15/La disparition de Derrick

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 UNE FOIS QUE LE SHÉRIF YOUNG EUT REPARTI les groupes de recherches, tous se mirent en marche dans le but d'attraper la bête et de retrouver un étudiant de seize ans répondant au nom de Derrick. Tous, excepté Delen et Neven qui décidèrent de faire les recherches en leur propre libre arbitre, une action qui ne fit qu'accroître la curiosité de Clary.

— Pourquoi avez-vous tenu à faire les recherches de votre côté ? S'il nous arrive quoique ce soit ? Il nous faut un policier !

Delen roula des yeux avant de soupirer ce qui fit rire Neven, il semblait bien joyeux pour des recherches angoissantes suite à la disparition d'un enfant.

— Écoute, Clarissa, soit tu te la fermes, soit je te brise la nuque, tonna Delen. Je n'ai pas besoin d'un policier à mes côtés, je sais me battre pour me protéger.

Clary eut un mouvement de recul, surprise d'une telle acerbité de la part de Delen. Elle semblait gracieuse et douce tout comme elle pouvait se montrer froide et rude, tel une rose, elle avait de magnifiques pétales et des piquants acérés. Neven se mit à ralentir pour accompagner Clary dans sa marche.

— Delen est une meneuse, lui murmura-t-il. Il ne faut pas la contrarier sur son statut de femme forte...

— Elle a raison, dit Clary. On a besoin de personnes comme elle...

— Oh, ça lui ferait plaisir ce genre de compliment, Blondinette.

— Elle a dit qu'elle me briserait la nuque si je parlais, je ne veux pas mourir sous ses talons aiguilles.

Neven eut un sourire. Clary observa les alentours avec un œil alerte, les arbres étaient tous immenses, dressés comme des géants, leurs longues branches rendaient la visibilité compliquée. Le parterre aux fusions de couleurs orangées était détrempé, cette humidité constante fit trembler Clary de froid. Delen menait la troupe, elle marchait doucement et sans bruit comme un loup, Clary songea, à son comportement, qu'elle avait l'habitude de ce genre d'expédition. Elle n'était pas bavarde, au contraire, sa concentration était admirable. Des pas légers, une respiration maîtrisée et des mouvements fluides.

— Delen fait souvent des sorties en forêt ?

— Hum, fit Neven en marchant dans la même discrétion alors que Clary était plus bruyante, craquant des branches sous ses pas à chaque mètre. Ça lui arrive de chasser le gibier avec son arc et ses flèches.

Delen s'arrêta, elle se retourna et toisa ses deux compagnons.

— Vous ne pouvez pas la fermer tous les deux ? Vous êtes trop bruyants ! Tu sais exactement ce qu'on recherche Neven alors tache d'être plus discret, siffla-t-elle.

Clary plissa légèrement les sourcils et se tourna vers Neven.

— Vous recherchez quoi ?

— Un étudiant débile et un loup ou un truc dans le genre, répondit Neven du tac au tac. Une bestiole avec des crocs qui a su dévorer la moitié d'un homme...

Delen se retourna et reprit sa marche.

— Delen, souris un petit peu, lança Neven.

— Ta gueule, Ceaillagh. On a des ordres à respecter, cracha-t-elle, se retournant à peine.

— Elle est très à cheval sur les consignes de la police, observa Clary avec une pointe de révulsion.

Neven eut une risette avant de s'amuser à taper dans des mottes de feuilles rouges, les faisant voler en morceaux. Cette attitude détachée étonna Clary mais elle n'y prêta pas plus attention, elle était plutôt concentrée sur le fait que le bras de Neven allait bientôt toucher le sien. Elle laissa échapper une longue bouffée d'oxygène avant de sentir quelque chose bouger sur sa droite. Elle s'immobilisa et fit un quart de tour, il y avait du mouvement dans les bois du fond.

Les Élus de ParamoniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant