Les Élus de Paramoni

2/Le plan de Neven

NEVEN AVAIT PROMIS à Clary de la retrouver à la tombée de la nuit sans en dire plus. Là était tout l'art d'un Ceaillagh, tenir en haleine ses interlocuteurs lors d'événements suspicieux. Elle était rentrée chez elle et avait laissé sa fenêtre ouverte, comme il le lui avait demandé. Une fois de plus, elle se laissait embarquer avec lui sans broncher. Clary se tourna vers la glace pour scruter le bandage que lui avait fait Neven. Elle décolla lentement la compresse pour constater l'évolution de sa griffure et elle fut surprise de découvrir une peau réparée et ferme.

— C'est un miracle, murmura-t-elle en glissant ses doigts sur sa peau. Il n'y a plus rien...

Elle n'en revenait pas ! Sa vie avait basculé, comment pouvait-elle redevenir l'ancienne Clary ? Elle savait des choses que les humains ignoraient, elle pouvait expliquer l'inexplicable, comment continuer à vivre en ignorant ? Là était peut-être le danger comme l'avait dit Côme.

Des coups sur le carreau de sa fenêtre se firent entendre. Clary s'empressa de relever son rideau et découvrir Neven de l'autre côté. Il se faufila dans sa chambre avec la souplesse d'un chat. Il tomba gracieusement sur le sol et réajusta son blouson de cuir.

Neven la balaya d'un regard, constatant qu'elle était en nuisette et en short de nuit en dentelle. Il toussota avant d'indiquer sa tenue, les yeux fins et ravis.

— C'est un piège Clary ? Parce que si c'est le cas, je te suis.

Elle jeta un œil à sa tenue, elle s'étouffa et attrapa une couverture pour s'emmitoufler.

— Je sors de la douche ! se défendit-elle.

Clary le dévisagea et il s'assit sur son lit.

— Sympa ta chambre, ça fait très... Annette Hargrove

— La ferme, siffla-t-elle. Tu pourrais te retourner pour que je puisse m'habiller ?

— Oh pitié, ce n'est pas comme s'il y avait quelque chose à voir, souffla-t-il en étendant ses longues jambes devant lui.

— Neven !

Clary lui envoya un coussin dans la figure. Elle se tourna et ouvrit son armoire, elle en sortit un jean et un tee-shirt blanc qu'elle enfila en quatrième vitesse. Clary manqua de tomber dans sa maladresse, mais elle se rattrapa au lit, ce qui fit rire Neven.

— Tu n'étais pas censé regarder ! cracha-t-elle.

Elle croisa les bras.

— Tu ne voudrais pas m'expliquer ton plan ?

— Je t'expliquerai tout une fois qu'on sera au lycée, répondit-il en attrapant un châle qui traînait sur le lit pour le placer sur les épaules de Clary. Il pleut dehors, couvre-toi.

Elle resserra sa laine et fronça les sourcils.

— Au lycée ?

— La dernière attaque s'est produite là-bas, c'est le refuge qu'il a repéré. C'est moi qui l'ai coincé dans l'établissement parce qu'il ne devait y avoir personne...

— Sauf que j'y étais, dit-elle. C'était donc de ta faute s'il m'a poursuivie.

— Je ne formulerais pas ça comme ça, reprit Neven en plissant les yeux. On y va ? Si tu veux revenir avant que ton père ne le remarque, c'est le moment.

Neven souleva dans un geste maîtrisé, la fenêtre de Clary avant de l'enjamber. Il se laissa tomber et Clary eut un sursaut mais elle découvrit que Neven avait atterri sans mal. Elle enjamba à son tour le rebord de la fenêtre, se tenant fermement au plâtre. Elle laissa un espace assez fin pour l'ouvrir quand elle reviendrait.