et que nous devions rentrer, mais ce n'était pas du tout cela la situation.

Levi venait de tuer quelqu'un devant moi et il agissait comme si nous sortions du cinéma ou d'une soirée banale. Même après mes représentations il vivait plus d'émotions qu'en ce moment. C'était comme si enlever la vie de quelqu'un lui avait arraché une petite part de sa vitalité ou bien de son humanité. Je ne savais pas lequel choisir. Hange m'ouvrit la portière et Levi prit le volant, le début du trajet resta silencieux, je venais de voir mon petit ami tuer quelqu'un, ma chemise et mon veston avait les traces de sang pour preuve. Levi ne conduisait pas vers son appartement, je n'avais aucune idée d'où nous allions, mais ce n'était pas non plus vers son bar qui se trouvait en centre-ville.

- Où est-ce que tu nous amènes?

- Un endroit pour se débarrasser de tes vêtements.

- Et tu ne pouvais pas faire cela chez toi.

- Non.

- Pourquoi? Où pourrais-tu nous amener qui te permettrais de...

Je venais de me taire, nous arrivions dans une usine, l'odeur de produit chimique embaumait l'air. Des barils se trouvaient empilés les uns sur les autres, puis nous pouvions voir des machineries dont je ne connaissais pas l'utilité. Mon ainé me fit sortir et me demanda mon veston, ma chemise et ma cravate. Il les mit dans un des barils qui était ouvert, l'odeur me brûlait les narines. Levi était toujours impassible, il retira lui aussi ses vêtements, prit un linge et s'essuya le visage ainsi que le mien. Je me retrouvais torse nu dans une usine de produit chimique avec Levi qui venait de tuer quelqu'un devant moi.

Il se retourna vers sa voiture et me sortit un de mes chandails, je ne comprenais plus rien, pourquoi avait-il mes vêtements sur sa banquette arrière. Je n'avais jamais amené mes vêtements dans son véhicule qu'il gardait plus propre que tout ce que je pouvais imaginer. Il refusait que je m'assieds dedans avec mes chaussures de travail, car elles étaient salles et maintenant, il avait un sac avec des vêtements de rechange?

Il me pointa mon pantalon et mes chaussures de soirée, je les retirais et il me demanda même mon sous-vêtement. Je pris quelque seconde avant de l'enlever me demandant s'il blaguait ou non, mais il était très sérieux. Alors, je m'exécutai et les lui donnai me retrouvant le cul à l'air dans cette même usine. Il n'y avait rien de sexy ou de romantique dans cette soirée. Une soirée chez un mafieux qui m'avait insulté en demandant indirectement de me baiser, me traitant de pute comme mon père l'avait été et moi par la même occasion dans une ancienne vie. Mon copain incapable de contrôler sa colère l'avait tué d'une balle en pleine poire et me voilà à me débarrasser des preuves en mettant mes vêtements dans je ne savais trop quoi.

- Après tu vas me demander de brûler mes empreintes digitales dans l'acide?

- Tu as envie d'essayer Ren?

- N-non, je blaguais vu que tu as décidé de brûler mes vêtements dans l'acide.

- La base, mais oui le but est de s'en débarrasser.

Il me disait cela tranquillement en enlevant lui-même son pantalon, ses chaussures et son boxer se trouvant uniquement dans un t-shirt de Metallica qu'il venait d'enfiler. Je clignais des yeux le fixant me demandant si je devais paniquer ou bien rire. L'autre me pressait de m'habiller. Lorsque je me retournais pour regarder l'usine, je repensais à ce qui venait de se passer et quelque chose tilta en moi. Il connaissait mon père! Mes yeux s'écarquillèrent et je fixais le psychopathe qui me servait de petit copain. Il arqua un sourcil attendant que je lui fasse part de ma pensé.

- Tu le savais n'est-ce pas ?!

- Et de quoi me parles-tu Ren?

- Levi! Ne viens pas jouer à ce jeu avec moi! Tu m'as amené à cette soirée pour qu'il m'insulte, te donnant une raison de le buter puisqu'il est l'un des clients de Pixis. Je ne me trompe pas, j'avais déjà...

Je venais de couper mon discours, l'engrenage de mon cerveau se stoppa. Levi voulait savoir s'il avait déjà couché avec moi et non pas savoir s'il était un client des filles de Pixis. Il voulait savoir si son partenaire de commerce était l'un des bâtards qui m'avaient brisé. Je ne savais pas si je devais être heureux que mon petit copain fasse une telle chasse aux sorcières étant prêt à mettre son commerce illégale en péril ou si je devais être choqué face à son comportement très peu orthodoxe dans un couple.

- Ho...

- Ho quoi Bébé, tu réalises maintenant la connerie que tu dis ou tu te rend compte uniquement maintenant que tu n'es pas perturbé par le fait que j'ai tué quelqu'un devant toi?

- Je... Mais je suis perturbé par le fait que tu as osé tuer quelqu'un devant moi Levi !! Pourquoi tu as fait ça, tu n'aurais pas juste pu lui dire que ça n'arrivera pas et basta conversation finit. Non toi il a fallu que tu...

Je ne savais pas si c'était pour me faire taire, vu que j'hurlais ma vie ou si c'était pour me calmer, mais les lèvres de mon amant avaient un goût de scotch et non plus celui de la menthe habituelle. 

HollowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant