Chapitre 12

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La maison de Hélène et Denis Le Grognec qui m'ont accueilli durant trois années était gigantesque et pour cause : le nombre d'enfants qu'ils avaient sous leur responsabilité variait d'année en année. Il fallait, alors, beaucoup de chambres et un espace commun grand pour accueillir autant de monde que possible. Cela me changeait de la petite maison dans laquelle j'avais toujours vécu. Mais ici, chez Antoine et ses amis, ça dépasse tout ce que j'ai pu connaître.
Il ne mentait pas quand il disait que c'était organisé malgré les six colocataires. Tout est propre, tout est à sa place, tout est méticuleusement rangé et je me sens de trop dans cet espace. J'ai peur de salir, bien que j'ai retiré mes chaussures à l'entrée.

Antoine m'explique que la première porte sur notre gauche donne sur la cuisine et que la seconde, sur une des deux salles de bains de la maison. La grande double-porte coulissante sur la droite donne sur un immense salon et sur la salle à manger. Il y a aussi une table de billard. Les canapés mis face à face et la balançoire sur le côté leur permettent à tous de se réunir sans être serrés. Et à travers les baies vitrées, bien que le temps s'assombrit de plus en plus, je peux voir que le jardin est aussi surdimensionné que l'intérieur de la maison. Des palmiers, un trampoline, des transats ... Je ne sais plus où donner de la tête jusqu'à ce qu'Antoine me dise de le suivre à l'étage.

La chambre d'Antoine est beaucoup plus personnelle que le reste de la maison. Ici, bien que je ne le connaisse pas beaucoup, ça se sent que c'est lui qui a décidé quel meuble, quelle décoration placer pour que ça sonne lui. Et il a parfaitement réussi.

- Je vais te chercher une serviette pour tes cheveux. Mes tee-shirts et mes sweats sont dans la penderie. Prends ce que tu veux.

Il sort de la pièce et me laisse seule face à ce lit double, à ces planches de skates dans un coin de la chambre, à ce canapé placé devant une télé branchée sur une console de jeu, à une bibliothèque remplie de livres et d'autres babioles sans doute tiré de séries ou de films. Si Maxence était à ma place, il saura de quoi il s'agit. Il s'intéresse à tout, même quand ça ne lui plait pas. Il déteste se retrouver dans un cercle de personnes qui parlent d'un sujet qu'il ne connaît pas.

C'est comme ça qu'il s'est lancé à lire des mangas. Finalement, il a pris goût et aujourd'hui, on ne peut plus l'arrêter.
Et vu ce que je vois, il s'entendrait bien avec Antoine. Je suis incapable de retenir les noms des livres mais il y en a plus et de toutes sortes.

Je fais ce qu'Antoine m'a dit et ouvre l'armoire avec retenue : même si j'ai eu la permission, voir l'ordre, je n'ose pas le faire. J'attrape un tee-shirt noir et me dépêche de retirer le mien pour le troquer contre le sien. De suite je me sens mieux et au chaud. Le sweat vert sapin que j'ai sous les yeux me fait de l'œil. Et avant que je me pose trop de questions, je l'attrape et l'enfile. Aussitôt Antoine entre dans la pièce et sourit en voyant son haut sur moi et me tend la serviette qui me sert à éponger l'eau de mes cheveux.
Antoine fait exactement la même chose que moi mais contrairement à moi, il n'hésite pas en regardant ses hauts. Dos à moi, je le vois juste retirer son tee-shirt qui laisse alors ses tatouages dorsaux apparaître et je reste un moment à les regarder, du moins, le temps qu'il enfile son tee-shirt propre.
Ses cheveux mouillés ne semblent pas le déranger plus que ça. Quand il se retourne face à moi, j'ai toujours la serviette dans les mains.

Il se rapproche de moi et se vautre sur le canapé. Il me tend une manette de sa console et me sourit.

- Une partie ?

Je pense à mes pancakes.
Je pense à Maxence.
Je pense à refuser.

Et pourtant j'attrape sa manette, pose la serviette dans un coin, et m'assois à côté d'Antoine qui lance un jeu.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant