77.

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Hilda ne savait plus quoi ranger. Elle fût tenter de reprendre le balais et de repasser une énièmes fois sur le plancher déjà propre.

L'angoisse la gagna. Il fallait qu'elle s'occupe, mais comment ?

Elle jeta un coup d'œil dehors, les gardes du corps étaient là, debout près de l'entrée attentifs à chaque mouvement. Ils ne se cachaient pas et personne n'avait approché la boutique depuis son arrivée.

Tant mieux elle n'avait pas le cœur à travailler de toute façon. Si elle avait demandé à quitter la propriété c'était uniquement pour fuir l'atmosphère pesant qui y régnait. Elle leva la tête pour admirer le ciel sombre. L'arrivée de l'orage était imminent, il était à peine six heures du soir mais l'obscurité était presque totale. Elle resserra son pull contre elle.

Cyriac. Oú était-il? Allait-il bien ?

Elle avait tellement peur, tellement peur de le perdre lui aussi. De ne plus le revoir.

Elle retourna près de la table et contempla les seuls bouquets qu'elle s'était autorisé à faire. C'étaient ceux du grec. Elle sentait une émotion étrange lui serré l'estomac à leur contemplation. Comme s'il y avait une chose qui lui échappait. Elle caressa le premier bouquet, les pétales délicats. Elle s'en saisit et huma le parfum donné par le mélange de tamarin, gentiane, euphorbe, myosotis, centourée, aster, asphodèle et ageratum. Les fleurs qu'il avait choisi envoyaient un message clair... le destinataire était cher à son cœur. Ce qui contrastait avec le langage du second bouquet. Tristesse, funeste, fatalité... il ne manquait pas d'adjectifs pour qualifier les fleurs qui le composaient.

C'était comme s'il implorait le pardon pour un événement malheureux. Pour avoir faillit à son rôle et d'avoir été impuissant.

Elle se mordit la lèvre. Elle avait la désagréable impression de passer à côté de quelque chose. Que la réponse était sous son nez. Cependant elle n'avait pas la tête pour résoudre cette énigme, ses pensées étaient submergées par l'appréhension.

À chaque voiture qui passait elle accourait vers la porte et au fil des heures un calme sinistre s'était installé. Elle se laissa tomber dans le désespoir sur la table du comptoir.

Ce n'est que lorsqu'elle sentit une main lui tapoter l'épaule qu'elle émergea de son sommeil. L'un des gardes se tenait devant elle le visage impassible.

— Il est temps de rentrée Mlle O'Brien, lui annonça t-il.

Elle leva les yeux vers l'horloge. Malgré l'obscurité il était huit heures du soir à peine.

— Cyriac...

— Il ne reviendra pas. Mettez votre manteau et une ombrelle.

«Il ne reviendra pas » cette phrase pouvait dire tellement de choses dont elle n'avait pas envie de penser. Elle obéit aux ordres comme un automate. Son manteau lui sembla peser une tonne sur ses épaules. Elle sortit du magasin, dehors la pluie faisait déjà des siennes.

— Oú allons nous ? L'interrogea t-elle.

— Le choix vous revient.

Elle opina. Autrement dit elle avait deux alternatives ; rejoindre la propriété d'Anthon Milan et l'atmosphère pesante qui y régnait ou rentrée au chalet et se retrouver toute seule avec ses peurs.

Elle tournait la clé de la serrure lorsque deux voitures sombres se garèrent dans la rue. L'homme de main de Cyriac émergea de la première et les deux amis du grec de la seconde. Elle s'affola devant l'état épouvantable de leurs vêtements. Ils étaient couverts de sang et rien sur leurs visages ne trahissait leurs émotions.

Une si troublante proposition.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant