Chapitre 40

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Le 22 Décembre, 17 heures 45
Hôpital d'Angers



JULIETTE



Les appels s'enchaînent beaucoup plus qu'il y a plus d'un mois, quand j'occupais un de ces mêmes lits dans ce même hôpital. Cette fois, mon avocate est de la partie et est celle avec qui j'échange le plus.
Nous avons un rendez-vous programmé la première semaine de la nouvelle année pour pouvoir construire un dossier permettant à ma mère de rester encore plus longtemps en prison. Mais pour ça, il faudrait déjà qu'on la retrouve.
Les gendarmes m'ont dit qu'ils n'avaient pas encore de pistes sur l'endroit où elle pourrait se trouver. Et je dois bien avouer que j'ai peur de sortir de cet hôpital demain.
Je ne le partage pas avec mes amis, ne voulant pas les angoisser plus qu'ils ne le sont déjà, mais ne pas savoir si je vais la croiser dans les rues à ma sortie me stresse énormément. Tout est possible : elle m'a déjà retrouvé, elle sait où j'habite pour le moment et n'a pas réussi à me tuer, comme elle le voulait.

Assise sur mon lit, mon bras enfin libéré de mon plâtre, - on me l'a retiré quelques jours en avance - je tente de lire mon livre mais mes yeux parcourent encore et encore la même phrase sans en comprendre le sens. Mon esprit est trop obnubilé par mes pensées pour réfléchir à autre chose. Ce genre de pensées toxiques est un réel fléau.
Demain matin, à 10 heures, je rentre enfin. Même si le confort du canapé n'est pas au top, il est plus confortable que ce lit une place qui est aussi dur qu'une planche de bois.

Assis sur le fauteuil à ma droite, Maxence a les yeux rivés sur son ordinateur, parcourant des dossiers de cours. Il part ce soir et je ne le reverrai pas avant la nouvelle année. Il a voulu passer sa dernière journée avec moi, même si je suis coincée dans une chambre aseptisée.
Maxime nous a appelé tout à l'heure. De son côté, il a fait son dernier concert de l'année hier soir et s'octroie une bonne semaine de vacances avant de reprendre et de travailler sur de nouveaux projets. Je ne crois pas que les deux Max fêtent le nouvel an ensemble : j'ai cru comprendre que le groupe d'amis que j'ai vu à Toulouse la dernière fois s'est pris des billets pour aller en Espagne.

- Tu es sûre de ne pas vouloir venir ? me répète pour la je ne sais combientième de fois Maxence.

Je pose mon bouquin sur mes cuisses et fixe mon ami qui ne comprend pas pourquoi je ne veux pas l'accompagner désormais que je n'ai plus de plâtre.
Le médecin a bien voulu me le retirer pour m'éviter de faire encore plus de trajets. Quand je lui ai dis que je n'avais pas de moyen de locomotion le jour du 26 Décembre, il n'a pas hésité, après avoir vérifié que tout allait bien dans mon bras.
Je dois faire attention à mes mouvements, éviter les gestes brusques mais dans le fond, mon bras va bien.

- Certaine. Vous allez skier et je ne pourrais pas vous suivre.

- Mais ça va être bizarre d'être toute seule ?

Je referme mon livre et le pose sur la table de nuit roulante à côté de moi. Ce n'est pas dérangeant de passer cette fête de fin d'année toute seule. J'ai été habituée à la fêter en groupe, que ce soit avec ma famille ou ma famille d'accueil, mais ce n'est pas un drame à mes yeux si je me retrouve toute seule.
Parfois, la solitude fait du bien.

- On se verra à ton retour, pas de panique.

Son visage pâlit en deux secondes à la fin de ma phrase. Qu'ai-je dis pour le rendre si mal à l'aise ?
Je fronce les sourcils et l'interroge du regard pour qu'il m'éclaire.

- En parlant de ça, j'ai quelque chose à te dire.

La nervosité s'introduit dans son corps. Il frotte ses mains contre ses cuisses après avoir posé son ordinateur à côté de lui et semble chercher du courage à me parler.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant