Chapitre 32

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AOUT 2022

AUJOURD'HUI





Autant d'encre de stylo sur les doigts que de sang circulant dans les veines. Les heures se sont écoulées aussi rapidement qu'une allumette brûle depuis la dernière fois où j'ai relevé le bout de mon nez orienté vers la feuille de carnet que j'ai ouvert devant moi, sur mon bureau.

Les mots sont plus faciles à trouver lorsqu'il est question de créer et de composer une chanson, plutôt que lorsqu'il faut trouver des tournures de phrases pour annoncer mon départ, ma pause, mon arrêt ... Peu importe comment on appellera ça.

Mais ça aura lieu.

Et c'est indéniable.


Comment dire à un public qui te porte et te soutient depuis dix ans que tu veux t'éloigner d'eux ? Comment leur faire part de ce que je ressens sans étaler ma vie privée ?

Comment avouer à ma mère qu'une partie de moi lui en veut de m'avoir entraîné dans cette histoire ?

Ce n'est pas comme si je ne lui avais pas dédié des chansons entières où mes mots crus ne laissaient pas une place à l'imagination.

Si elle m'a inscrit, et ce sont ses mots, c'est pour la distraire lors de ses journées monotones, pour lui faire passer le temps et dans le meilleur des cas, pour gagner de l'argent.

Jamais je n'ai été inclus dans cette histoire : je ne comptais pas. Mon avis, ma parole n'avait aucune valeur.


Je suis devenu la personne que tout le monde voulait que je sois.

Mais qu'en est-il de moi ?


Ce serait de mentir que ce que je vis en ce moment est un cauchemar. Enfin, si, ma vie personnelle en est un. Mais ma vie en tant que Xam est loin d'être atroce. Mon public, les chiffres qui accompagnent les ventes de mes albums sont plus que positif. Ressentir la bonne humeur, voir les visages remerciant à mon égard, les paroles réconfortantes ... Tout ça me fait vivre et m'a longtemps fait tenir.

Alors même si c'est compliqué, écrire mes pensées et ma façon de voir les choses concernant tout ce sujet me fait un bien fou.

- Eteins la lumière s'teu plait ... marmonne le corps allongé sous ma couverture de lit.

Tournant le miens dans sa direction, je vois ses longs cheveux bruns étalés contre l'oreiller blanc de mon couchage. Elle a les yeux plissés, gênée par la lumière qui entre dans la chambre à travers la grande fenêtre entrouverte.

- Fermes les yeux alors. Parce que ça va être compliqué d'éteindre le soleil.

- Chuuuut, grogne-t-elle en cachant son visage sous l'oreiller.

Sa gueule de bois semble la faire souffrir.

J'ai envie de lui dire qu'elle n'avait pas à autant boire hier soir. Quand elle a sonné à ma porte d'appartement, son corps tremblant m'est tombé dans les bras et l'ayant rattrapé au vol, juste avant qu'elle ne s'effondre sur le sol dur de l'entrée, j'ai remarqué à quel point elle a perdu du poids depuis la dernière fois où je l'ai vu.

Ça remonte à un long moment maintenant.

A peu près un an.

Depuis la diffusion des photos et des vidéos à vrai dire.


À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant