Chapitre 46 / Flashback

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DÉCEMBRE 2021

La passion dévorante de ma mère pour les fêtes de fin d'année dépasse celle qu'on aperçoit dans les films, surtout les américains. Décorant la maison du sol au plafond, n'oubliant pas l'extérieur, elle aime passer des heures à tout installer et se délecte du résultat une fois la nuit tombée. Même si elle doit affronter le froid, et se geler le bout des doigts, ce n'est pas un calvaire pour elle. Loin de là.

Sa maison est généralement la première du quartier dans lequel elle réside à être décorée. En avance, et toujours en retard pour retirer ces merveilles lumineuses qui, à force des années, ont pris une place au sein de notre famille, elle rêve d'un lancement de concours pour déterminer la maison la plus illuminée du coin. Tout le monde sait qu'elle remporterait le prix haut la main. Et ils seraient idiots de penser le contraire.

Quand j'entre dans la maison, en ce réveillon de Noël, et que l'odeur du pain d'épices accompagnés de cannelle, celle des bougies ou encore celle des effluves de vin chaud me prennent au nez, je sais que je ne me suis pas trompé d'adresse. D'autant plus que les voix nasillardes de mes tantes s'élèvent du salon et que, même dans le vestibule, je les entends.

Une fois mes chaussures retirées, et ma veste posée sur le porte-manteaux, je chasse les quelques flocons de neige qui se sont déposés sur ma chevelure brune en donnant un coup d'œil dans l'immense miroir de l'entrée. Je l'avais offert à ma mère l'année passée, et je suis fier qu'il est toujours ici.
Autant à l'extérieur qu'à l'intérieur, les décorations sont omniprésentes. Des casses noisettes, des guirlandes, des sapins, des boules et dorées ...

La passion de ma mère était similaire une vingtaine d'années auparavant. Mes souvenirs sont flous, mais je me souviens d'une chose : tous les matins, elle me faisait croire une nouvelle bêtise faire par des lutins. Ça passait d'un rouleau de papier toilette déroulé dans la cage d'escalier, à de la fausse neige étalée sur tout le sol du salon ... Elle était inventive et s'amusait autant que moi qui découvrait toutes ces nouveautés jour après jour.

Il est temps pour moi d'entrer dans le salon et de retrouver ma mère, mes grands-parents, et mes oncles et tantes. Sans oublier mes cousins et cousine. L'année dernière, ces derniers, cinq en tout, n'étaient pas là, ne pouvant pas se libérer avec le travail. Intérieurement, je prie pour qu'ils retracent le même chemin et que leurs différents patrons aient été tous exigeants encore cette année.

Mais à ma grande déception, quand je mets le premier pas dans le salon bruyant et plein, je me rends compte qu'ils sont tous là.

Tous.

Même le mec de ma mère.

Et merde.


Mamie Eugénie est la première de tous à me voir. Elle crie mon prénom, comme si nous ne nous étions pas vus depuis un an, - ce qui est le cas, si je dois me montrer honnête - et les voix autour se tarissent.
Courant comme si elle n'avait que 40 ans, et pas les 89 ans qu'elle a vraiment, elle me prend dans ses bras comme quand j'étais petit garçon. La seule différence maintenant est les trois têtes de plus que je fais à présent. Mais un câlin d'une grand-mère est toujours agréable.

- Comment vas-tu mon grand ?

Je tente de ne pas donner d'importance aux regards du reste de ma famille. Ma mère semble soulagée de me savoir présent : hier, alors qu'elle me demandait encore et encore de confirmer ou d'annuler ma présence, je changeais de conversation. J'hésitais à venir, mais je crois que j'aurais dû aller jusqu'au bout de cette idée, c'est à dire de ne pas venir, tant voir mes cousins ne m'enchante pas.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 17, 2023 ⏰

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