Un coucher de soleil, une grande table sur la terrasse, des bougies anti-moustiques à la citronnelle et une musique en fond sonore ... Ce restaurant est à la limite de la perfection. Peut-être que l'amabilité des serveurs y est pour quelque chose, que le cadre aussi - cette vue parfaite sur la mer est à tomber par terre -, ou encore, que le menu donne l'eau à la bouche. Peu importe la raison dominante, tout ce que je sais c'est que ce restaurant semble être parfait et qu'il nous annonce une première soirée digne de ce nom.
Pour l'occasion, nous avons tous plus ou moins sorti nos plus beaux vêtements. Nous avons tenté de nous prêter au jeu de ce palace étoilé et le rendu est plutôt réussi, je dois bien l'admettre.
Les amis de Valentin viennent plus tard et à leur demande, nous commandons à leurs places. Je ne sais la raison de leur retard mais depuis que nous sommes arrivés, nous n'avons toujours pas vu celui qui dormait sur le canapé. Il semble être fragile ou je ne sais quoi. Peu importe la raison, j'espère que les vacances vont se passer bien malgré tout.
- Il est temps de trinquer les amis ! s'enflamme Anaïs en se levant de sa chaise.
Sa robe verte lui tombe sur les cuisses face à ce brusque mouvement. Elle tend sa coupe de champagne en l'air et nous regarde tour à tour, un grand sourire scotché sur le visage. Son maquillage est, comme à son habitude, très voyant, mais elle est tellement douée que ça en devient de l'art.
- Je suis encore une fois heureuse de me trouver ici avec vous pour cette semaine. Je sais qu'on ne se voit plus aussi souvent à cause de nos emplois du temps très chargés alors je suis contente que cette tradition perdure ! On peut remercier les mamans du trio pour l'avoir lancé et merci Valentin de nous laisser occuper ta maison à chaque fois.
Sous la table, la main de Maxence presse doucement mon poignet lorsqu'elle évoque nos mères. Je ne lui en veux pas : les années sont passées, la douleur est moins présente à chaque évocation. Puis, il faut dire qu'Anaïs est arrivée dans le groupe bien après que le procès se soit déroulé. Je ne lui ai même jamais raconté en détail ce qui m'était arrivé. Elle sait qu'ils sont en prison pour violence mais ça s'arrête là. À dire vrai, elle n'a jamais cherché à en savoir plus, ce qui m'a toujours plu.
J'ai trop souvent raconté mon histoire pour me présenter.
Avec elle, c'était comme si elle ne s'y intéressait pas.On trinque tous dans la joie et dans la bonne humeur. Les toasts défilent, les bouteilles se vident petit à petit et les joues me chauffent rapidement, signe qu'il est temps pour moi de me stopper dans mes boissons.
Quand le soleil est complètement couché, que toutes les lumières de la terrasse sont allumées et que les musiciens enchaînent une nouvelle musique, Valentin se tourne vers l'entrée qui est dans mon dos. Il sourit à quelqu'un et désigne les deux places de libre restantes : sur ma droite et celle en face, sur ma diagonale. Je comprends alors que les deux inconnus viennent de faire leur entrée.
Une pression dans mon ventre me prend quand la chaise à côté de moi est tirée et des frissons parcourent mes bras quand un corps y prend place.
Dans ma diagonale, je reconnais le garçon qu'on a croisé sur le pas de la porte. Il a enfilé une chemise blanche et arrangé un peu plus ses cheveux plutôt courts. Celui à côté de moi, vers qui je n'ose pas me tourner pour le regarder, pas comme Anaïs fait sans essayer de paraître discrète, a un tee-shirt tout ce qui a de plus banal. Je le vois parce que son bras gauche est posé sur la table et qu'il est couvert de dessins.
Pour ne pas m'y attarder dessus et paraître intéressée par ces motifs, je tourne le regard vers Valentin qui part dans une explication d'une galère qui lui est arrivée entre des types louches en caravanes et lui, lors d'un festival.
VOUS LISEZ
À la poursuite du bonheur
RomanceP1/2 : Une semaine de vacances à Cannes va bouleverser le quotidien de Juliette, jeune étudiante en arts de 23 ans. Marquée par les coups de ses parents durant sa jeunesse, elle a toujours souhaité être sauvée par une main tendue. Mais jamais elle n...