Chapitre 58

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Le 17 Février, 11 heures



La dernière fois que je me suis préparée, c'était pour aller le voir. J'enfilais une belle robe, je me maquillais avec soin et me coiffais avec précision. Vivi m'aidait, faisait même tout le travail, et j'étais ressortie de la salle de bain avec un gain de confiance en moi qui me donnait des ailes. J'étais impatiente de faire une heure de route pour rejoindre Antoine et le ramener à la maison.

Je suis revenue avec une lettre.

Sans Antoine.

Lettre qui m'a bouleversée.

Antoine a brisé la promesse qu'il allait s'en sortir. Il a tenu sa promesse de m'écrire une lettre, bien que cette dernière soit loin d'être une lettre d'amour. Il a brisé mon coeur et je crois que je ne suis pas prête à accorder un pardon à quiconque, moi la première.

Entre chaque pièce de vêtement que j'enfile, je suis forcée de faire une pause afin de reprendre ma respiration, perturbée par mes sanglots.

Une première chaussette.

Des pleurs.

La seconde chaussette.

D'autres pleurs.

Et ça ne s'arrête jamais.

J'ai beau me faire des centaines de milliers de scénarios dans ma tête, aucun n'arrive à trouver une fin joyeuse tant mon cerveau est pollué de mauvaises idées et de noirceur. Tout comme ma tenue.

Antoine aimait me voir en robe.

Je porte un pantalon.


1 heure.

Dans une heure, c'est la fin.

Le début de la fin.

Je ne suis pas prête, et ne le serais jamais. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que le cercueil auquel je ferais face tout à l'heure enferme le corps de l'homme que j'aime. Je ne veux pas l'imaginer allongé, dans une tenue que j'ignore, les yeux fermés et la peau plus froide que jamais.

Son histoire, sa vie n'auraient jamais dû se terminer de cette manière. Pourquoi les belles histoires sont-elles réservées aux films ? Pourquoi n'a-t-il pas eu le droit à la fameuse phrase " et ils vécurent heureux et eurent pleins d'enfants " ?

Qu'a-t-il fait d'assez horrible à la vie pour être autant torturé durant 24 ans ? Méritait-il ces événements tragiques qui ont marqué son âme et l'ont détruite ?

Il a essayé plus d'une fois de s'en sortir, d'entamer divers processus de guérison, mais même les plus extraordinaires, et onéreux, soins ne peuvent pas guérir une personne qui a décidé qu'elle allait mourir.

Je commence petit à petit à le comprendre, bien que je ne l'accepte pas.

Mais Hector et moi passons tellement de temps ensemble que ses paroles commencent à prendre une grande place dans ma tête.

Le reflet que j'ai dans le miroir ne me ressemble en aucun point. C'est moi, sans être moi. Il s'agit bel et bien de mon enveloppe charnelle, je ne peux pas le nier, mais je ne me reconnais plus à travers ces billes. Des yeux vitreux, retirés de toute once de bonheur. Des yeux qui ont dû affronter le corps sans vie d'Antoine et qui, depuis, n'arrivent pas à l'oublier.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant