3. Indécence

541 29 11
                                    

La seule personne pour qui je sortais mon cul de ma maison était ce blondinet qui se trouvait devant moi à manger son omelette et à me raconter sa vie. Comme à mon habitude, je faisais tache au côté d'Armin. Lui qui était d'un blond magnifique, aux cheveux droits et aux yeux d'un bleu céleste. Comme toujours, il était bien habillé, un pantalon à pince à carreaux bleus et blancs, un pullover acier qui me rappelait... L. Je n'écoutais pas ce qu'il me racontait, piquant tout et n'importe quoi qui se trouvait dans mon assiette sans jamais le mener à ma bouche. Ma tête était dans les nuages, ses nuages, me rappelant la couleur de sa peau, de ses cheveux, de ses... lèvres.

- Oh! Eren! Dis-le si je t'ennuis.

- Je... Désolé Armin, j'étais perdu, tu disais?

- Pendu dans quoi Eren? Tu as l'habitude d'être taciturne mais, là tu rêvassais. Tu as rencontré quelqu'un?

Mes yeux verts trop grands s'écarquillèrent, mes joues rougirent et ma fourchette tomba dans mon assiette, ma mâchoire s'était décrochée toute seule et je cherchais l'excuse du siècle car, mentir à ce blond était une mission impossible. Il posait peu de question mais, lorsqu'il le demandait, il avait ses réponses sans que je n'aie besoin de dire un mot. La seule histoire qu'il ne savait pas, était mon escapade de presque deux ans, personne ne le savait et je ne me livrerai jamais à personne sur ce chapitre de mon passé.

- Oooooh, Eren intéressé par quelqu'un! Raconte tout! À quoi il ressemble?

- Armin...

- Non mais oh! Tu vas me faire croire que tu n'as rencontré personne alors, que tu viens de me faire le visage d'une vierge effarouchée qui vient d'être prise les jambes écartées avec une queue entre les jambes?

- Trop graphique Armin et ce serait la queue dans le cul, je n'ai pas de vagin à ce que je sache.

Et c'était comme cela que la serveuse du restaurent à déjeuner terminait de remplir mon café et quittait la table les joues empourprées et le regard choqué. Merci pour ma réputation Armin. Je soupirai, passant la main dans mes cheveux déjà trop mêlés et nous n'étions que neuf heure du matin. Il était le seul à qui je parlais, mais parfois il m'exaspérait. Tout le monde cherchait à mettre une queue dans mon lit alors, que je n'en étais pas intéressé.

- Je ne l'ai pas rencontré Arm, je l'ai vu et je peux te garantir que je ne vais pas le revoir de sitôt.

- Pourquoi?

- Parce que je lui ai servi le thé le plus dégueulasse de sa vie, voilà pourquoi.

- Comment il s'appelle? Et c'est quoi cette histoire de thé? Tu ne travaillais pas dans un café?

- Je ne connais pas son prénom, je ne comprends pas pourquoi il est venu dans un café commandant du thé. Il m'a laissé une note me disant que j'avais violé ses papilles gustatives avec la boisson que je lui avais servi et c'était signé L.

- Wow, il a du cran.

- Il est effronté mais, putain qu'il est beau, du genre œuvre d'art beau. Mais... On vient de deux mondes différents alors, non je n'ai rencontré personne.

- Et bien! Ce soir tu vas peut-être rencontrer un bel Adonis qui va te faire tourner la tête.

- Je travaille ce soir Arm.

- Non Eren, tu ne me feras pas ce coup-là. Ce soir on sort que tu le veuilles où non et c'est moi qui choisis ta tenue compris? Tu n'as pas un mot à dire car, je vais te sortir par la peau du cul de ta putain de chambre. C'est l'inauguration de mes œuvres et tu vas y être, suis-je clair?

- Oui monsieur, pardons monsieur.

Il sourit et reprit sa litanie que je m'efforçais de suivre.

- Merde Armin, t'en es sure?

Je me regardais devant le miroir, je portais un chandail de soie vert forêt beaucoup trop moulant à mon goût, un pantalon noir prouvant l'absence de mes fesses et la présence de mes jambes trop fines. Je fus forcé de troquer mes éternels converse pour porter des chaussures dites propres selon Armin. Je me voyais et je me détestais déjà. Ce reflet n'était pas moi mais, bien une image altérée de moi. Je n'avais pas de chandail trop grand qui cachait ma trop petite taille, pas de jeans délavé trop utilisé et mes pieds allaient souffrir dans ces chausses contenant trop de cuir à mon goût. Un petit veston noir couvrait mes épaules et je priais pour qu'il reste en place et ne se mette pas à glisser à la fin de la soirée.

Je devais aller à l'exposition d'œuvre d'art de mon meilleur ami, l'encourager était la moindre des choses que je devais faire. Pour lui, je me bottais les fesses à sortir de ma maison non sans choquer ma mère lorsqu'elle me vit «bien habillé» . La soirée était fraîche, mais la galerie d'art était bondé, je m'ennuyais à mourir et tout le monde se démenait pour avoir l'attention de mon meilleur ami. Après tout, il était l'homme de la soirée. Je scrutais les tableaux qu'il avait peint me déplaçant dans la foule d'admirateur, jusqu'à ce que mes yeux tombent sur un regard d'acier.

Il était là, accompagné d'une jolie rousse qui avait les mains posées sur son torse, elle lui parlait, mais il ne la regardait pas. Je le savais car, ses yeux étaient sur moi. Mon souffle s'arrêta pour un moment, un frisson parcourut mon corps en entier. Je devais quitter cette putain de galerie maintenant mais, je savais que je ne pouvais pas le faire sans dire aurevoir à Armin. Mes jambes ne me répondaient plus, je ne savais plus où j'allais, encore une fois, ma conscience c'était déconnectée car, cet homme rivalisant avec David fait par Michel-Ange avait les yeux rivés sur moi. 

Sans voir où j'allais, je me retrouvai dans les toilettes des hommes à passer de l'eau froide sur mon visage. Une fois séché, je sortis mon téléphone et écrivis un mot à la vedette de la soirée pour lui annoncer mon départ ne levant pas les yeux pour me voir dans la glace qui se trouvait devant moi. Lorsque je les levais vers le miroir, mes jambes ramollirent immédiatement et mon cœur s'affola. Il était derrière moi, appuyé sur le mur comme un mannequin attendant son tour mais, il n'avait pas à patienter, nous n'étions que deux dans cette salle conçut pour plusieurs. Je ne comprenais pas d'où ça me venait mais, la colère s'empara de moi. Après tout... J'étais celui qui lui avait fait un thé dégueulasse.

- Quoi!?

Son visage resta de marbre, il décolla son grand corps musclé du mur et s'avança vers moi, je ne l'observais pas directement dans les yeux, mon visage était toujours tourné vers notre reflet. Je sentis ses mains s'appuyer sur le lavabo de chaque côté de mes hanches. Son souffle se retrouva tout près de mon oreille, un arc électrique traversa tout mon corps et je retenus un gémissement de plaisir. Putain ce qu'il me faisait comme effet et il ne m'avait pas touché, pas encore.

- Je ne t'apporterai rien de bon mis à part la meilleur partie de jambe en l'air de ta vie.

Je ne savais pas d'où me venait le courage, mais je me retournai et ce visage parfait n'était plus qu'à quelque centimètre du miens. Son souffle avait une odeur de champagne et je désirais tellement y goûter, il y avait un magnétisme entre nous, je tendis la main et il se recula refusant mon touché. Ma respiration était saccadé, je vis l'ombre d'un sourire se dessiner sur son affect de marbre et juste avant de quitter la pièce sa voix suave et lente me souffla « Réfléchis-y mon joli ». 

HollowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant