63.

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Dès qu'elle eut mît le nez dehors, Cyriac alerta ses gardes du corps afin qu'ils gardent un œil sur elle. Tant qu'il n'avait pas mit la main sur son adversaire, il devait se montrer prudent.

Pendant l'absence de la jeune femme, il fit un peu d'exercice pour faire baisser la tension qui couvait en lui. Un mélange de rage et de désespoir.

Après les exercices, il prit un bain chaud et se prépara une tasse de café sans sucre . Isaure concoctait le dîner à ce moment là.

— Du gyros, devina t-il à l'odeur.

Isaure opina.

— Bientôt le réveillon et comme je sais que tu n'as pas l'intention de le passé sur l'île je voulais faire goûter à Hilda une spécialité pour l'occasion, expliqua t-elle.

— C'est dans deux jours, souligna t-il.

Isaure approuva d'un hochement de tête.

— Je suppose que tu iras te recueillir sur la tombe de tes parents.

Elle lui gratifia d'un sourire.

— Tu me connais si bien.

Il l'aida à couper les légumes pendant que la viande mijotait.

— Et toi tu comptes emmener Hilda en Russie?

Il n'y avait pas franchement réfléchi. Il était vrai qu'il était habituellement convié au réveillon organisé par la famille d'Anastase. Et avec la menace qui planait au dessus de leurs têtes, changer de paysage serait préférable. Mais rien ne garantissait que la jeune femme accepterait de le suivre.

— Je crois qu'elle m'en veux... énormément, déclara t-il.

— Je vois, elle n'a pas vraiment apprécié tes pratiques, devina Isaure.

— Non, convînt t-il un sourire contrit aux lèvres.

Et pour être honnête lui aussi avait détesté lui forcer la main.

— Tu veux mon avis ? Tu essaie de la transformer en une femme qu'elle n'est pas et ne sera peut-être jamais. Arrête de voir en elle une Elena ou une Grâce. Elle est différente.

Cyriac grogna.

— Je sais qu'elle est différente.

Diamétralement opposée à tout ce qu'il avait connu jusque là.

— Dans ce cas traite là de la manière qui convient.

— Si seulement je savais comment on traitait une femme comme elle je ne serai pas là comme un idiot à regretter mes actes.

Isaure posa sa main sur la sienne en un geste compatissant.

— Sans compromis tu n'arriveras à rien, lui conseilla t-elle. Si tu veux gagner une chose tu dois en abandonner une autre.

— Tu propose que j'abandonne mes pratiques ?

— Je propose que tu essayes de connaître le plaisir comme Hilda le voudrait. Après tout elle a bien essayé à ta façon, tu lui dois bien ça.

Cyriac tiqua, il n'avait pas vu les choses sous cette angle.

— Et si ça ne me plaît pas ? S'enquit-il suspicieux.

— Tu devras prendre une décision. Et je n'en vois qu'une : la laisser partir.

La simple idée d'imaginer cette éventualité lui était intolérable.

— Je ferais tout pour la garder près de moi, j'ai l'impression qu'elle ait ce signe d'espoir que j'espérais tant.

Elle pouvait le faire changer, et il avait envie de lui accorder le bénéfice du doute. Il avait tant encore à lui révéler, toutefois il commencerait tout doucement.

Une si troublante proposition.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant