Chapitre 54

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UNE SEMAINE PLUS TARD








JULIETTE








Métro, boulot, dodo.

Cette belle expression qui englobe une énorme partie de la population semble me concerner en ce moment, bien qu'elle soit légèrement différente.

Métro, face, hôpital, dodo.

Hector m'a forcée à aller à la fac, m'interdisant de m'emmener à l'hôpital si je ne le fais pas. Comme pour une enfant, le chantage fonctionne parfaitement sur moi. Malgré que j'aille en cours, je ne suis pas très à l'écoute et passe ma journée à penser à l'état d'Antoine et sa dégradation progressive.

Il y a quelques jours, Nicole a été convoquée par le médecin de service afin de parler de son état de santé. Son coeur commence à fatiguer malgré l'assistance respiratoire. Cette simple phrase a mis un blanc dans la chambre, déjà silencieuse en temps normal, si on écarte les bruits incessants des machines.

Nicole ne cesse de faire des prières tout en tenant la main d'Antoine dans l'espoir qu'elles lui viennent en aide.

Hier, Maxence est venu le voir. A lui aussi, ça lui a fait un choc de voir Antoine allongé et dans cet état. Le plus choquant est l'imposant tuyau dans sa bouche même si le reste de son visage semble apaisé et serein.

- Café ? propose Nathan en glissant sa monnaie dans le distributeur.

C'est au tour de Thomas et d'Enzo d'aller voir Antoine. Les visites, bien que son état ne soit pas meilleur, ont été autorisées à plus de la famille. Peut-être est-ce parce que son état est préoccupant, je n'en sais rien ...

- Non merci, je n'ai pas soif.

Il n'en demande pas plus et prend sa tasse. Je le suis pour rejoindre les autres sur les chaises et accoudés aux tables rondes.

- Tu n'as rien à faire ici, c'est tout, crache Anthony à Alicia avec une telle rage qu'il me fait presque peur. Il faut qu'on te le dise en quelle langue ?

- Pourquoi il lui parle comme ça ? Non pas que ça me dérange mais bon, c'est ... bizarre ? Je demande à Nathan afin de faire ma curieuse.

- J'ai le droit d'être là. Je suis une amie.

- T'as perdu ce titre depuis le jour où t'as été trop loin, s'agite Anthony en faisant attention à son niveau sonore.

Le visage de la brune pâlit à la seconde où elle comprend le sens des mots de son ami, tout le contraire de moi.

- Il a dit n'importe quoi, elle tente de se défendre sous mon regard perdu et interloqué. Je n'aurai jamais fait ça.

- Pourquoi il l'a dit alors ? Hum ? Alors dégage de là et sur le champ.

Alicia regarde Nathan et tente de trouver de l'aide en son regard mais comme pour Anthony, son regard est aussi noir que du charbon. Il y a une réelle animosité entre ces trois personnes pour une raison inconnue. Je reste un peu en retrait.

- Allez vous faire voir. Ce n'était que quelques branlettes. Tout le monde aime ça, merde !

Elle se lève, prend son sac et sort de la cafétéria dans une fureur noire et avec un visage rouge pivoine. Je finis par m'asseoir à côté de la chaise qu'elle occupait et regarde tour à tour les deux garçons, à la recherche d'une réponse face à ce qui vient de se passer. Mais tous les deux ignorent mon regard et je comprends que je n'aurai aucune réponse de leur part.

De la sienne, non plus.

Vais-je rester dans l'ignorance ?

Non, c'est impossible.


En fin de journée, une heure avant la fin des visites, j'ai le droit d'aller voir Antoine. J'aimerai rester plus longtemps mais il ne faut pas abuser de son état. C'est également une heure pendant laquelle Nicole n'est pas là et ça me fait du bien de me retrouver seule à seule avec lui.

Je m'assois au bout du lit, m'asseyant à côté de lui. Je pose ma main au-dessus de la sienne.

- Il faut vraiment que tu te réveilles, tu sais ? C'est trop dur sans toi.

Ses bijoux sont posés sur la table de chevet sur roulettes à côté de lui. Je m'y approche et regarde ses bagues, ses colliers et sa montre. Toujours assise à côté de lui, je m'amuse à passer les bagues autour de mes doigts et remarque qu'il a les doigts fins, mais tout de même plus épais que les miens.

- Tu as vraiment énormément de bijoux, je ne m'en rendais pas compte ! je tente de plaisanter.

J'approche ma main de son visage et glisse mon doigt à l'arrière de son oreille, où un piercing était accroché. Mais il n'y est plus. Au lieu de ça, une petite plaie est palpable. Peut-être qu'il l'a perdu lors de sa chute.

- Ça va être l'heure, je suis désolé ... souffle Hector.

Il s'approche de moi et me voit avec les bijoux de son frère.

Me surprenant, il sourit face à ce que j'ai dans les mains.

- Attends, laisse-moi faire quelque chose.

Il prend la bague qu'Antoine porte habituellement au majeur dans laquelle il fait passer la chaîne en argent. En me demandant de me tourner, je comprends qu'il veut accrocher le bijou autour de mon cou. Une fois fait, je touche le nouveau pendentif et souris bêtement tout en le remerciant.

- C'est normal. Bon, tu lui dis au revoir et on y va ?

Avant que je le fasse, Hector donne une pichenette fraternelle sur la tempe d'Antoine.

- Tu ferais mieux de te réveiller rapidement, petit con. Je commence à trouver le temps long sans personne à faire chier.

Je souris face à ce qu'il vient de dire et embrasse le front d'Antoine avant d'approcher ma bouche de son oreille.

- Je t'aime, Antoine. On se voit bientôt.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant