Les Élus de Paramoni

11/Œil pour œil, dent pour dent

ALORS QUE LA PLUPART DES ÉLÈVES sortaient de l'établissement, le camion de dépannage quitta le lycée avec la voiture de Neven. Clary attendit contre les immenses grilles, aiguisées d'une flèche vers le haut, faisant mine de percer les nuages. Elles s'enfonçaient profondément dans le sol, menaçant la bâtisse qu'elles gardaient avec ferveur. Alignés, les piqués étaient délicatement sculptés pour donner l'impression qu'ils étaient longés d'une racine aux feuilles délicates. Plusieurs élèves venaient reprendre leurs véhicules pour rentrer chez eux et à chaque nouvelle tête, elle espérait voir Neven. Elle avait trouvé un moyen de le forcer à supprimer la vidéo qu'il avait posté même si le mal était déjà fait. Quand elle vit le grand chat noir arriver, d'un pas nonchalant, les mains dans les poches, elle se dressa. Neven ne semblait pas préoccupé, il observait les alentours avec un regard mélancolique. Clary fit un petit sourire quand Neven remarqua avec consternation que sa voiture n'était plus là.

« Et toc Ceaillagh... »

Dans un froncement de sourcil qui le rendait parfait, il entre-ouvrit la bouche en cherchant du regard sa Buick noire. Se retournant, il posa ses prunelles vertes sur Clary qui n'avait cessé de sourire, elle vit les veines de sa nuque se tendre et sa mâchoire se crisper dans un mouvement de colère.

Il s'élança vers elle, prêt à en découdre violemment, ce qui ne l'empêcha pas d'avoir peur de lui. Il était beaucoup plus grand qu'elle, plus fort et plus fou, s'il voulait la frapper, il pourrait le faire sans mal et la blesser gravement.

— Où est ma caisse, putain ?

Elle haussa les épaules.

— Je ne sais pas, j'attends juste ma sœur.

— Ne joue pas l'innocente, Blondie, qu'est-ce que t'en as foutu ?

— Oh, attends... donc la Buick noire sport, que j'ai envoyé à la fourrière parce qu'elle était mal garée, était la tienne ? fit Clary en prenant un air faussement surpris. Mince, si j'avais su... je n'aurais pas composé le numéro... en plus elle est tenue par un officier qui travaille avec mon père et il serait si simple pour moi de la laisser là-bas, je suis terriblement désolée Neven.

Neven soupira, excédé. Clary se mit à rire et elle passa ses mains dans son dos, fière de son coup de poker.

— Qu'est-ce que tu veux bon sang ?

— C'est assez simple ; tu supprimes la vidéo que tu as postée et je te rends ta voiture. Marché conclu ?

Neven l'observa avant d'acquiescer contre son propre gré.

— Marché conclu, déclara-t-il. Je supprime la vidéo, tu me rends ma caisse et on est quitte même si tu me dois toujours un baiser.

— Tu peux toujours rêver pour l'avoir ce foutu baiser.

Neven lui fit un petit sourire avant de lorgner chaque détail de sa personne, malgré l'animosité qu'elle ressentait pour lui, il la déstabilisait à chaque fois.

— T'as vraiment du cran, fit-il. Ça ne t'a pas suffi ?

— Écoute, je ne t'aime pas et je sais que tu ne m'aimes pas non-plus alors faisons en sorte que tout ça s'arrête. Si tu me laisses tranquille, je ferais de même.

— Tu crois que tu m'impressionnes petite blondinette ?

— Je sais t'humilier donc oui...

— Tout comme je sais le faire.

Clary baissa la tête avant de s'amuser avec un caillou du bout de sa botte.

— Maintenant à cause de toi tout le lycée sait que ma mère s'est suicidée...