6/Quand les sentiments se troublent

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 — TON PÈRE m'a dit que tu avais perdu ton journal, dit Lydia en entrant dans la chambre de Clary. Je suis allée vérifier dans la chambre de Julian mais il n'y avait rien, je suis désolée.

Clary soupira et resserra sa serviette molletonnée, elle venait de sortir de la douche. Tout le bien être apporté par l'eau chaude était parti en une fraction de seconde.

— Mais j'ai de vieux journaux non-utilisés qui pourraient peut-être t'intéresser, si tu as envie d'y jeter un coup d'œil et d'en prendre un.

— Je veux bien, déclara Clary. J'ai besoin d'écrire en ce moment et je suis vraiment embêtée d'avoir perdu mon journal intime.

Lydia lui adressa un grand sourire.

— Je vais descendre la boîte et j'arrive.

Clary la remercia. Elle laissa tomber sa serviette sur le sol pour enfiler un jean ainsi qu'un chemisier rouge à fleurs. Elle ramena, par la suite, ses cheveux en arrière dont elle tressa une mèche. Alors qu'elle se passait un peu de mascara, sa tante frappa à sa porte et posa une boîte poussiéreuse sur son sol.

— Tu vas quelque part ?

— Je sers de taxi à Erika, répondit-elle.

Lydia s'assit face à elle avec un sourire curieux et repoussa ses cheveux roux qu'elle avait détachés.

— Elle se rend à une fête ? Elle a bien raison, il faut profiter tant que vous êtes encore jeunes, dit-elle en remontant les manches de son chemisier bleu. Tu n'y vas pas toi ?

— C'est une fête qui est organisée par Neven Ceaillagh...

— Ce fameux garçon que tu détestes tant, reprocha Lydia avec un rire moqueur.

Clary posa les carnets qu'elle trouvait jolis sur ses genoux.

— Est-ce que c'est mal ? demanda-t-elle.

— Quoi donc ma belle ?

— D'être attirée par deux garçons complètement opposés, murmura Clary. Pas que je sois... attirée par Neven enfin si mais pas dans un sens sentimental... ce que je veux dire, c'est qu'il se pourrait que Neven ait quelque chose qui... fait que je ne peux pas le repousser comme je le voudrais.

Lydia eut un léger sourire.

— Tu sais, les sentiments ça ne se contrôlent pas alors je ne crois pas qu'on puisse dire que c'est mal. En réalité, c'est beaucoup plus destructeur envers nous-mêmes qu'envers la personne concernée. Tu as le droit d'être attirée par deux garçons, seulement il faut savoir faire le bon choix, est-ce que Charlie est ce bon choix ?

Clary laissa un long silence... est-ce qu'il était un bon choix ? L'homme qu'elle voulait pour toujours ? Elle déglutit péniblement et Lydia secoua la tête.

— Je pense que Charlie est un bon choix.

— Si tu en étais si sûre, tu l'aurais affirmé tout de suite. Comme tu affirmes aussi vite que tu détestes ce Neven. La vraie question que tu dois te poser est : est-ce que tu détestes Neven parce qu'il est une abominable personne ou est-ce que tu le détestes parce que tu ne peux pas l'avoir ?

Clary en eut le souffle coupé. Elle réalisa que la réponse englobait les deux dilemmes ; elle détestait Neven parce qu'il était désagréable avec elle et parce qu'il ne cessait de la repousser. Il était un vrai casse-tête. Elle le désirait comme elle le haïssait, elle voulait l'avoir sans réellement l'avoir.

— C'est bien ce que je pensais, déclara sa tante. Ma fille, tu n'es pas honnête avec ton propre cœur.

— Mais je sors avec Charlie, rétorqua-t-elle.

— Tu devrais arrêter avec cette excuse, elle ne fait qu'empirer la situation.

Clary choisit un carnet vert dont les bords étaient de soie. Lydia remit les autres dans le carton et alors que Clary allait ouvrir la bouche, une petite tête blonde passa dans l'entrebâillement de la porte. Julian venait de faire son entrée.

— J'arrive mon chéri, dit Lydia. Je termine avec ta cousine et je viens te lire une histoire. Il adore l'histoire des Sacrés, une légende locale.

Clary crut défaillir. Julian hocha la tête et – au lieu de faire demi-tour pour retourner dans sa chambre – il vint s'installer sur les jambes de sa mère. Il ne mesurait pas la chance d'avoir une mère aussi gentille et qui l'aimait par-dessus tout.

— Essaie de réfléchir sur ce que tu veux réellement ma belle, sinon tu ne vas jamais t'en sortir, reprit sa tante. Même s'il y a un désaccord entre ton esprit et ton cœur, la voix de la raison se trouve toujours dans les sentiments.

— Merci Lydia.

Lydia lui sourit et ferma la porte. Clary se leva, poussa le carton sous le bureau et se redressa pour attraper son téléphone. La nuit était encore chaude, elle pouvait pleinement y aller sans couche supplémentaire ! Sa sœur sortit au même moment, elle portait un short noir et un crop top blanc.

— Tes potes sont arrivés ?

Clary regarda son téléphone, un message de Vicki lui disait qu'elle les attendait devant la porte. Elle acquiesça et les deux sœurs descendirent les escaliers à pas de loup puis sortirent sans faire le moindre bruit.

— Tu es finalement venue ! cria Brandon en leur ouvrant la portière.

— Je ne reste pas, déclara Clary en s'installant. Je prendrai le bus pour revenir à la maison.

— Ça, ce n'est pas cool, reprocha Brandon. Vicki, bloque les portes pour que Clary ne sorte pas.

Vicki vérifia si tout ce petit monde était convenablement attaché puis elle démarra et fit un demi-tour pour prendre la route de la maison abandonnée.


Les Élus de ParamoniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant