Chapitre 2 / Flashback

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MAI, IL Y A UN AN

Studio d'enregistrement Marseille





La semaine passée m'a fait énormément de bien, me permettant de me reposer le plus possible avant de reprendre les sessions d'enregistrements, les journées et nuits d'écritures et les jérémiades d'Evan sur la lenteur de ma progression. Des fois, je pense qu'il oublie que je suis celui qui le paie et qu'à force de trop me chercher, il risque sa place.

Mais sans lui, je n'aurai plus d'agent et le peu de carrière que j'ai se verrait éclater en mille morceaux.

Tout compte, j'ai autant besoin de lui que de moi, si ce n'est plus. Je ne doute pas une seule seconde que je ne sois pas sa seule source de revenus, bien qu'elle soit conséquente.

Entre barbecues sous le soleil de minuit, bronzages sur la plage en oubliant la crème solaire, nous causant de vieilles brûlures désagréables, ou encore une soirée dans un bar où les gars m'ont un peu forcé la main pour que je chante, la semaine de vacances me manque déjà.

Mais nous l'avons clôturé sur une bonne note après avoir rencontré un groupe de jeunes de notre âge qui étaient également en vacances dans la région. Entre différentes parties de babyfoot, de paniers de baskets et j'en passe, à une salle d'arcade, la pression est descendue à une vitesse incroyable.

Je ne rencontre pas souvent des personnes de mon âge dans le milieu où je suis. Mes amis ont leurs vies à côté de la mienne et nos emplois du temps ne coïncident presque jamais. C'est très rare qu'on arrive à tous se voir en même temps alors nous en avons profité cette semaine.

De retour à ma deuxième maison, autrement dit le studio d'enregistrement, je retrouve Evan et l'ingénieur du son, Camille. Tous les deux discutent avec un café dans la main quand j'arrive, les mains dans les poches.

Je pose mon sac à l'entrée du studio et me cogne contre la porte, ce qui a le don de faire tourner les deux hommes dans ma direction. Comme toujours, avec son air énervé et dépassé par ma personne, Evan regarde l'heure sur son téléphone l'air de me dire " T'es encore en retard, petit con ". Bon, j'ai rajouté mentalement l'insulte mais ça le démange de me le dire, je le sais bien. Je ne suis pas le plus facile à vivre mais je lui rends ce qu'il me donne. Ce n'est pas comme ça que sont censés agir deux personnes majeures et matures ? Non ? Mince alors ...

— J'ai besoin de le dire ou tu sais ce que je pense ? il m'agresse presque.

Ses cheveux commencent à tirer sur le gris sur les côtés, le vieillissant plus qu'il ne l'est. Toujours habillé d'une chemise, qu'elle soit blanche ou noire, il fait beaucoup plus professionnel et " propre " sur lui que moi, surtout aujourd'hui, dans mon jogging et mon vieux sweat-shirt. Mais la température extérieure m'a giflé en sortant du lit ce matin, elle ainsi que le retour à la réalité et les réveils trop matinaux pour moi.

Le soleil ne s'était pas entièrement levé quand je suis sorti de mon appartement Niçois pour faire un peu moins de deux heures de route.

— Heureusement qu'on te demande de chanter et pas de montrer ta tête aujourd'hui parce que, putain, les cernes que t'as.

Merci, je présume.

Gardant le silence, je sais que c'est le meilleur choix possible à faire : si je lui réponds que je me tape deux heures de route pour venir jusqu'ici, il va me rétorquer que je n'ai qu'à m'installer plus près des locaux mais il est hors de question que je fasse ce qu'il veut : mon appartement sur Nice est parfait et avec une vue idyllique. Pour rien au monde je ne le quitterai, même si je dois me taper des heures et des heures de trajet pour me rendre aux réunions, aux sessions d'enregistrement et autres.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant