Chapitre 30 / Flashback

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AOÛT 2021
MARSEILLE


- C'est un cauchemar, elle pleure en essuyant ses larmes avec le revers de ses mains. Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée.

Son corps est ratatiné sur sa chaise et depuis une bonne dizaine de minutes, elle se triture les ongles à s'en faire sauter sa manucure rouge. Ses pleurs déchirants ont fait couler son mascara et des cascades sombres s'abattent à présent sur ses joues.

Dans l'histoire, c'est elle qui souffre le plus et qui s'en prend plein la gueule. Pas moi.
C'est elle qui prend les insultes et les montages odieux. C'est elle qu'on juge coupable alors qu'elle est autant victime que moi.

Mais aux yeux des autres, puisque c'est une femme, elle mérite d'être ainsi traitée ou alors, selon d'autres, elle est à l'origine de cet enfer dans lequel nous avons été plongé sans notre accord.

De l'autre côté de son bureau, Evan la foudroie du regard et menace de la tuer à tout moment. C'est lui qui a ordonné ce rendez-vous très matinal d'urgence alors qu'il était en repos. Mais la situation merdique dans laquelle on se trouve nécessite une réunion d'urgence.

- C'est n'est pas toi qui a publié ces photos, je tente d'apaiser les tensions.

- Mais c'est toi qui a gardé ces photos, lui crache Evan. Donc t'es en partie responsable des actes de ton petit-copain.

- La moitié des photos n'étaient pas dans mon téléphone ! elle peine à dire tant sa voix est secouée par les sanglots qui la traverse.

- OK et bien j'ignore comment il a pu les trouver mais elles sont là et tout le monde les voit, râle t'il. Ton agent va être du même avis que moi. Votre relation à vous deux, il nous désigne du bout du doigt, j'ai toujours su que c'était très mauvais.

- Viens pas faire la morale une fois que les merdes sont arrivées, je lâche. De mon côté ça va rien changer à ma vie que ces photos aient été diffusées. Le soucis c'est les critiques et insultes que se prend Charla juste parce que c'est une femme. Aux dernières nouvelles, elle était pas consentante pour la diffusion de ces photos qui étaient censées rester privées.

Il lève les yeux au ciel et finit par se lever de sa chaise pour faire les cent pas dans son bureau. J'en profite pour me tourner vers Charla qui est dans un état pitoyable. Je pose ma main sur son genou, pour une fois couvert d'un pantalon, et presse doucement mes doigts contre sa peau.

- Tu sais pourquoi il a fait ça ?

- Il t'aime pas. C'est tout ce que je sais.

- Je le connais ? Pourquoi il ne m'aime pas ?

Elle se sert dans la boîte à mouchoirs posée sur le bureau d'Evan.

- Non. Il n'aime juste pas ... qu'on ai passé du temps ensemble.

- Jaloux alors ?

Elle fronce les sourcils et m'assassine du regard.

Oups ?

Une dizaine de photos circulent partout sur Internet et sur différents médias. Il est impossible d'arrêter leur prolifération.
Pour ma personne, ces photos ne font pas un réel bad buzz.
Comme la plupart du temps, quand ce genre de clichés finissent sur Internet, c'est la fille qui est insultée de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables.
Depuis une dizaine d'heures Charla se fait lyncher, critiquer, sexualiser, insulter et j'en passe.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant