Les Élus de Paramoni

23/Les questions sans réponses

CLARY RESTA CLOUÉE sur la chaise du salon de Claudia Lewis, la vieille femme lui servit un thé chaud. Elle sortait d'un cauchemar terrible, ce genre de rêves qui ne se dissipaient pas complètement au réveil, ceux qui laissaient un goût de désespoir dans la bouche. Claudia lui dit :

— Je vous ai dit que votre mémoire ne renfermait aucun souvenir, ce qui n'est pas le cas pour votre collier. Les objets aussi ont une mémoire, un passé, une vie, et le vôtre, il est empli de terribles souvenirs. Ce collier... n'est pas un collier ordinaire, murmura-t-elle.

Claudia s'approcha d'elle, elle posa un doigt sur son cœur en disant :

— Êtes-vous certaine que votre père soit humain ?

— Je vous demande pardon ? bafouilla Clary.

— Neven, pourrais-tu aller chercher un peu de lavande et de cannelle ?

Neven leva un sourcil, mais ne broncha pas. Il quitta la pièce sans un mot. C'était la première fois que Clary le voyait se plier aux ordres de quelqu'un. Jamais elle n'aurait pensé qu'une vieille dame pouvait le mener à la baguette.

— Il valait mieux qu'il n'écoute pas notre conversation, expliqua Claudia.

— Pourquoi ?

— Ce collier n'a pas été donné par votre mère, déclara-t-elle. Mais, par Paramoni, la déesse des Sacrés. Vous étiez probablement trop jeune, ou trop sonnée par la mort de votre mère pour vous en rappeler. Elle vous l'a confié ce soir-là. Ce n'est pas un bijou, continua Claudia. C'est un traqueur. Par ce collier, Paramoni avait connaissance de tous vos faits et gestes.

— Quoi ? Je... je ne comprends rien, avoua-t-elle, les yeux en larmes.

— Je n'ai pas les réponses que vous espérez. Je suis incapable de vous dire pourquoi Paramoni vous observe, ni quels sont ses projets.

— Vous avez dit que... qu'est-ce que mon père vient faire dans cette histoire ?

Claudia jeta un coup d'œil par-dessus son épaule.

— Clary, commença-t-elle. Votre mère était une Sacrée, je reconnais la divinité qui coule dans vos veines mais... ce n'est pas tout. Il y a une essence damnée qui se terre dans votre âme. Je préférais ne pas en parler devant Neven. Je lui fais confiance, mais je connais sa haine irrationnelle envers les Damnés. Il serait incapable de comprendre. Votre essence damnée ne cherche pas à sortir, encore moins à surpasser votre divinité... elle est là. De manière passive. Ce qui vous rend humaine, c'est cette stabilité de la lumière et de l'obscurité.

Muette de saisissement, Clary dévisageait Claudia avec deux yeux ronds.

— Les gens tels que vous sont appelés les Sangs Mêlés. Autant Damnés que Sacrés. Pour certain, un sang en particulier prend le dessus tandis que l'autre reste inactif... dans votre cas, c'est votre divinité. Pour d'autre, la coexistence des deux essences reste impossible à vivre et la folie prend le dessus. Cette catégorie sont plus souvent des Oubliés, ou des sorciers reclus.

— Est-ce que ça veut dire que je vais devenir une Damnée ? sanglota-t-elle.

Claudia secoua la tête.

— Votre côté damné est trop effacé pour que cela arrive.

Clary eut un hoquet de soulagement. Tout se bousculait dans sa tête, elle n'arrivait plus à réfléchir convenablement sous ces révélations. C'est alors qu'elle s'arrêta sur un détail ; le croissant de lune qu'elle avait sur l'épaule ressemblait étrangement au symbole de Lilith.

— Hum... est-ce que les Sangs Mêlés possèdent une marque ? Comme une tâche de naissance ?

Claudia plissa les sourcils.