Chapitre 45

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AOÛT 2022
AUJOURD'HUI


         La jauge d'essence de ma voiture menace de toucher le fond et je suis presque sûr que le niveau d'huile moteur est plus que limite. S'il est l'heure de se confesser, j'avoue être très négligeant sur l'entretien mécanique de ma voiture, au contraire de l'aspect physique.

N'est-ce pas un message caché, cette manie de se concentrer ses efforts pour paraître parfait aux yeux de tous, sans se soucier de ce que les autres ne voient pas mais qui, une fois que ça lâche, coûte cher pour soi-même ?

Probablement.

Mais je ne suis ni en cours de philosophie, ni sur un canapé d'un cabinet de psychologue.

Non, je suis simplement en direction d'une plage. Mais pas n'importe quelle plage. Celle où, après m'être fait charcuter la main par une mouette carnivore, et avoir tourné de l'œil à la vue du sang, je me suis senti comme attiré par Maxence. C'était comme une attraction entre lui et moi qui me paralysait sur le moment. Mais ça a été le début de notre histoire.

Est-ce qu'à ce moment-là des signes pouvaient être lisibles afin de prévoir le tournant que prendrait cette relation ?
Mais est-ce que même en le sachant, n'aurais-je pas tout de même fait exactement pareil ? N'aurais-je pas voulu profiter moins d'un an à ses côtés tout en sachant qu'il me serait brutalement et injustement retiré ?

10 mois à apprendre à le connaître jour après jour, à vivre la plus belle relation jamais connue à mes yeux et profiter de chaque minute ensemble dépasse, et de loin, à une vie entière pleine de douleurs liées à son envol.

J'en suis persuadé.

Rien que pour cinq minutes supplémentaires avec lui, je pourrais endurer une souffrance éternelle.

Ce petit retour en arrière, à cet endroit précisément, me rend nostalgique. C'est pour cette raison que je ne suis pas seul. Mais c'est aussi parce que je ne suis pas seul que j'ai décidé que venir ici est une bonne idée.
Parce que ce matin, j'ai reçu la version finale de la musique en collaboration avec Juliette, la passagère de ma voiture.
Camille m'a discrètement remis ceci sur mon Cloud et depuis sa réception, je ne cesse de le regarder.

Je veux l'écouter. J'ai besoin de l'écouter.

Mais je ne peux pas le faire tout seul.
Il est tout à fait normal, obligatoire et logique que Juliette, ma coéquipière dans cette aventure, se joigne à moi.

          Le parking est plus vide que ma messagerie. Si je me fie à la dizaine d'appels de ma mère, j'ai encore dû oublier quelque chose : sa fête ? Son anniversaire ? Probablement l'un d'entre eux. Peu importe : je sais que je me ferais taper sur les doigts, qu'il s'agisse d'une simple fête ridicule, ou d'un anniversaire.

Jetant un rapide coup d'œil à Juliette qui descend de la voiture avec autant d'assurance et d'aisance qu'un nouveau né, je me précipite à sa portière pour la guider à travers cette étape. N'oubliant pas son sac et celui du pique-nique, elle me suit sans grogner et râler quand il faut descendre un petit chemin loin d'être des plus faciles à arpenter.

Je réceptionne les sacs une fois arrivés en bas pour lui libérer les bras et éviter une chute potentiellement dangereuse, la face contre les roches.

À la poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant