Les Élus de Paramoni

1/ Les pétales d'une rose

A TRAVERS LA NUIT NOIRE, des gyrophares bleus et rouges s'agitaient aléatoirement, provoquant une source de lumière aveuglante et perceptible à des kilomètres à la ronde. Dans un quartier paisible de l'Indiana, une petite maison était entourée de policiers. Le calme du soir n'était plus ; la sirène aiguë de l'ambulance et les lumières frénétiques des voitures de police troublaient le sommeil des résidents. Les maisons étaient vides : tout le voisinage s'était agglutiné derrière les bandes jaunes placées par les enquêteurs. Là, dans le froid glacial de l'hiver, les voisins observaient les policiers sortir un corps emballé dans un sac mortuaire.

Perturbés, ils se demandaient qui était transporté sur ce brancard. La petite famille Young qui vivait ici, était une de ses familles heureuses et sans histoire. Les deux jeunes filles Young sortirent de la maison, accompagnées par leur père. Un véritable soulagement se fit sentir parmi la foule ; rien n'était arrivé aux enfants. L'aînée, Clarissa, assez jeune pour comprendre que sa mère était morte, pleurait toutes les larmes de son corps. Pendant que sa petite sœur Erika restait de marbre dans les bras de son père. Les policiers refermèrent les portes de l'ambulance et Clary s'écroula au sol. A peine âgée de sept ans, son corps d'enfant n'avait pas supporté l'horreur à laquelle elle était confrontée.

Une silhouette entièrement vêtue de noir passa les barrières, dans la plus grandes des discrétions. Furtive et silencieuse, elle s'approcha de la petite fille. Elle récupéra l'enfant à terre et la prit dans ses bras, dévoilant des mains féminines couvertes de symboles dorés. Elle tint fermement la jeune fille contre elle, la réchauffant dans son ensemble de kraft noir. Personne ne semblait remarquer cette inconnue, elle était comme invisible, cachée derrière un voile qu'aucun ne pouvait voir.

La femme repoussa doucement le tee-shirt de l'enfant, trouvant ainsi une tache de naissance sur son épaule ; un croissant de lune.

La petite fille ouvrit tout doucement les yeux.

- Maman ?

Clary ne pouvait pas voir l'entièreté du visage de l'inconnue, il était caché sous une grande capuche sombre. Néanmoins, elle distinguait des marques dorées sur ses joues. La femme prit ses petites mains, et Clary put admirer les symboles grecs qu'elle avait sur la peau. Elle passa ses doigts dessus, délimitant la dorure des marques.

- Je t'ai retrouvé, dit la femme dans un murmure. Te voilà enfin après toutes ces années. Je devais te protéger. Tu es vouée à un grand destin, ajouta-t-elle.

- Moi ?

- Je ne peux rien te dire de plus, ce serait prendre un gros risque, jeune Clarissa mais tout viendra en temps et en heure. Tu comprendras ce que tu devras faire, tu seras aidée, chuchota la femme en souriant. Souviens-toi seulement de moi. Quand je t'appellerai, et je t'appellerai, tu viendras me trouver.

La femme posa ses mains sur les joues baignées de larmes de la petite fille.

- Qui êtes-vous ?

- Dans notre monde et celui des grecs, je suis appelée Paramoni, répondit-elle. Les Mortels m'appellent Eve.

- Notre monde ?

- Tu es une femme Clarissa, une femme unique... n'oublie jamais ça, lui dit-elle.

La femme ôta ses mains des joues de la fillette et les dirigea vers ses poches, elle en sortit un collier en forme d'œil entouré de pétales de rose. Elle déposa le collier dans la main de Clary avant de dire :

- Cent vies pour cent pétales que comportent une rose, lui murmura-t-elle.

A peine Clary eut-elle relevé les yeux du collier pour les porter sur la femme, que celle-ci avait disparu. Emportée dans le vent glacial, il n'y avait aucune trace d'une quelconque présence.

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