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L'aube.

Cyriac l'avait regardé arriver avec impatience. Il roulait sur la route encore déserte de Palerme en direction du lieu de rendez-vous que lui avait communiqué Nikos. Il s'agissait d'une vieille propriété abandonnée si ses recherches étaient exactes.

Il jeta un coup d'œil par dessus son épaule, Tara Clarck remuait sur la banquette arrière pieds et poings liés. Il avait mit de l'adhésif sur sa bouche pour la garder sous silence car il ne se faisait pas assez confiance pour la conduire vivante jusqu'à Nikos si elle osait prononcer le moindre mot.

Il appuya sur l'accélérateur pour traverser la ville sans tenir compte de l'aiguille qui tanguait dangereusement sur le tableau de bord. Il aurait volontiers accéléré davantage si c'était nécessaire, mais il avait atteint la limite. Il voulait en finir au plus vite.

Il avait prit deux armes avec lui, ainsi que deux petits couteaux cachés sous son pantalon au niveau des chevilles. Il n'avait pas besoin de plus pour vaincre Nikos. Il s'agirait plus d'un combat à main nu qu'autre chose. Une balle dans la tête serait trop rapide et n'apporterait aucune satisfaction. Ils leurs fallait voir la douleur sur le visage de l'adversaire, il voulait tenir son frère par le coup et regarder la vie s'échapper de son corps. Ce serait un combat à mort. Et pour Cyriac il n'y avait que deux alternatives. Soit Nikos mourait, soit ils mouraient tous les deux. Il ne laisserait jamais Hilda derrière lui avec une telle menace.

Hilda.

Le doux visage de la jeune femme s'imposa à lui. Il aurait aimé lui dire qu'il aimait au moins une fois. Il espérait qu'elle comprendrait avec les fleurs. Il n'était pas très doué avec les mots, c'était nouveau pour lui. Si jamais il survivait à ce duel, il s'ouvrirait se promit t-il. Il lui offrait chaque émotion, chaque sensation tout comme elle lui avait offert tout d'elle. Il ne la méritait pas mais il était trop égoïste et possessif pour la laisser à un autre, à une meilleure vie. Elle était à lui. Il ne pouvait pas changer qui il était, cependant il pouvait éliminer la plus grande menace de leur existence —Nikos—cela n'aurait peut-être pas d'importance à ses yeux mais elle n'aurait plus de raison d'avoir peur.

Il freina après avoir traversé le portail délabré et la voiture s'arrêta dans un brouillard de poussière. Lorsque celle-ci s'évapora il croisa le regard satisfait de son frère.

Il crispa les yeux sur le volant. C'était comme se voir dans un miroir. Pas de peur, pas d'intimidation. Juste un profond désir d'achever de manière spectaculaire cette guerre de vengeance. Il descendit du véhicule.

— Tu es en avance, s'écria Nikos avec une joie perverse. Mais je ne vois pas Tara.

— Elle est pourtant là, bien qu'il soit vrai que j'ai beaucoup songé à lui trancher la gorge pendant le trajet. L'idée me hante encore.

Nikos arqua un sourcil narquois.

— Il n'est pas trop tard, fit-il valoir.

— Ta mort sera déjà difficile à me faire pardonner alors j'éviterai de salir mes mains inutilement, répliqua Cyriac. Tues-là toi-même.

— Cyriac Kreïyos a des scrupules ?

Il ne répondit pas. Ce n'était pas nécessaire. Les sentiments qu'il éprouvait pour Hilda remettait en question ses actions. Il était vrai qu'avant il n'y aurait eut aucune hésitation, ce n'était plus le cas. Nikos serait la dernière personne qu'il tuerait sans son approbation parce qu'il ne pouvait pas en être autrement. Pour la suite—s'il y en avait une—il la consulterait d'abord.

Il ouvrit la portière et tira Tara pour la faire sortir du véhicule. Il usa son couteau pour défaire les liens dans son dos et lui retira l'adhésif de la bouche. Elle essaya de courir vers Nikos mais il lui maintint en place par les cheveux et pointa son couteau contre sa carotide.

Une si troublante proposition.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant