D'un geste rageux, Cyriac Kreïyos jetta la lettre dont il venait de prendre connaissance; et il détestait ce qu'il avait lu.
— Ça ne peut plus durer !
Dimitri son conseiller et bras droit sursauta. Il tira nerveusement sur sa cravate et contempla le panorama qui s'offrait à lui. Il détestait les imprévus, surtout lorsqu'il s'agit d'un projet qui lui tenait à cœur.
— Pourquoi n'ai-je pas été mit au courant plus tôt ? S'énerva t-il.
Une jeune femme se tairait seule dans un de ses centres de rééducation et il l'apprenait que maintenant ?
— Inutile de t'énerver contre moi, je n'étais pas plus informé que toi, se défendit Dimitri.
— Et bien tu aurais dû ! Qui sait si elle n'est pas déjà morte ?
— Mlle Mór est bien vivante et il semblerait même qu'elle apprécie mieux la solitude.
Le grec se crispa. Il était bien placé pour savoir les méfaits qu'avait la solitude sur un être brisé. Qui plus ait une femme ! Comment l'avait-il appelé déjà ?
— Je me fiche de ce qu'elle apprécie, le plus important c'est sa guérison et le fait d'être couper du monde ne résoudra certainement pas son problème !
Quel problème avait-elle au juste ? Était-ce une adolescente qui vivant dans la misère avait sombré dans la cocaïne à en devenir dépendante ? Peut-être une prostituée droguée qui avait tenté de mettre fin à ses jours ? Ou pire une femme violée...
Il repoussa cette dernière supposition au risque de faire ressurgir de vieux démons.
— Qui était en charge des patients de ce centre ?
— Une certaine Mme Sienna.
Sans doute une italienne sans expérience qui avait décidé d'abandonner une patiente trop récalcitrante ! Et dire qu'en cet instant une jeune femme vivait seule dans son centre de rééducation en Toscane.
— Fais préparer le jet, et dit au pilote que je veux être en Italie dans une heure tout au plus.
Il décrochait déjà sa veste de son fauteuil et l'enfila sous le regard en coin de Dimitri.
— Et pour ta mère ? Lui demanda t-il anxieux. Elle ne va pas apprécié que tu t'en ailles alors que tu rentres à peine.
Cyriac haussa négligemment les épaules. Sa mère était la dernière personne dont il se souciait en ce moment.
— Ma mère devra être un peu plus patiente, tu te charges de lui transmettre le message.
Dimitri crispa un sourire. Affronter la mère de Cyriac n'était pas une mince affaire. Elle était aussi froide et impassible que son fils.
— Sérieusement ? Insista Dimitri en déglutissant.
Pour toute réponse, il tira de la poche de sa veste sa carte de crédit et la lui tendit.
— Achète lui un beau bijou peu m'importe, ça l'apprivoisera, avança le grec.
Sa mère était comme toutes les femmes à se pâmer devant un diamant, sauf qu'elle avait assez d'expérience pour feindre l'indifférence. Sans plus attendre, il quitta le bureau. Il était pressé de régler le problème Hildegard Mór au plus vite.
***
L'orage.
Hilda faisait tourner sa cuillère dans sa tasse de café le regard rivé sur la vitre où s'abattait de violentes gouttes de pluie. Elle était revenue dans sa chambre et la nuit était à présent tombée. Un éclair zèbra le ciel obscur, éclairant l'extérieur. Elle pu admirer l'étendue de la plage grise et la mer houleuse pendant une fraction de seconde. Elle porta sa tasse de café à ses lèvres et en bu une gorgée. Elle ne grimaça pas d'amertume et se força à avaler le liquide infecte. Elle n'était même pas capable de se préparer un café correct.

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Une si troublante proposition.
RomanceHilda est convaincue que jamais elle ne parviendrait à surmonter son traumatisme et mener à nouveau une vie normale. Mais lorsqu'après sept ans dans le centre de rééducation de Toscane elle fait la rencontre de Cyriac Kreïyos, le propriétaire des li...