74. Point

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Wow, ça fait longtemps, juste désolé. 

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* Point de vue d'Eren*

Ce n'était pas une belle journée, autant pour mon moral que pour la température. Le ciel était noir en plein jour, on pouvait entendre le tonnerre gronder et voir les éclairs zigzaguer dans l'océan de charbon qu'était le ciel. J'étais toujours à l'hôpital à faire de la physiothérapie pour regagner l'usage de mes mains et à voir Dr Clotho pour mon moral. J'ai de la difficulté à croire qu'il fait cela pour la charité, je crois plutôt qu'il désire quelque chose en retour. Je ne sais pas quoi, mais il a un but précis. Il désir découvrir quelque chose. Ce qui est effrayant, est qu'il n'a pas besoin de dire quoi que ce soit et je me mets à parler, je déteste ça. Je ne sais pas si c'est parce que je me sens seul ou parce que je me sens en confiance alors que je suis persuadé que je ne devrais pas du tout lui faire confiance.

Il me fait un peu penser à Levi... Il est très loin d'avoir sa beauté, mais tous les deux sont très silencieux, très à l'écoute. Ils observent ce qui se passe autour d'eux. Je sais que Levi dégage de l'assurance et la sensation de pouvoir en plus d'être extrêmement sexy. Le psychiatre est très loin de cela. Il est calme et réservé, il est à l'écoute, mais terriblement maladroit. On se demande presque ce qu'il fait dans un hôpital où tout doit être méticuleusement bien pensé et placé pour assurer le bienêtre et la sécurité des patients.

Je m'ennuis de mon noiraud, sa présence me manque terriblement. La dernière fois que je l'avais vu il revenait de voyage d'affaire et il me retrouvait en mauvais état sur le sol de notre appartement. Il avait été brièvement présent lors de mon admission à l'hôpital, il est celui qui paie pour mes traitements, je n'ai nullement les moyens de payer pour une chambre privée et encore moins pour rester aussi longtemps avec tous ces spécialistes qui me suivent. Certain pourrait dire que Levi est un ingrat, un sans cœur de ne pas venir me voir ici, mais je sais qu'il déteste les hôpitaux, qu'il déteste la police et qu'il hait me voir souffrir. Je lui en veux de ne pas m'appeler, mais en même temps, tenir un téléphone dans mes mains est très souffrant. Je ne croyais pas que je pouvais expérimenter autant de douleur physique. On m'avait fait mal physiquement et psychologiquement par le passé, mais jamais à ce niveau.

Je regardais les cicatrices sur mes bras et je me demandais comment mon conjoint allait faire pour me trouver beau, ces marques sont celles qui représente le soir ou il m'a retrouvé au sol, humilié et brisé. Je ne savais plus ce qu'il allait penser de moi, il m'avait vu sous plusieurs facettes, jalousie, luxure, joie, tristesse, peur, colère et dégoût. Je me demande ce qu'il va penser de moi en revenant ici. Je me demande ce que je vais voir dans ses yeux lorsqu'il me regardera. Vais-je voir de la pitié, de la tristesse ou bien du regret. Dans tous les cas, je ne veux pas voir ces émotions sur son visage, les seules que je désire voire sont la joie et la luxure.

J'aimais voir ses yeux de mercure briller d'envie et ce petit sourire en coin qui se dessine sur ses fines lèvres parfaites est tout simplement divin. Tout ceci passait dans ma tête pendant que je regardais la pluie couler le long de la vitre étant assis sur la chaise de ma chambre d'hôpital. Chambre qui était stérile de couleur, mis à part la rose séchée qui trônait encore sur ma table de nuit. Tout le reste était monochrome, même mes vêtements, un t-shirt blanc et un jogging noir.

J'étais l'ombre de moi-même, j'avais perdu de la musculature et en même temps du poids. Je mangeais peu et je bougeais peu. Cela n'était pas bon pour moi, mais j'avais diminué mes activités physiques, je ne dansais plus, je ne marchais plus, je n'allais plus au gym mis à part mes exercices avec le physiothérapeute. Danser me manquait, le fait de me sentir agile et léger en plus d'avoir ma tête vide de tout stress, de toutes inquiétudes. La quiétude que la danse m'apportait me manquait, mais vu la douleur que j'avais, c'était impossible pour moi de danser.

Les infirmières me fatiguaient à me parler d'analgésie par la musique, la méditation ou encore la relaxation, je ne voulais pas essayer et je ne voulais pas les écouter, je voulais qu'on me laisse tranquille avec moi-même. Je voulais me perdre dans mes pensées pour uniquement le revoir lui. Ces petits moments de silence me permettaient de revoir ses cheveux noirs, sa peau satinée, ses yeux sombre et clair à la fois, je pouvais presque sentir son odeur enivrante. Lorsqu'il n'était pas à la maison, je lui volais son oreiller pour pouvoir sentir son odeur encore et encore.

C'était uniquement en repensant à ces moments qu'un petit sourire pouvait apparaître sur mes lèvres. Je voulais entendre sa voix rauque et lente, je voulais sentir sa chaleur tout contre ma peau, goûter à ses lèvres et sa langue, sachant pertinemment qu'il aurait la saveur de la menthe. C'était à ce moment que mon sourire partait, car je savais que lorsque j'ouvrirais les yeux, Levi ne sera pas là, même si j'arrivais à imaginer son odeur de bois de santal et de rose, même si j'arrivais à ressentir sa main sur ma joue, je savais que tout cela n'était qu'illusion.

Je savais que le jour où je pourrais sortir de cet hôpital, il m'attendra en bas dans une voiture et il demandera à Hange de venir me chercher à ma chambre, mais je ne voulais pas que tout se passe comme il aura prévu. Je voulais le faire à ma façon et je savais qu'il allait être furieux. J'étais certain de ne pas vouloir rester ici, j'attendais à demain, pour pouvoir retourner chez moi. J'allais venir en clinique externe pour ma physiothérapie et les médecins étaient d'accord. Mes plaies physiques étaient encore douloureuses mais toutes refermés, je devais recommencer à bien manger et à bouger, ce qui aidera mon moral à s'améliorer et qui sait, peut-être allais-je voir Levi à notre appartement.

Uniquement y penser créait un nœud dans mon estomac, retourner dans mon appartement, là où tout c'était passé. Je me demandais naïvement si Levi avait fait nettoyer le plancher. Je savais que la réponse était oui, je savais même qu'il devait lui-même avoir repasser des centaines de fois par-dessus le travail des autres par remord. Je l'imaginais à genou au sol avec une brosse et des gants près d'un sceau d'eau savonneuse à frotter le plancher du salon encore et encore les sourcils froncés et le regard sévère comme si tout était la faute de ce pauvre plancher. Ses manches de chemise roulées et son pantalon noir immaculé de saleté, car l'appartement est déjà bien trop propre.

Ce fut sur cette image que je m'endormis. Pensant à Levi qui nettoie après mon attaque. Mon réveil fut silencieux. Aucun cauchemar, ce qui était en soit une belle avancée, une infirmière me souriait me disant que j'avais de la visite. Je fronçais les sourcils, je n'avais dit à personne que je comptais quitter l'hôpital mis à part les médecins et me voici face à Levi les bras croisés dans l'embrasure de la porte de ma chambre, ses lunettes de soleil dans la poche avant de son blouson, des gants aux mains et toujours parfaitement habillé et coiffé.

- Bonjour Eren.

Mon cœur venait de s'arrêter à cette voix, mes yeux s'écarquillèrent et se refermèrent laissant couler les larmes qu'ils contenaient. 

HollowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant