29/L'évocation de l'enfance

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CLARY S'ALLONGEA sur le torse de Neven, son tee-shirt noir sur le dos. Elle s'amusa avec le collier qu'il arborait, tournant la croix celtique dans sa main. Les doigts de Neven remontèrent dans son dos, traçant un chemin imaginaire sur sa colonne vertébrale. Lorsque Neven s'était arrêté et s'était allongé sur le côté, Clary avait compris qu'une transformation subtile s'était produite en elle ; elle avait changé. Ce n'était pas un changement psychologique ni même physique, c'était un changement de perception.

Désormais, toutes les craintes qu'elle avait pu accumuler à l'égard de Neven s'étaient effacées, comme on effacerait un tableau à craie. Elle avait eu peur de saigner pendant leur étreinte, elle voulait éviter la honte que lui procurerait la vision de quelques gouttes de sang sur les draps. Et elle avait eu peur du regard de Neven sur son corps, la trouvait-il belle et attirante ? Maintenant, Clary sut que s'il y avait du sang sur les draps, elle n'en serait pas gênée et que son corps ne la complexerait plus. Clary était légère et heureuse.

Pourtant, l'acte en lui-même n'avait rien d'extraordinaire ; cela avait été une curiosité, une légère douleur au début et un certain plaisir. Neven avait été doux, bien qu'assez maladroit... c'était sa première fois avec une fille sans expérience. Il avait été rassurant. Étonnant.

« Étonnant oui » pensa Clary.

Tout avait été étonnant. Mais, elle aimait bien cette sensation d'ivresse, encore engourdie par le bonheur et l'échange, dans son esprit. Clary avait franchi une étape dans sa vie de femme.

Elle posa des yeux curieux Neven.

— Tu n'as rien à dire ?

Il esquissa un sourire et tapota son épaule.

— Ce n'était pas ma première fois à moi.

— C'était... à vrai dire, je ne saurais pas le décrire, marmonna-t-elle. C'était différent de ce que j'avais pu imaginer, et beaucoup plus maladroit. Et toi ? Est-ce que je suis mieux que Tanya ?

— Je n'irais pas jusque-là.

— Hé !

— Tu n'as pas encore assez d'expérience, reprit-t-il.

— Quel romantisme, marmonna-t-elle.

Neven ricana et il posa sa tête contre la sienne. Clary battit des cils, elle soupira puis demanda d'une voix pâteuse :

— Pourquoi est-ce que tu couches avec tout le monde ?

— Parce que le sexe, c'est le pouvoir.

Clary leva un sourcil.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Le sexe révèle toutes les failles d'une personne.

Elle s'assit en tailleur sur le matelas, légèrement douloureuse. Neven croisa les mains sur son ventre, il porta deux émeraudes brillantes sur Clary et ajouta :

— Lorsque tu couches avec une personne, tu pénètres directement dans son intimité et son esprit. L'amour, le sexe, c'est la faiblesse de tout être, humain ou damné ; la garde est baissée. Avec un peu d'expérience et de contrôle, il est facile de découvrir chaque morceau du puzzle d'une personne. C'est une analyse. Une autre leçon pour toi, Clarissa, fait du sexe une arme.

— Tu as déjà couché avec des Damnés ?

— A part toi, non.

— Je ne suis pas Damnée !

Neven sourit, il fit grimper ses doigts sur la cuisse nue de Clary.

— Au fond de toi, il y a tout de même quelque chose de sombre.

Les Élus de ParamoniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant