33.

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Cyriac referma la porte de ce qui avait été autrefois sa chambre. Tout y était resté en place, sa mère espérait certainement qu'il reviendrait et retrouverait cet espace qui avait représenté pour lui une prison qu'autre chose.

Il arpenta le corridor et émergea dans l'aile réserver à l'apprentissage. Il y avait un rayon de bibliothèque dont il se souvenait avoir passé des heures à lires des ouvrages le plus souvent sur l'art de la sculpture. Il y avait également un coin réservé à la musique, le piano était toujours disposé à la même place. De même que le violon et la flûte. Il prit cette dernière et souffla quelques notes musicales. Il savait en jouer mais cela n'avait jamais été son instrument favoris. Il préférait le piano. C'était beaucoup plus reposant, il suffisait de faire jouer ses doigts sur les touches du clavier, et il était un virtuose dans l'art d'user de ses mains.

Il caressa doucement la surface du piano sombre et fit glisser ses doigts d'un coup sur toutes les touches. Le son résonna merveilleusement à ses oreilles. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas jouer, il prit place sur le tabouret et laissa son esprit fourbe réfléchir à une mélodie ténébreuse, mélancolique et funeste.

Il choisit une mélodie de Erik Satie, Gymnopedie No.1. Il laissa ses doigts jouer avec les touches du piano sans vraiment ressentir cette sensation qui l'animait auparavant quand il extériorisait ses émotions en musique. Il se trompa de note et renonça.

— Tu perds la main, railla Dimitri.

— C'est cette maison qui m'agace, grinça t-il.

Il interrogea sa montre.

— D'ailleurs il est l'heure de dîner et de quitter cet endroit.

— Dans ce cas ce sera le plus long repas de toute ma vie, marmonna Dimitri.

— Essaie alors de le rendre intéressant, je suis sûr que tu sauras y faire.

Ils retrouvèrent Elena et sa mère qui les attendaient déjà. La jeune femme avait mis une robe sombre très courte à la place de son accouchement de tout à l'heure. Sa mère aussi avait changé de vêtement. Pour un tailleur strict et d'un rose pâle.

— J'espère que vous serez satisfait et que vous me laisserez enfin en paix après ce dîner, fit valoir Cyriac en tirant sa chaise pour s'asseoir.

Sa mère inclina la tête pour seule réponse à ses propos. Mais il savait qu'elle n'en resterait pas là. Il ingurgita une gorgée de vin et observa à travers ses yeux plissés Elena qui venait de s'asseoir juste en face de lui. Il sentit son pied effleuré volontairement sa jambe sous la table et la caresser tout au long. Il leva les yeux au ciel et choisit d'ignorer le petit jeu auquel elle voulait s'adonner. Il n'avait pas très faim de toute façon. Heureusement, son téléphone vibra et se fût avec joie qu'il cessa de prendre part à la conversation des deux femmes. Mais en ouvrant l'email que venait de lui envoyer Isaure il ne s'attendait pas à découvrir plusieurs clichés de la jeune femme. Sans doute un résumé complet de sa journée. Il déglutit péniblement et se crispa, peinant à contrôler son trouble.

Y avait-il plus délicieux et délicate créature que cette jeune femme au regard vide ? Il fit défilé les photos et se figea sur celle qui la représentait endormie sur le canapé de la salle de séjour. Sur ses épaules étaient recouvert d'une de ses vestes. Ainsi c'était là qu'il l'avait laissé. Il fronça les sourcils et fit glisser ses doigts sur l'image suivante, où elle caressait ses lèvres d'un air pensif. Ces lèvres qu'il avait goûté quelques heures plus tôt. Des lèvres douces et sucré. Il trembla de désir et sentit son entrejambe s'éveiller.

Il étouffa un juron et éteignit son téléphone. Il ingurgita une nouvelle gorgée de vin, mais cela ne le calma pas pour autant.

— Tout va bien Cyriac ? Lui demanda Elena un sourire sensuel flottant sur ses lèvres.

Une si troublante proposition.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant