Chapitre 24 / Flashback

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JUILLET 2021
LYON


Je déteste le 4x4 de Sasha.
Enfin non, plus précisément, je déteste le conduire et devoir me garer.
Prenant plus de place que ma voiture déjà assez large, je me demande comment je vais faire pour rentrer une fois que d'autres voitures seront garées ...

Chaque problème en son temps.

Verrouillant les portières avec le petit bouton à cet effet, je me distance du véhicule pour rejoindre le café indiqué dans son seul et unique message dans lequel il n'a pas donné plus d'information.
Après plus de trois heures de route, j'ai des courbatures aux épaules et aux mollets à force d'embrayer et de débrayer, ce qui me conforte sur mon choix de voiture automatique, mais peu m'importe : je dois revoir Maxence aujourd'hui après cinq jours d'absence, de questions, de doutes, et l'angoisse me tord le bide en deux. J'ai la frayeur qu'il me sorte par la bouche à tout moment, comme ça, sans prévenir.

Je traverse le centre ville, que je ne connais pas vraiment, bien que je sois déjà venu pour deux concerts l'année dernière, attends que les voitures passent au feu vert pour emprunter le trottoir d'en face où je vois la devanture du café, lieu de notre rendez-vous. Avant d'y pénétrer, je lui envoie un message comme à sa demande, puis je m'installe dans le café, à une table un peu reculée de la salle. La décoration épurée met à l'aise et lorsque la première serveuse vient vers moi pour prendre ma commande, je vois bien à son regard que mon visage lui dit quelque chose sans pour autant se souvenir de l'endroit où elle m'a déjà croisé.

Je commence à avoir l'habitude de ces coups d'œil à tel point que je les ignore avec brio. Demandant un simple café, je la laisse repartir pendant que je ne lâche pas mon téléphone du regard.

Pas de réponse.

Mais ça ne veut pas dire qu'il n'a pas vu le message, si ?


Lorsque j'ai reçu le message de Maxence pour me donner rendez-vous ici, je n'ai pas hésité une seule seconde et ai pris la voiture de Sasha, la mienne étant encore à Nice. J'aurai pu parier qu'il ne me l'aurait pas prêtée, sachant que ce véhicule est comme son enfant, voir plus précieux à ses yeux. Mais il était à côté de moi quand la notification a fait biper mon portable et c'est lui qui a déposé de son propre chef, ses clefs au creux de ma main. Il m'a juste demandé de ne pas rouler de nuit et pas après le concert au festival que je venais de boucler, tout en ajoutant de ne pas dérégler la fréquence de sa radio.

Ma nuit a été courte dans ma cabine. Très courte. Soulevant les lattes du sommier à force de tourner et tourner sur le fin matelas, je dois frôler les deux heures de sommeil, tout au plus.

À peine le soleil s'est-il levé que je me suis empressé de sortir du bus et de prendre la voiture. C'est pourquoi il est à peine neuf heures à ce moment précis. Et c'est pourquoi le café que vient me servir la serveuse aux cheveux courts et bruns avec une tresse sur une mèche, va me réveiller et me sortir de ma somnolence qui, je suis sûr, sera entièrement dissipée à la seconde où je le verrais.

Et c'est ce qui arrive quand il passe la porte du café.

Avec son jean ample et sa chemise aux motifs ridicules mais qui, sur lui, rendent bien, ses cheveux retenus à l'arrière par une paire de lunettes de soleil, une montre nettement visible au poignet et un bracelet tressé au second. Les mains plongées dans les poches de son pantalon, il balaie la salle du regard et finit par percuter le mien.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant