Chapitre 5 / FLASHBACK

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JUIN 2021
NICE





                          Son train entre en gare. Repartant quelques minutes plus tard pour se diriger vers une autre ville, le quai semble déjà bondé de là où je me trouve, autrement dit, adossé à ma voiture, les bras croisés.

J'ignore si je vais réussi à le trouver parmi la foule, et surtout, si je vais le reconnaître. La dernière fois que je l'ai vu remonte à presque trois semaines et je n'arrive pas à comprendre pour quelle raison j'ai eu la stupidité de lui envoyer un message afin qu'il me rejoigne ici. Il faut croire que j'ignore totalement le bon vieux dicton que les mères disent, celui qui dit qu'il ne faut pas parler à des inconnus.

Là, j'invite carrément un inconnu chez moi pour quelques jours juste parce que je le trouve un peu trop confiant sur l'image d'un mec avec des chevilles gonflées sur un trône en or qu'il me donne et qui ne colle pas à ce que je dégage, à mes yeux.

Mais peut-être aussi que nos échanges de messages m'ont permis de bien l'apprécier, comme un début d'amitié.

Les nouvelles rencontres sont faciles à faire quand on a le pied dans la " popularité " et quand on est médiatisé. Mais il y a toujours des opportunistes, des menteurs, ceux qui veulent juste un scoop pour les donner aux journalistes ... C'est avec méfiance que j'ai commencé à parler avec Maxence mais je me suis rapidement souvenu d'une chose : à notre première rencontre, lors de mes vacances à Cannes, lui et tout son groupe semblait ne pas me connaître et me découvrir avec la chanson que j'avais interprété dans ce bar.

— Lunettes de soleil, casquette, voiture de marque ... L'image de star que j'ai de toi va être difficile à s'enlever si tu me sors ce genre de choses.

Je retire ma paire de lunette et plisse les yeux, quelque peu gêné par la luminosité, bien que mes yeux ne soient pas clairs. Perdu dans mes pensées, je ne l'ai pas vu venir et s'approcher de moi.

— Oh mais ne t'en fais pas : ça, c'est juste une mise en bouche, je me moque.

J'ai de l'argent, dire le contraire serait mentir. Mais je suis plus du genre à le garder sur un compte, ou tout dépenser d'un coup dans des sapes. Ça dépend des mois et mon humeur, mais aussi et surtout de ce que je touche par mois.

On se fait la bise et je le laisse entrer dans ma voiture. Tout en le suivant du regard pendant qu'il s'installe sur le siège passager, je remarque un motif de canard sur sa chemise beige et blanche qui lui arrive aux coudes. Glissant son sac à ses pieds, il met la main sur une bouteille vide d'alcool. Il me coule un regard en biais et un sourire en coin.

— Je vois que tu sais t'amuser.

— Elle n'est pas à moi. Leonard a dû l'oublier ici.

— Le mec aux cheveux bleus ? Je crois me souvenir de lui.

Un ricanement s'échappe de ma gorge face à la maigre description qu'il a gardé de lui et qui s'avère vraie. C'est le trait le plus remarquable chez lui, avec sa stupidité légendaire, bien évidemment.

— Il s'étale un peu trop. C'est une des raisons pour lesquelles je l'ai viré de chez moi. Il squattait, ne rangeait pas ses affaires, foutait le bordel sans arrêt ... Un vrai gosse.

— Certains gosses sont plus respectueux que ça, tu le sais ?

— Ses parents ont un peu foiré son éducation je crois, je me moque en enclanchant la marche arrière pour sortir de ce parking bondé qui commence à devenir étouffant.


À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant