Chapitre 17

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À trois cent mètres du fond du jardin, entre des tas de bois, des abris de jardin et des bottes de paille, un chemin menant au lac se dessine, se mélangeant avec les mauvaises herbes presque aussi hautes que moi.
Quand on arrive à la fin du chemin, un petit lac s'offre à nous. L'eau est calme et ne bouge presque pas. Antoine chasse ses chaussures et je l'imite, sur la réserve malgré tout.

- Enzo est souvent de mauvaise humeur, je fais remarquer pour tenter d'apaiser la tension.

- C'est dans sa nature. Puis il n'aime pas son taf.

Antoine semble être un peu plus distant depuis la conversation avec Nathan. J'ai envie de lui demander qui est ce Paul qui divise tant les amis, mais je n'ose pas le faire parce que je sens que ce n'est pas un sujet qui me regarde. Alors je n'ajoute rien et retrousse mon jean pour entrer dans l'eau froide. Antoine plonge les mains dans l'eau et lave son visage. Malgré ses essais, il rate les tâches.

Je soupire légèrement et m'approche de lui.

- Assis-toi, je vais t'aider.

Il fronce les sourcils mais obéit malgré tout. Ça m'arrange, je ne voulais pas me battre avec lui. Notre bataille de farine, oeuf et peinture m'a pleinement suffit pour la journée.
Les fesses sur une des pierres longeant le lac, il me regarde m'approcher de lui pour retirer ses tresses dans un premier temps.
Particulièrement bien serrées, elles libèrent quelques coquilles quand elles se défont petit à petit.

- Tous les efforts que j'ai mis à les faire ... je pleure faussement.

- Thomas a fait la moitié je te ferais remarquer.

- Peut-être mais le côté que j'ai fait est le mieux réussi.

Il pouffe de rire et ce rare son gonfle mon coeur de bonheur et de joie. C'est l'extase à l'intérieur de moi. Lui toucher les cheveux, sentir son souffle contre mon cou, être si proche de lui est à la fois un profond bonheur que je délecte, et aussi une torture. Parce qu'à la fois on est proche, tout en ne l'étant pas assez. On est dans un entre-deux douloureux.

J'ose un regard vers son visage et je remarque qu'il me fixait déjà. Le rouge me monte très rapidement sur les joues qui deviennent alors prêtes à faire cuire n'importe quel aliment qui se porte à moi dans la seconde.

- Je crois que tu as une touche dans la maison, il me laisse entendre.

Je recule la tête tout en passant ma main dans ses cheveux pour les démêler, retirer le reste de coquille, et aussi parce que j'aime bien le faire mais ce détail, je le garde pour moi.

- Thomas m'a demandé si tu étais célibataire, avoue-t-il.

- Et tu balances tes potes sans aucune pression, je ris.

- Comment veux-tu que je lui donne une réponse si je ne te demande pas ?

Il semble agacé. Agacé par le fait de me poser la question ? Par le fait que Thomas soit intéressé ? Ou par le fait que je prenne ça à la rigolade ?

- Tu as répondu quoi alors ?

Je m'écarte de lui et profite de cette distance pour retirer le maximum de farine et de peinture sur ma peau. Pour ce qui est de mes vêtements, c'est foutu. Mais au moins, j'ai le visage propre et les bras aussi. Pour mes cheveux, je suis obligée de me mettre à genoux, de retirer mon élastique, et de laisser mes cheveux tremper dans l'eau.
La tête à l'envers, je regarde Antoine me fixer.

- Que tu étais libre ...

Il ne paraît pas sûr de ce qu'il me dit. Il laisse la fin de sa phrase en suspense, comme pour me laisser confirmer ses dires ou pour le contredire. L'espoir que je lis dans son regard, même la tête à l'envers, me donne chaud. Trop chaud. Je mets fin, à contrecoeur, au contact visuel qui me déchire les rétines, et finis de retirer les derniers grains de farine qui collent à mes cheveux. Une fois fait, je les laisse tomber sur mon dos et essuie mes mains sur mon jean.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant