Les Élus de Paramoni

13/Les marques que personne ne voit

  LE CHOC N'AVAIT PAS ÉTÉ VIOLENT, la voiture roulait doucement. Néanmoins, l'impact avait été assez fort pour faire fuir la bête. La respiration coupée, Clary resta agrippée au capot, tétanisée de peur. Dans un regard circulaire, elle tenta de voir où était partie la bête mais le brouillard l'aveuglait, elle pouvait encore rôder.

— Clary ?

Clary se retourna et elle ne fut jamais aussi soulagée de tomber sur Neven. Il avait un air inquiet, les sourcils froncés et la bouche légèrement entre-ouverte, il semblait sincèrement agité de la voir face à lui, trempée par l'épais brouillard.

— Neven, murmura-t-elle.

Il s'approcha d'elle, la regardant sous tous les angles pour voir s'il ne l'avait pas blessée en la percutant avec sa voiture. Clary ne montrait aucun signe de blessures, elle était juste terrifiée.

— Tu vas bien ? Qu'est-ce que tu fais en plein milieu de la route ?

— Il y avait... s'étrangla-t-elle tandis que les mots moururent dans sa gorge. Je... j'étais sortie parce que j'ai cru voir Hector quand la brume s'est levée et il y avait... cette bête...

— Tu as vu Hector ? répéta-t-il tandis que la jeune fille succombait à la panique. Clary, calme-toi et dis-moi exactement ce qu'il s'est passé.

Neven lui prit doucement les bras et la poussa à l'intérieur de sa voiture.

— Tu es trempée, remarqua-t-il en la faisant asseoir. Tu vas rester dans ma voiture le temps que le brouillard passe et je te ramènerais chez toi, ça marche ?

Elle hocha vigoureusement la tête avant de fermer les yeux. La voiture de Neven sentait la lavande avec un regain de cuir, il y faisait chaud et une légère musique de jazz embaumait l'atmosphère. Ce calme la vida de son angoisse et elle put se permettre de rouvrir les yeux quand Neven vint s'asseoir derrière le volant. Il remarqua sa main coupée et la prit doucement.

— Comment tu t'es fait ça ?

— Ce n'est rien, je me suis coupée en sortant de la maison.

— Qu'est-ce que tu as vu ?

Elle haussa les épaules.

— Je ne sais pas... je n'ai pas vu grand-chose, murmura-t-elle. Il y avait quelque chose dans le brouillard qui m'a poursuivie comme le soir de ta fête... je crois que c'était le loup que mon père cherche... celui à l'origine du meurtre du sans-abri...

— Ce n'est pas la première fois ?

— Non, souffla-t-elle en s'appuyant sur la boite à gants.

— As-tu vu à quoi il ressemblait le soir où tu as été poursuivi pour la première fois ?

Clary secoua la tête.

— J'ai vu de quoi cette bête était capable... elle est énorme. Ce n'est pas un loup lambda...

Neven eut un sursaut, comme piqué par une abeille.

— Qu'est-ce que tu sous-entends par-là ?

— J'ai vu le corps du sans-abri, un loup n'aurait pas pu faire de telles marques de dents... elles étaient profondes comme si les crocs étaient immenses, ajouta-t-elle en se laissant tomber dans le siège en cuir noir. Tu as une idée de ce que ça pourrait être ?

Il n'eut pas besoin de parler pour que Clary puisse avoir une réponse positive à sa question. Le visage de Neven était tendu et elle vit une telle incertitude habiter ses traits divins, qu'elle commença à remettre en doute la cause d'un véritable loup. Neven avait les doigts crispés sur son volant, les sourcils froncés comme s'il analysait la situation, sa bouche était barrée d'un pli sévère.