15/Le dessin de Lilith

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MINUIT SONNA et Clary ne dormait toujours pas.

Assise au milieu du grand lit, son carnet de croquis dans les mains, elle dessinait à la faible lumière agitée d'une bougie.

Son journal intime étant resté chez elle, le seul moyen de s'évader était le dessin. Elle ne savait pas trop ce que son poignet dessinait mais elle laissait ses mouvements onduler sur le papier.

Clary entendit quelqu'un toquer à sa porte.

— C'est ouvert, intima-t-elle en posant son crayon sur la feuille Canson.

La porte s'entrouvrit et la tête de Neven apparut. Clary en fut surprise, elle ne s'attendait pas à le voir débarquer en plein milieu de la nuit ! Il se glissa dans la chambre, toujours habillé de noir comme lorsqu'il l'avait quittée.

— Tu ne dors pas ? demanda-t-il à voix basse.

— C'est une journée compliquée pour une nuit compliquée, qu'est-ce que tu veux ?

Neven se hissa sur le lit avec une grâce de chat.

— Je n'arrive pas non-plus à dormir, marmonna-t-il. Comme tu dis, journée compliquée pour une nuit compliquée. Qu'est-ce que tu dessines ?

Il prit doucement son carnet et Clary n'y montra aucune résistance.

— Je laisse court à mon imagination, j'avais juste besoin de faire quelque chose sur du papier. Généralement, ça m'aide à dormir, expliqua-t-elle. Quand j'étais petite, je faisais beaucoup d'insomnies à cause des cauchemars. J'avais l'habitude de descendre à la cuisine, piquer des gâteaux dans les placards...

Neven esquissa un léger sourire, il lui demanda :

— Tu veux qu'on aille manger un morceau ? Côme a dû laisser traîner quelques trucs...

Clary acquiesça. Lorsque Neven montrait son bon côté, sa compagnie n'était pas désagréable. C'était une chose rare, il devait juger dangereux de se dévoiler et Clary le savait, alors elle n'hésita pas ; elle enfila son jean et suivit Neven jusqu'à la cuisine du pensionnat. Plongés dans le noir, ils se faufilèrent telles des souris.

Elle posa son carnet sur l'îlot central tandis que Neven ouvrait chaque placard. Il ne trouva que des fruits secs et quelques cookies qu'il tendit à Clary.

— A l'époque, je trouvais beaucoup plus, lança-t-elle.

— Côme est pointilleux sur la nourriture. Il cache tout. C'est son côté farfadet, ils prennent tout ce qu'ils trouvent pour en faire un nid. Je suis persuadé qu'il doit y avoir plein de trucs sous son lit. Si tu as perdu un objet, c'est probablement lui qui l'a.

Clary ricana et sortit un cookie.

— Et donc, on va manger quoi Blondie ?

— Hum... pour moi, ce sera du pain perdu et un cupcake à la framboise, un autre avec des vrais morceaux de chocolats. Puis, dix parfums de glaces différents.

Neven fronça le nez en ajoutant :

— Ça a l'air plutôt dégueulasse en fait.

— Tu n'aimes pas les cupcakes ?

— Pas vraiment.

— Tu n'aimes pas le pain perdu ?

— Non-plus.

Clary eut de grands yeux.

— D'où est-ce que tu sors Neven ?

Il leva les mains pour se défendre, puis il attrapa une pomme qu'il éplucha avec son couteau.

Les Élus de ParamoniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant