Les Élus de Paramoni

31/Opération Colombo

L'APRÈS-MIDI VENUE, Clary prépara son sac, y enfournant son uniforme de cheerleader. Une fois son père prévenu de sa sortie et après l'avoir rassuré, Clary alla retrouver Brandon qui l'attendait à l'extérieur de la maison. Elle s'empressa de courir à la camionnette, ouvrit la porte et jeta son sac à ses pieds.

— Où est Vicki ? demanda-t-elle en grimpant sur le siège en cuir fatigué, craquelé comme une toile de peinture.

Brandon tapota le volant.

— Elle n'a pas voulu venir, disant qu'on devenait complètement fous et qu'elle préférait dormir. On ne peut pas lui en vouloir, elle traverse une phase difficile avec la disparition d'un ami qu'elle connaît depuis toujours, répondit-il en redémarrant la voiture.

Clary hocha la tête, compréhensive. Elle savait ce que représentait la période de deuil, notamment celle de l'acceptation. D'autant plus que cette étape était très distillée pour Vicki, elle n'avait pas la certitude formelle que Tony Lopez était mort. Il fallait du temps pour s'adapter, pour accepter, pour pleurer et pour tourner la page.

Clary attacha sa ceinture avant de changer de sujet :

— Qu'est-ce qu'on cherche exactement chez Neven ?

— Tout et n'importe quoi, des preuves qu'il sait effectivement quelque chose qui pourrait aider ton père. Également des informations qui pourraient montrer à Vicki que nous ne sommes pas aussi fous qu'elle le pense...

— A propos du wendigo ?

Brandon fit une moue.

— Tu ne peux pas me dire que tu trouves cette situation normale, renchérit-il. Et si tout ça... cachait quelque de beaucoup plus gros et dangereux ?

— Comme quoi ?

— Le chaos ?

Clary baissa les yeux. Et si Brandon avait raison ? Si tout était plus complexe qu'elle ne le croyait ? Fox Glow n'était pas une ville ordinaire, elle l'avait su même avant d'y emménager. Son subconscient l'avait alerté...

— Et si on a des preuves comme quoi cette... hypothèse est vraie ?

Brandon soupira avant de hausser les épaules.

— J'imagine qu'il ne nous reste plus qu'à faire nos valises et quitter la ville, marmonna-t-il. Quand je pense que tu as embrassé Neven Ceaillagh.

Elle écarquilla les yeux.

— Brandon !

— Mais vous vous détestez tous les deux.

— Je le déteste toujours autant et si je pouvais lui arracher les yeux avec une fourchette rouillée, je le ferais.

— C'est assez radical comme méthode mais je l'approuve.

Dans un rire partagé, la petite camionnette s'enfonça au cœur de la petite ville de Fox Glow. Elle passa près de l'horloge centrale à laquelle Clary jeta un long coup d'œil, dévisageant le symbole récurrent qui se révélait sur la façade scintillante sous le soleil.

Clary sentit son téléphone vibrer, elle le sortit et observa l'appelant. Le nom de Charlie s'afficha et elle décrocha sans hésiter, malgré un léger sentiment de culpabilité.

— Charlie ?

— Hé, commença-t-il d'une voix essoufflée. Ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas parlé...

— Je suis désolée, j'ai été occupée ces dernières semaines. Tu es essoufflé, qu'est-ce que tu fais ?

— Je sors de mon entraînement de football, c'est une semaine chargée pour nous. On va affronter pas mal d'équipes redoutables pour avoir une chance d'être sélectionné aux finales. En parlant de football, tu as intégré l'équipe de cheerleader ?