33/L'essence maléfique

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IL Y AVAIT DÉJÀ beaucoup de monde sur le terrain de football. Les immenses projecteurs étaient tous allumés et braqués sur l'herbe, ainsi que les gradins où quelques parents venaient s'installer. Clary était encore dans les vestiaires à troquer ses vêtements de la journée contre son uniforme de cheerleader, avec la compagnie de Vicki. Assise sur le banc, elle consultait une BD tout en suçotant une langue de chat.

— Tu n'étais pas obligée de m'accompagner jusque dans les vestiaires, lui dit Clary en retirant son manteau. Brandon ne va pas paniquer quand il ne va pas te voir dans les gradins ?

— Il va probablement m'appeler des dizaines de fois avant de faire une hypothèse sur mon potentiel meurtre, puis il va se calmer.

— Tu crois que Neven sera là ce soir ?

— Ne te pose ce genre de questions Clary, ça ne fera qu'empirer les choses, coupa Vicki en tournant une page de son magazine. Connaissant Neven depuis quelques années déjà, il ne s'est jamais montré à un seul match. Ce n'est pas son truc ni à lui ni à Hector, son pote super canon.

— Oh, serais-tu en train de m'avouer que tu as une attirance envers Hector ?

Clary eut un sourire et ajusta son uniforme à son corps. Vicki croqua à pleines dents dans le bonbon qu'elle suçotait depuis de longues minutes.

— Je dis simplement qu'il a beau être psychopathe, je le trouve mignon. Parmi les conversations de ses coéquipières, elle entendit la voix de Maeline lui parvenir. Elle se tenait devant elle. Les cheveux relevés en couette par un ruban rouge, elle avait la même tenue que Clary à l'exception du nombre de paillettes sur son visage, comme si un feu d'artifice avait explosé sur sa peau.

— Maeline, je peux faire quelque chose pour toi ?

— Je pourrais te parler ? Seule à seule, précisa-t-elle en tordant ses mains.

— Tout dépend le sujet, marmonna Clary.

Maeline s'assit près d'elle sur le banc en bois.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé entre Neven et toi ?

— Rien, justement. Il ne s'est rien passé entre nous.

— Ce n'est pas vrai, rétorqua Maeline.

Elle distinguait une lueur de tristesse qui dansait dans les yeux verts de Maeline, elle s'adonnait à une danse chagrinée qui fit naître une culpabilité dans les entrailles de Clary.

— Depuis les jours où il t'a fréquentée, il va mieux. Je connais Neven, je sais de quoi je parle. J'ai vécu avec lui toute ma vie.

Clary roula des yeux.

— Je t'en prie, ne me joue pas la carte du bad boy attendri par la nouvelle du lycée, maugréa-t-elle. Neven a été très clair avec moi comme je l'ai été également. Mes sentiments ne sont pas réciproques, je ne suis qu'une distraction et il aime toujours Victoria, qu'est-ce que je peux y faire ? Je ne serai pas une deuxième Tanya.

— Neven ne te considère pas comme Tanya, au contraire.

— C'est ce qu'il t'a dit ou, c'est juste des paroles que tu jettes en l'air parce que tu ne sais pas quoi dire ?

Maeline baissa les yeux. Clary se rendit compte de la sécheresse de ses paroles, mais elle ne pouvait plus retenir toute la frustration que cette situation lui provoquait.

— Je ne serai plus son jeu, ni son amie, ni quoique ce soit d'autre, déclara-t-elle. J'ai perdu Charlie à cause de lui. S'il te plaît Maeline, arrête de venir m'en parler.

— Tu ne comprends pas Clary, il a besoin de toi, reprit-elle. Je ne sais pas comment tu as fait, mais le petit garçon que j'ai connu est revenu ; le Neven avant la mort de Victoria, avant la mort de son frère. Et c'est ce petit garçon qui t'a plu, pas l'arrogant personnage qu'il s'est construit.

Les Élus de ParamoniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant