À la poursuite du bonheur

Chapitre 24

Faire les magasins avec Anaïs est une épreuve que je redoute souvent. Elle regarde tout, veut aller dans chaque boutique même si elle n'achète rien, et surtout, elle passe des heures et des heures à essayer des articles sans jamais s'arrêter.
Mais je viens de trouver une personne avec qui le shopping est compliqué également, et il s'agit d'Antoine. Il n'a vraiment pas l'air motivé à l'idée de chercher une tenue pour ce soir. Les mains dans les poches de sa veste, c'est comme si je venais de lui demander de me décrocher la lune mais non, je lui montre juste deux chemises pour savoir laquelle est sa préférée. Son visage impassible ne me laisse aucune idée de son avis.

- C'est les mêmes. Il n'y a aucune différence, lâche-t-il.

Toutes les deux sur les ceintres, je les approche de lui pour qu'il les voit plus en détail. Evidemment que ce ne sont pas les mêmes ! Quel intérêt j'aurai à perdre du temps en lui montrant deux pièces identiques ?

- Non, regarde les boutons, ils sont différents. Puis les finitions sur le col aussi.

- Tu préfères laquelle ? lâche-t-il. Je n' ai aucune idée de ce qui est mieux alors choisis, ça me va.

- Mais ...

Il sort les mains de ses poches pour les poser sur mes épaules, les détendant au passage. Légèrement assis sur le bord d'une table où sont posés des tee-shirts, il m'approche de lui, entre ses jambes écartées.

- Je ne vais la porter qu'une seule fois. Ne te mets pas la pression pour un haut. Si ça ne tenait qu'à moi j'irai avec mes fringues alors relax.

- On prend celle-ci, je tranche en ignorant le regard doux qu'il me lance et ses mains qui sont descendues sur ma taille.

- On prend celle-ci, répète-t-il.

Ses index crochètent les passants de mon jean au niveau de la ceinture et me rapprochent encore plus vers lui. Mon souffle se coupe l'espace d'un instant, quand je manque de lui rentrer dedans tant son geste était brusque. Son souffle, un mélange de son chewing gum à la menthe qu'il a jeté tout à l'heure et de cigarette me tombe sur le visage.
Je déteste l'odeur de cigarette.
Mais lui, il arrive à la rendre aussi douce que du thé rose.
Et j'aime le thé rose.

- Qu'est-ce que tu portes ce soir ?

- Un jogging ?

Il lève un sourcil et me lance un regard amusé

- Je pense mettre la robe que mes amis m'ont offerte à mon anniversaire.

- Elle ressemble à quoi ?

- Tu verras. Ce sera la surprise !

Le sourire malicieux qui grandit sur son visage fait chauffer mes joues instantanément. Son regard se pose sur quelque chose, ou quelqu'un, dans mon dos et son visage se ferme d'un coup, comme s'il est contrarié. Je m'apprête à me retourner mais Antoine m'en empêche en entourant son bras autour de ma taille et de me rapprocher davantage vers lui. Ma main gauche se pose sur son épaule et quand je m'apprête à tourner la tête pour voir ce qui fait à ce point réagir Antoine, ce dernier attrape mon menton entre ses doigts et m'embrasse avec passion. Je mets plusieurs secondes à réagir, à le suivre dans ce baiser bien que je ne comprenne pas pourquoi il est ainsi. Ma main gauche vient se poser sur sa nuque et ma droite agrippe son biceps.

- Bonjour Juliette.

Une voix nous interrompt et quand je me tourne, le rouge aux joues et les lèvres quelque peu gonflées, je comprends tout de suite pourquoi Antoine a fait ça.
Est-il jaloux ?

- Oh, salut Simon.

Un tee-shirt d'un groupe de rock des années 90, un pantalon cargo noir et des rangers aux pieds, Simon est à moins de deux mètres de nous. Le bras d'Antoine se resserre encore un peu plus et je sens sa cuisse à l'arrière de mes jambes. Je manque presque de lui marcher dessus mais avec mes converses noires, je crois que je ne ferai aucun mal à ses baskets.