Les Élus de Paramoni

34/Révélations sacrées

 CLARY ROULAIT doucement dans la ville de Fox Glow quasiment à l'arrêt à l'approche du couvre-feu. Les magasins qu'elle croisait commençaient à fermer, les gens se hâtaient pour rentrer chez eux et les policiers se mettaient en route. En deux heures, Clary aurait probablement le temps d'avoir ce qu'elle voulait vraiment ; des réponses. Comme elle allait s'engager sur la route principale qui menait au pensionnat, elle passa devant un bar miteux qui surplombait un vieux parking. Une Buick Regal sport noire des années soixante-dix attira son regard. Intriguée par la solitude de cette voiture au beau milieu d'un parking jonché de détritus, elle se gara non-loin.

— C'est une mauvaise idée, se dit-elle. Mon dieu...

Neven était comme un véritable aimant vers lequel elle ne cessait d'être attirée, c'était une force invisible qui la tractait vers lui. Clary sortit, laissant son sac sur la banquette. Elle prit son courage à deux mains puis se dirigea vers ce bar. Il était en-dessous d'un hôtel dont les câbles électriques étaient emmêlés, touchant presque le sol. Non loin se trouvait un terminus où se tenait un homme recroquevillé sur lui-même. A ses pieds, une bouteille enveloppée dans un sachet marron déchiré. Clary frissonna, elle retint sa respiration et hâta le pas. Elle espérait de tout cœur que l'homme ne se lèverait pas de son siège.

Elle fut soulagée quand elle put ouvrir la porte du bar sans avoir été dérangée. L'intérieur était très petit. Il y avait seulement un long bar aux sièges rouges où quelques motards étaient assis, faisant face à un seul barman qui était mal en point. La barbe grise, mal taillée, la peau terreuse et une loque à carreaux qui lui servait de chemise, ce vieux barman n'était pas plus rassurant que l'ivrogne assis au terminus.

Clary regretta d'être entrée mais elle fut bien vite d'aplomb quand elle reconnut Neven au fond du bar. Assis seul à une table, il y avait un carnet noirci par son écriture près de lui ainsi qu'un verre plein.

« Monsieur a tous les droits, voilà qu'on lui sert de l'alcool alors qu'il n'a pas l'âge » pensa-t-elle.

A demi dans la pénombre, la moitié du visage éclairé par un néon rouge, il semblait dangereux. Clary marcha sans bruit pour ne pas attirer l'attention du barman, qui semblait trop occupé à discuter avec un motard. Elle décala une chaise pour s'asseoir mais, sans relever la tête, Neven écarta un bras pour l'en empêcher.

— La place est déjà prise, marmonna-t-il.

Il releva la tête et parut surpris en découvrant Clary.

— Bordel, Clary mais qu'est-ce que tu fous ici ? Tu me pistes ou quoi ?

— C'est toi qui dis ça alors que tu m'as suivie pour me demander de te rendre ton journal ?

Neven fronça les sourcils.

— Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il en refermant son carnet. Et la question principale, comment tu m'as trouvé ?

Clary s'assit et croisa les mains.

— J'ai vu ta voiture sur le parking.

Neven leva un sourcil et lui fit signe de développer.

— Donc, tu as vu ma voiture et tu t'es dit que tu allais me faire une petite visite ? Bien. C'est gentil de ta part mais on n'est pas potes, Blondinette alors qu'est-ce que tu veux vraiment ? C'est flippant tu sais ?

Clary gonfla la poitrine.

— Je voulais... enfin... je veux te forcer à travailler avec moi.

Neven éclata de rire.

— C'est une blague j'espère ? rit-il.

— Non Neven, ce n'en est pas une. Crois-moi, j'ai essayé toutes les solutions possibles pour non seulement t'éviter mais aussi pour trouver un moyen de travailler seule. Hélas, ce n'est pas possible alors nous sommes obligés de coopérer pour cet exposé.