32/La peur face au cœur brisé

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BRANDON ET VICKI observèrent leur amie Clary. Elle s'était murée dans un profond silence après avoir raconté ce qu'il s'était passé durant son week-end. Ils étaient assis sur les gradins du stade pendant que le reste de leur classe mettait en place les filets de volley ball.

— Donc, tu as rompu avec Charlie ? demanda Vicki en joignant ses mains sur son jogging rouge.

Clary hocha la tête avant de soutenir son menton dans la paume de sa main. La jeune adolescente qui prenait toujours soin de son apparence et dont la bonne humeur n'était jamais entravée, paraissait plus fatiguée. Ses longs cheveux blonds étaient ramenés en une queue de cheval négligée, son teint était cireux et d'opaques cernes entouraient ses yeux azur. Elle était restée trois jours entiers à pleurer, souffrant de sa rupture avec Charlie comme celle avec Neven, qu'elle n'avait plus approché et qu'elle fuyait.

Vicki passa sa main sur l'épaule de Clary pour la consoler, elle posa la tête sur l'épaule de son amie.

— Si tu n'étais pas heureuse, tu ne pouvais pas te forcer à rester dans cette relation. C'était la meilleure décision à prendre.

— Je n'arrive pas à croire que vous vous êtes trompés mutuellement, répéta Brandon. C'est quand même sacrément toxique.

— Brandon, tu es un piètre ami, siffla Vicki.

— Je suis désolé mais qu'est-ce que je suis censé dire ? Je n'ai jamais été en couple !

— Alors, tais-toi et ne fais plus aucune remarque.

Brandon hocha la tête, il posa une main hésitante sur le genou de Clary afin de montrer une once de compassion amicale pour son cœur brisé.

— Tu sais quoi, Clary Young ? Ça ne sert à rien de pleurer, dit Vicki en lui attrapant le menton. Depuis quand tu pleures pour un garçon ? Tu as pleuré pour Neven et pour Charlie, c'est déjà beaucoup trop. Ils ne te méritent pas, ils ne méritent aucune de tes larmes, c'est compris ? Tu es une femme et la gente féminine ne pleure pas pour des êtres inférieurs.

— Hé, je te rappelle que je suis un garçon, ajouta Brandon en levant la main. Donc ça serait bien de ne pas dénigrer la gente masculine quand l'un d'eux se trouve juste à côté de toi.

Vicki roula des yeux et le regarda.

— Tu es l'exception qui confirme la règle.

— Comment est-ce que je dois le prendre ?

— Écoute Clary, la plupart des garçons sont de gros nazes si ce n'est Brandon et Leonardo Dicaprio, reprit-elle face à Clary sans lâcher son menton. Pose-toi les bonnes questions, est-ce qu'ils valent vraiment un tel chagrin ? Tu as toute la vie devant toi et toute ta beauté pour trouver celui ou celle avec qui tu te sentiras vivante et amoureuse. En attendant, n'accorde aucune attention à ceux qui brouillent ton chemin. Fais-moi un sourire.

Clary ne put s'empêcher de sourire et Vicki émit un gloussement.

— Voilà, ça me fait plaisir. Ce soir, il y a un match de football qui oppose notre équipe à celle du lycée dans l'état d'à côté. Tu vas nous faire une chorégraphie d'enfer et ensuite, on ira se bourrer la gueule dans l'un des bars de Fox Glow. Pas de manoir, pas de fêtes dans les bois, pas de Neven, seulement nous.

Vicki lâcha Clary et se tourna vers Brandon.

— De toute manière, tu n'as pas ton mot à dire Brandon, coupa Vicki.

— Je n'avais encore rien dit, se défendit-il.

— Mademoiselle Young ! cria une voix railleuse.

Clary releva la tête pour croiser le regard de son professeur de sport. C'était un grand homme à la carrure athlétique qui ne s'habillait que de survêtements rouges. Il avait les cheveux très courts et la grisaille du temps les rendait presque invisibles sur son crâne. Ses pupilles brunes tirées par les rides toisaient Clary.

Les Élus de ParamoniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant