À la poursuite du bonheur

Chapitre 9

JUILLET

AUJOURD'HUI

Je fête mon anniversaire dans quelques jours et je ne me suis jamais senti aussi loin de mes 25 ans. A cet âge là, qu'est-ce qui change dans la vie ? Il paraît qu'on peut avoir le RSA mais honnêtement, je ne pense pas que ça me concerne. Il semblerait aussi que les relations à partir de 25 ans sont plus sûres d'assouvir une relation sur du long terme. Mais pour ça ... Il faudrait peut-être que j'ai quelqu'un, non ? J'ai aussi lu qu'on perd du collagène à hauteur d'un pourcent par an. J'ignore à quoi ça correspond, mais ça parait important pour que certaines personnes commencent à boire des boissons pour récupérer un brin de ce collagène, ou du moins, ne plus en perdre de trop.

Il est plus de deux heures du matin quand on termine notre repas, ou plutôt notre sorte de repas qui est plus de la malbouffe qu'autre chose. Juliette est à côté de moi. La voir débarquer, cherchée à la gare par Leonard pendant que je répétais, m'a fait un choc. Un choc assez violent qui m'a retourné le ventre. Je n'ai pas pu résister plus longtemps et je suis descendu de scène pour la prendre dans mes bras.

Quand je l'ai entendu et senti fondre en larme contre mon torse, j'ai contracté mes muscles pour m'empêcher de la suivre dans ces pleurs. Et j'ai réussi. J'ai eu du mal, mais je suis parvenu.

Son petit corps pâle tremblait et s'accrochait à moi pour ne pas que je la lâche. Mais ce n'était pas dans mes attentions, de toutes manières. J'ai beau avoir redouté le moment de nos retrouvailles, je ne peux pas la laisser tomber. Elle a trop compté, et elle compte toujours.

Ses longs cheveux ont encore poussé et chatouillent mon bras nu. Portant juste un tee-shirt après avoir pris une longue et bonne douche à la suite d'un concert riche en émotions et épuisant, j'apprécie ce frais nocturne. Posés sur une pierre dans le grand parking privé de la salle de concert d'un peu plus de 9 000 places. C'est une des plus petites salles que j'ai fait depuis un an. Mais c'est la première salle où j'ai joué pour mon premier concert. Alors même si je suis capable de remplir l'AccorHotels aréna avec une capacité de 20 000 places, ou encore, la dernière salle que j'ai fait il y a une semaine, l'aréna Pierre-Mauroy de Lille avec 25 000 places, rien n'est plus symbolique que le premier lieu où tout à commencé pour moi.

Sirotant la fin de son thé glacé, Juliette a reposé sa tête contre mon épaule. Elle regarde l'écran de mon portable : l'interview que j'ai fait la semaine dernière vient d'être publiée sur un site internet et le côté toxique de ma personne aime regarder les commentaires, bons ou mauvais.

- C'est ce que tu as dit ? me demande-t-elle. Ils n'ont rien modifié cette fois ?

Je saisis tout de suite à quoi elle fait référence. Il arrive aux journalistes de ne pas transmettre mot pour mot ce que je dis, et je pense que c'est la même chose pour beaucoup d'artistes.

- Tout est bon, je confirme. C'est perturbant que ce le soit. Je n'y suis pas habitué.

- Et pourtant, ça devrait être normal.

- Pas faux.

Je sens qu'elle frisonne. Je lui passe ma veste de sport posée à côté. Elle ne la refuse pas et je souris en voyant mon haut beaucoup trop haut sur elle. Elle retrousse les manches mais même comme ça, la veste reste trop grande. Elle a tellement perdu de poids depuis quelques mois qu'elle flotte tant tous les vêtements, même les siens.

- T'as bien aimé le concert ? je lui demande. C'est le premier auquel tu assistes non ?

- C'est le premier oui. J'avais eu un billet à mon anniversaire mais je n'ai jamais eu l'opportunité de venir te voir. Et c'était incroyable. T'as la pêche sur scène, c'est un truc de malade.