Chapitre 18

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Notre entrée par la baie vitrée ne passe pas inaperçue puisque tout le monde se trouve dans le salon, soit au pied de cette grande fenêtre. Les regards se tournent tous vers nous et le premier regard que je croise et qui m'est familier, celui de Nathan, s'écarquille avant que sa bouche ne vienne sourire.
On se retrouve à onze dans ce grand espace qui, sous ces regards, semble se rétracter à presque un mètre carré. J'étouffe. Ces regards me gênent, notamment ceux que je ne connais pas.

Antoine, les connaissant tous, tape dans les mains des trois inconnus dont un semble plus concentré par ce qu'il tient dans les mains et qu'il s'applique à rouler. Ses cheveux aussi blancs que la neige, me font penser à ceux d'Anthony qui est assis sur la balançoire entre les deux canapé, une bière dans la main. Il y a un air de ressemblance entre les deux que même un aveugle pourrait voir.

- Vous êtes frères ? je demande sans prendre de pincette, sans dire bonjour, sans me présenter.

L'absence totale de mon tact fait au moins rire Vivi que je reconnais. C'est elle qui a tatoué Antoine la dernière fois et c'est bien la seule qui me paraît gentille. Sa longue chevelure rousse est détachée et s'étale sur le coussin derrière elle.

- On dirait des copies conformes hein, dit-elle. Ils le sont. Deux cons. Deux moches.

- T'as quoi, le renard ?

- Absolument rien, ma petite colombe.

C'est donc le frère d'Anthony ... J'ai entendu son prénom tout à l'heure, quand les garçons en parlait, mais je suis incapable de le retrouver sur le moment. Ce n'est pas important. Au même moment où je défais mon regard de sa personne, ce dernier lève les yeux vers moi et je le vois plisser les yeux tout en portant ce qu'il vient de rouler à ses lèvres, son briquet près de sa bouche.

- Je te ferai dire que si tu me trouves moche, tu trouves Anthony moche. C'est con parce qu'aux dernières nouvelles, vous vous êtes envoyé en l'air il y a quoi ... Deux jours max ? C'est con pour toi.

Mes joues n'ont jamais atteint la couleur avec laquelle s'empourprent celles de Vivi qui se laisse glisser le long du canapé, cachant son visage au maximum avec le coussin derrière elle. Anthony insulte son frère pour le faire taire et visiblement, ça fonctionne parce que ce dernier ne dit plus rien, pour le moment du moins.

Du coin de l'œil, je vois Antoine me faire signe de le suivre hors du salon pour aller dans la cuisine. Au même moment, on est arrêté par Enzo qui attire tous les regards sur nous.

- Vous mettez de la peinture verte quelque part dans cette maison et vous nettoyez tout. Compris ?

- On n'a pas utilisé de peinture verte.

- Ah ouais ? il demande en levant un sourcil, soudainement curieux. C'était quoi comme couleurs ?

Je ne comprends pas pourquoi ils ont tous des sourires idiots sur le visage, sauf le blond polaire, Alicia et Enzo. Eux, j'ignore pourquoi ils sont aussi fermés que des huîtres.

- Du bleu et du jaune, je réponds à voix basse mais tout le monde m'entends.

Je sens que j'ai fait une gaffe quand Antoine ferme les yeux et soupire.
Enzo se tourne rapidement vers Thomas.

- Dis-moi mon pote, Mathilde est à l'école primaire donc elle a dû voir ça : le bleu et le jaune ça donne quoi, une fois mélangé ?

- Du vert il me semble.

Satisfait de sa réponse, Enzo se tourne à nouveau vers moi et tapote le coin de sa lèvre.

- T'as du vert juste au coin de la lèvre. C'est trop bizarre, non ?

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant