Chapitre 50

24 1 0
                                    

Le 16 Janvier, 13 heures 15

Bordeaux




JULIETTE




Pendant les trois heures de trajet que nous venons de faire en voiture, je n'ai cessé de me dire qu'Antoine prendrait la prochaine sortie pour faire demi-tour. Une jambe tremblante, la main tapant nerveusement le volant, il n'a pas décroché un mot durant tout le trajet. Ce silence m'a laissé angoisser à l'idée de cette journée et de ce qu'elle allait produire. Est-ce qu'Antoine ira mieux ? Est-ce que son état psychologique va empirer à la suite ?

J'ai espoir que l'idée de Maxence s'avère être concluante. Antoine a beau être détruit à l'intérieur de lui, les pièces ne sont pas éternellement brisées. On peut les rassembler même si on ne retrouve pas l'exact état du départ. Il n'est pas une âme perdue. Il va réussir à trouver le bonheur et la joie, peu importe le temps que ça prendra.

Pour le moment, le centre-ville n'a rien d'extraordinaire comparé aux autres villes où j'ai pu me rendre. Des hauts bâtiments, des appartements, beaucoup de voitures et de passants, des centres commerciaux ... Une ville est une ville.

- Il faudrait qu'on s'arrête pour acheter des fleurs, je dis en fixant l'embouteillage dans lequel nous sommes depuis cinq bonnes minutes.

Pas de réponse.

Aujourd'hui, je n'en attend pas. Je sais que le silence sera mon compagnon de route et que le mutisme d'Antoine ne doit pas être pris contre moi. Il a accepté de venir, c'est déjà un grand pas. Peut-être est-ce même le début de la solution, si il en existe une, évidemment.

Connaissant la ville comme sa poche puisqu'il y a habité plus de dix ans, le GPS n'est pas mis en route et la voiture se déplace dans les ruelles avec aisance et assurance. Quand on finit par se garer sur un petit parking entre plusieurs magasins, je comprends qu'un fleuriste doit être dans les parages.

Je sors en attrapant mon sac et mon téléphone et attends Antoine.

Qui ne sort pas.

Mes sourcils se froncent quand je fais demi-tour et tape à sa vitre pour qu'il me l'ouvre. Doucement, cette dernière s'abaisse. Mais Antoine ne bouge toujours pas.

- Je ne peux pas, articule-t-il à voix basse sans me regarder dans les yeux.

Le bracelet que je porte semble être plus intéressant.

Je ne peux pas le forcer, déjà qu'il est ici à ma demande.

- J'y vais. Il n'y a pas de soucis. Quelles fleurs aimait-il ?

- Les tulipes.

Ces mots semblent lui arracher la gorge. Je ne lui demande pas plus de précisions, je verrais face aux fleurs lesquelles me paraissent mieux. Durant quelques secondes j'attrape et serre sa main entre la mienne avant de marcher vers le fleuriste au loin que j'aperçois, entre une boulangerie et un pressing.

Plus j'avance vers la devanture verte du magasin, plus je sens mon cœur battre en rythme de mes pas.

Mon téléphone se met à sonner à la seconde où je m'apprête à entrer. Craignant qu'il s'agisse d'Antoine, je décroche dans la seconde. Mais c'est Paul.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant