Hollow

44. Déchirer

Mon réveil en ce samedi matin fut difficile, j'avais dormi seul dans la chambre d'ami, il n'était pas venu me récupérer pour me mener dans son lit. Mon corps était raide d'avoir pleuré, je ressentais encore les traces des larmes de la veille. Après un tour rapide de sa demeure, je compris qu'il n'était plus là, il était parti et je n'avais aucune idée si cela faisait longtemps ou non, tout ce que je savais, c'était que ça me faisait mal. Je m'habillais avec le peu de vêtement que j'avais laissé dans sa chambre et me recouchais, mais cette fois-ci dans son lit, le visage enfouit dans son oreiller.

Je ne voulais plus pleurer, je ne savais pas quelle était la réponse à sa question d'hier, j'avais aucune idée de ce que j'aurais fait. J'étais paralysé face à cet homme, mais aujourd'hui, tout ce qui était claire dans ma tête, était que j'aimais Levi et que lui seul était capable de me faire ressentir des émotions, c'était comme si avant lui j'étais mort. Comme si je n'étais qu'une coquille vide qui errait sur la terre. Il était celui qui avait déclenché mon rythme cardiaque, celui qui m'avait donné le goût de vivre toutes ces émotions même si elles étaient difficiles à gérer.

Je sortis de son lit pour me rendre au salon tout en trainant son oreiller avec moi, je désirais sentir son odeur et elle était bien imprégnée dedans. Mon nez était caché dans l'oreiller et j'humais son parfum qui malgré les évènements de la veille me réconfortait. Je me laissais tomber sur le canapé comme la loque que j'étais et je remarquais le sachet. Il était encore plein, mais pourquoi Levi l'aurait laissé ici? Mes yeux étaient rivés sur le sac, mes mains serrèrent l'oreiller de mon amoureux et je me recroquevillais. Pourquoi était-il là? Pourquoi Levi n'était pas ici? Pourquoi étais-je seul?

Je trouvais la force de me retourner et d'ensevelir mon visage dans son odeur, un long frisson parcourut mon corps, j'avais froid. Je me relevais pour ouvrir la partie du canapé qui contenait les couvertures et je m'enveloppais dans celle dont le propriétaire brillait de par son absence. Avant de me rallonger, mes yeux tombèrent à nouveau sur le sac de coco qui trainait sur la table basse. Je clignais des yeux fréquemment, souhaitant qu'il disparaisse de ma vue, mais cela n'était qu'une utopie, il était là et il allait rester là jusqu'à ce que quelqu'un le bouge de cet endroit.

Je posai mes fesses au sol, devant la table basse, me recouvrant de la couverture pour couper le froid et pris l'oreiller de Levi pour avoir un peu de soulagement. Je ne savais pas combien de temps j'avais fixé la poudre comme si elle allait m'attaquer si je la quittais ne serait-ce qu'un instant du regard. Je savais uniquement que mes mains étaient devenues moites, que mon cœur battait fort dans ma cage thoracique et que je maudissais mon copain de me tester comme cela. Levi ne faisait jamais rien pour rien et il ne laissait jamais, mais au grand jamais, quelque chose traîner, c'était plus fort que lui, il devait tout ramasser.

Ce sachet sur la table du salon avait été posé là volontairement, il savait que j'allais le voir, il savait que c'était quelque chose qui était difficile pour moi. Il me testait, allais-je choisir la drogue ou bien... Ou bien quoi? Quel était l'autre élément qui était en jeu dans sa tête. Quel était l'autre partie du balancier? Quel choix me donnait-il? Je laissai ma tête retomber vers l'arrière, regardant le plafond immaculé de la demeure Ackerman, je ne comprenais pas ce qu'il attendait de moi. Voulait-il encore de moi? Il était parti sans un mot, désirait-il me laisser réfléchir? Me punir? Me quitter? Espérait-il que je parte? Je tirai mes cheveux et réprimai mes larmes, je ne devais plus pleurer. Merde!

- Qu'est-ce que tu veux bordel!!

De mon pied, je frappais la table, la faisant se renverser avec tout son contenu, brisant le verre par la même occasion. Fuck! Je tirais encore plus mes cheveux et resserrais la couverture tout contre moi, sans même que je ne le veuille, les larmes coulèrent de mes yeux et je me laissai tomber par terre. Laissant passer la douleur que mon épaule avait ressenti dû au choc, ma tête avait une plus grande blessure, le mentale était beaucoup plus long à guérir. Je laissais les couinements de mes pleurs sortir par ma bouche, après tout, je n'étais bon qu'à peu de chose, me saouler, me droguer, être baiser et pleurer. Voilà ce qu'était Eren Jaeger, une salope toxicomane qui se rabattait sur son sort.

Je voyais encore la drogue de l'autre côté de la vitre qui était maintenant fissurée à plusieurs endroits, Levi allait vouloir me tuer, il venait de se procurer cette table puisqu'il avait brisé l'autre. Je glissais ma main sur le verre, les fissures formaient une toile comme celle d'une araignée, mais ce n'était pas de la soie et ce n'était certainement pas l'une d'elle qui venait de créer ce gâchis. L'un des morceaux de la table tomba au sol tout en coupant le bout de mon doigt qui avait passé au travers de la vitre.

Au lieu de me lever pour me nettoyer et m'occuper de ma blessure, je regardais mon sang couler le long de ma main, la plaie brûlait comme du feu, mais la couleur qui s'en dégageait, était magnifique, un rouge si pur. Plusieurs lignes se formaient sur mon bras et descendaient vers mon biceps. L'entaille devait être profonde pour que le sang continu à couler comme cela. À force de garder mon bras dans les airs, ma main commençait à engourdir, mais malgré cela, le sang coulait encore. La douleur diminuait, mais le liquide écarlate avait désormais recouvert ma main en entier, mais larmes avaient cessé de couler, maintenant c'était un autre liquide qui s'échappait de mon corps.

Je n'avais pas entendu une porte s'ouvrir et encore moins les pas qui se rapprochaient de moi, je n'avais pas porter attention à la personne qui me regardait déjà depuis un bon moment. Mes yeux étaient encore occupés à regarder mon sang peindre ma peau, séché à certains endroits et encore frais à d'autres.

- Eren?

- Je suis désolé Levi... J'ai brisé ta table.