Chapitre 15

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La bonne odeur des cookies réalisés par Maxence vient me lécher les narines en me narguant. Ce sont les seuls gâteaux qu'il arrive à faire sans se louper et honnêtement, ils sont toujours excellents et jamais je ne pourrais m'en passer. Je suis plus douée pour faire des macarons alors que je n'en raffole pas, ce qui me paraît légèrement illogique.
A sa demande, je suis venue dans son appartement collé au mien pour passer la soirée ensemble.
Assis sur son canapé, un épisode d'une sitcom un peu dépassée en fond sonore, cette soirée s'annonce être calme et posée, tout ce que j'aime.
Hier, nous avons vu le reste de notre groupe d'amis. Nous avons passé la journée ensemble et avons terminé la soirée dans ce même appartement, des pizzas en grande quantité. Les revoir a été plaisant mais nous avons senti une certaine tension entre Anaïs et Riordan. Ils ne l'ont pas évoqué une seule fois mais ça se voyait à des kilomètres. Aussi, ils m'ont annoncé qu'ils ne pourront pas être présents pour mon anniversaire à la fin de la semaine. Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose de prévu, hormis le repas imposé par Charlie, Julien, Hélène et Denis Le Grognec. Comme chaque année, on se réunit lors de nos anniversaires respectifs. Étant dispersés équitablement dans l'année, cela nous permet de nous voir régulièrement.

- Ce qu'Anaïs a dit hier soir ne cesse de remuer dans ma tête, c'est épuisant.

La moitié d'un cookie fourré dans ma bouche, je fronce les sourcils en me tournant vers Maxence.

-Qu'est-ce qu'elle a dit ? J'ai zappé un épisode ?

-Que les relations contraires à certaines religions ne sont pas interdites pour rien.

- Attends je ne comprends pas. Elle n'a jamais dit ça en ce qui concerne Estella et pourtant elle sait très bien qu'elle aime les filles. C'est illogique.

Je l'entends soupirer, faisant soulever les mèches de cheveux qui se sont aventurées devant son visage. Les boucles de sa chevelure sont de plus en plus souples et magnifiques, ce qui me rend jalouse, je dois bien l'avouer. Mais avec les chignons à la va vite que je me fais, je ne peux pas me plaindre.

- Deux filles qui s'aiment et qui s'embrassent c'est mal vu, mais pour certains, c'est plus excitant que de voir deux mecs ensemble.

- Dans le fond ça reste de l'amour, non ? Et être amoureux n'est pas un crime.

- Pourtant ça tue.

- Ce sont les homophobes qui tuent. Tu ne devrais pas te priver d'une relation avec Maxime pour cette raison. Tu as le droit de vivre en étant heureux.

- Je ne peux pas en parler aux autres. Je sais que Riordan ne cessera de se demander si pendant qu'on se changeait en sport, je le mâtais en cachette. Il croira que je lui ai menti pour mieux me rincer l'œil alors que non ! Moi, la seule personne qui m'intéresse, c'est Maxime. Et avant lui, je ne savais pas que j'étais capable d'aimer un homme.

Il soupire et se passe les mains sur le visage, comme pour tenter de s'apaiser. Mais je crois que la confusion et la colère qu'il ressent ne sont pas prêtes de le laisser tranquille pour le moment.

- Tu penses que je suis normal ?

C'est à mon tour de soupirer mais parce que sa question me dépasse. J'ai mal qu'il se pose autant de questions, qu'il se tourmente autant par rapport aux regards des autres. Et d'un autre côté, je comprends sa peur et ses angoisses, bien que ma position est loin d'être similaire à la sienne.

- Être normal ça ne veut rien dire. Ce que je sais, c'est que tu es chiant, con, lourd et que t'as des goûts culinaires un peu foireux. Tu chantes trop fort sous la douche, tu te crois le plus drôle du monde alors que tu ne l'es pas et tu es capable de t'enfiler des hamburgers sans prendre un gramme. Non tu n'es pas normal mais aimer un garçon ne te rends pas plus anormal.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant