Chapitre 6

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JUILLET

AUJOURD'HUI








Le nom de Juliette apparaît sur l'écran de Sasha.
Son prénom me froisse l'estomac et ma gorge se serre comme si on tentait de m'étrangler avec deux mains fortes qui font pression.
Je m'attendais à pleins de personnes différentes, mais pas à elle. Six mois sans nouvelle, six mois sans savoir comment elle se porte viennent de s'écouler.
Sasha décroche avant que la sonnerie prenne fin. Tout le monde est en haleine face à cet appel dont nous n'entendons qu'un bout : la voix de l'Angevine brune n'est pas perceptible.

— Oui et toi ? ( ... ) Vas-y dis-moi, je t'écoute. ( ... ) Je peux te le donner, je ne pense pas que ça le dérangerait. ( ... ) Oh oui, sinon oui, il est juste là, je peux te le passer. ( ... ) OK, bonne soirée Juliette et peut-être à bientôt.

Puis sans comprendre son geste, il me tend son téléphone.

Quoi ? Je dois lui parler ? Non pas que ça me dérange mais, qu'est-ce que je peux lui dire ? Qu'est-ce que je dois lui dire ? Je ne peux pas lui parler ! C'est encore trop récent, trop douloureux.

Voyant ma réticence à décrocher, Sasha articule silencieusement :

— Elle va pas bien. Prends.

Cet idiot connait l'existence de la promesse qui nous lie encore aujourd'hui, Juliette et moi. Celle qui dit que peu importe le moment, on sera toujours présent pour l'autre si ça ne va pas, si il y a une violente baisse de morale critique. Alors je prends le téléphone, colle le portable à mon oreille.

Au premier son de sa voix, je suis projeté des mois en arrière et le passé est affreusement douloureux car il reste inchangeable. Peu importe les bonnes actions qu'on peut s'entêter à réaliser, ça ne change rien.

— Maxime ? elle fait avec une petite voix.

La connaissant, elle retient ses larmes pour ne pas craquer. Mais ses sanglots sont bloqués dans sa gorge, rendant sa voix fluette.

— Je suis là, je tente de la rassurer.

En faisant signe aux autres pour les prévenir que je reviens, je m'écarte du feu de camps et m'aventure un peu plus dans la forêt sombre et froide, gardant derrière moi les flammes oranges pour me repérer sur le retour.

— Je suis désolée de te déranger, vraiment. T'étais peut-être occupé.

— C'est pas grave Juliette, tu le sais bien.

Elle renifle.

Elle n'a pas réussi à contenir ses larmes silencieuses plus longtemps.

— Où est-ce que tu trouves actuellement ? je demande, tentant de deviner quel souvenir peut la mettre dans cet état.

— Je suis dans mon appartement.

— Celui de Paul ?

Aux dernières nouvelles, bien qu'elles remontent d'il y a six mois, elle habitait encore avec son ami, le blond décoloré à l'humour, fréquentations et activités douteuses.

— Non, j'ai réussi à me trouver un appart il y a quelques semaines.

— Sur Angers ?

— A la sortie oui.

Si je pouvais, je la prendrais dans mes bras, essayerais ses larmes et tenterais, en y arrivant, à la réconforter.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant